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Une « petite Pompéi » découverte dans le sud-est de France

Le Vif

C’est un « site exceptionnel », « une petite Pompéi » sur les rives du Rhône dans le sud-est de la France, s’enthousiasme l’un des archéologues après la découverte de luxueuses demeures et vastes espaces publics très bien conservés.

« Il s’agit sans doute de la fouille la plus exceptionnelle de l’époque romaine depuis 40 ou 50 ans. Nous avons une chance inouïe », ajoute Benjamin Clément. Il est le responsable scientifique de cette opération d’archéologie préventive, préalable à la construction d’immeubles à Sainte-Colombe, sur la rive droite du fleuve.

Et c’est un faubourg entier de la Vienne romaine, qui s’étendait dans l’Antiquité de part et d’autre du fleuve, qu’ils ont découvert. Le site occupé pendant trois siècles est remarquable à plus d’un titre: par sa superficie de près de 7.000 mètres carrés en milieu urbain, ce qui est très rare, par la diversité des vestiges et par leur état de conservation, résume Benjamin Clément.

« Ce sont des incendies successifs qui ont permis de conserver tous les éléments en place quand les habitants ont fui la catastrophe, transformant le secteur en une véritable petite Pompéi viennoise », s’exclame-t-il. Ainsi, le feu a fait s’effondrer le premier étage, le toit et la terrasse d’une somptueuse demeure entourée de jardins, datant de la 2e moitié du Ier siècle et baptisée la Maison des Bacchanales, en raison d’une mosaïque au cortège de bacchantes et de satyres entourant un Bacchus. Les étages effondrés ont été préservés, le mobilier abandonné sur place.

Le faste de la maison avec ses balustrades, les décors de ses mosaïques, ses pavements de marbre, son réseau hydraulique, évoquent aux archéologues un riche marchand venu d’Orient. Et le sinistre qui l’a ravagée est pour eux une bénédiction: « on va pouvoir restituer cette maison du sol à la toiture, comme à Pompéi ou Herculanum », se réjouit M. Clément. Après plusieurs autres, une superbe mosaïque préservée dans sa quasi-totalité, dans la maison de Thalie et Pan, est déposée avec mille précautions en ce début de semaine. On y voit Thalie, les fesses dénudées, kidnappée par un Pan lubrique.

Elle devrait être restaurée à l’atelier du musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal – Vienne, tout proche, et faire en 2019 l’objet d’une exposition temporaire, précise le céramologue Bertrand Bonaventure, responsable d’opération chez Archeodunum, entreprise spécialisée dans l’archéologie préventive.

« Autoroute A7 de l’Antiquité »

La Vienne romaine se trouvait à un carrefour de circulation, avec le Rhône et la Narbonnaise, voie qui allait de Lyon, capitale des Gaules, à Arles. « C’était l’autoroute A7 de l’Antiquité ! », sourit M. Clément. Un autre axe l’avait sans doute précédée et « c’est aussi exceptionnel de pouvoir analyser les états antérieurs de la Voie de Narbonnaise », l’une des plus importantes de l’époque.

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En bordure du Rhône, deux marchés successifs, un temporaire et un permanent, ont été remplacés plus tard par un très grand édifice public au plan atypique, avec une fontaine monumentale ornée d’une statue d’Hercule. « Cela pourrait correspondre à une schola, une école rhétorique ou philosophique. On sait grâce aux inscriptions qu’existait une école très importante à Vienne. On pourrait donc l’avoir localisée », espère l’archéologue. Les futures analyses le diront. D’ici décembre, les archéologues vont fouiller une zone d’ateliers et accéder aux niveaux plus anciens du site. « En creusant encore, nous allons sans doute découvrir d’autres choses exceptionnelles ».

Vienne abrite un riche patrimoine gallo-romain, dont le théâtre antique ou le temple d’Auguste et Livie. Les vestiges se retrouvent sur les deux rives du fleuve et dans deux départements: l’Isère, où se situe la Vienne actuelle, et celui du Rhône, avec Sainte-Colombe, le site archéologique de Saint-Romain-en-Gal et son musée gallo-romain.

Acquise fin juillet par la ville de Vienne, une mosaïque du dieu Océan d’origine viennoise, dont on avait perdu la trace depuis 1974, doit aussi y être restaurée. Commencée en avril, la fouille, menée par une vingtaine de spécialistes, devait prendre fin mi-septembre. Elle a été prolongée jusqu’au 15 décembre, après son classement en « découverte exceptionnelle » par le ministère de la Culture.

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