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Une pomme d’Ève aux super pouvoirs

Retrouvé au Kazakhstan, ce fruit originel résisterait à toutes les maladies et permettrait d’épargner aux pommes de nos supermarchés les 35 pesticides utilisés.

L’histoire commence dans la région d’Almaty, dans le sud-est du Kazakhstan où poussent des pommiers sauvages, nés il y a des millions d’années. Les pépins de ces pommes, enfermés dans une enveloppe, ne peuvent devenir graines. Interviennent alors des ours gourmands, qui sélectionnent les plus grosses et les plus sucrées. L’enveloppe du pépin se déchire dans leur intestin, et les semences, revenues à la terre, germent et croissent par milliers, résistant naturellement aux maladies et aux attaques des insectes.
C’est en 1929 qu’un biologiste soviétique, Nikolaï Vavilov, découvre les pommes. En 1945, un agronome kazakh, Aymak Djangaliev en fait l’inventaire. Un an après sa mort, en 2010, on établira par le séquençage de la pomme domestique que la pomme sauvage kazakh, dénommée Malus sieversii, est l’ancêtre de toutes les pommes d’aujourd’hui. « Des fossiles vivants », disait Djangaliev.

Une diversité génétique bienfaitrice

Bien supérieures aux pommes sauvages qu’on trouve de par le monde, petites et amères, elles sont grosses et goûteuses, sélection des ours aidant. De toutes couleurs et de goûts variés, elles sont issues de plus de 6 000 variétés de pommiers. Cette diversité génétique rend l’arbre moins sensible aux pathogènes qui déciment les vergers de pommiers identiques et contre lesquels il faut sans cesse accroître le nombre des pesticides.

L’avenir pour nos pommes pourrait donc bien être dans ces pommiers venus directement du passé: par croisements de nos espèces avec le matériel génétique des Malus sieversii, on peut imaginer créer des pommes naturellement protégées des maladies et des insectes. Cependant, la pomme kazakhe, menacée par l’urbanisation galopante de la région et une déforestation massive (70% des pommiers auraient déjà été dévastés), doit être protégée.

Actuellement, une université new-yorkaise dispose d’une collection de semences issues de 900 arbres différents. Un pommier Malus sieversii, venu de la recherche, va être planté le mois prochain à l’école du Breuil, dans le bois de Vincennes. « On voudrait que l’Inra se saisisse du sujet », explique Alma, une association créée il y a deux ans pour protéger la pomme originelle.

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