Le Spermbot : un minuscule exosquelette, en forme d'hélice, capable de transporter un spermatozoïde jusqu'à l'ovule. © DR

Un robot spermatozoïde pour doper la fertilité

Le Vif

Longtemps, l’infertilité masculine a été taboue, niée en bloc sous les afflux de testostérone. Pourtant, au fil des décennies, la qualité du sperme dans le monde s’est détériorée. Au point d’être responsable d’un tiers des cas d’infertilité dans le couple.

En pleine crise de production, le spermatozoïde serait même devenu une espèce menacée. Estimée à 73,6 millions en 1989 pour un homme âgé de 35 ans, sa concentration par millilitre aurait chuté à 49,9 millions en 2005. Soit un déclin de 32,2 % en 16 ans. Le minimum pour être fertile, étant de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Au banc des principaux suspects : la chaleur, les champs magnétiques, les rayonnements ionisants… Mais surtout le tabac et le stress, les pesticides, les cosmétiques, les solvants et leurs doses mortifères de perturbateurs endocriniens.

Bien sûr, des traitements existent. Mais ils sont souvent onéreux et rarement infaillibles. Ainsi, l’insémination artificielle qui consiste à insérer les spermatozoïdes directement dans l’utérus n’est efficace qu’à 20 %. La fécondation in vitro (FIV), qui provoque la rencontre des gamètes en dehors de l’organisme, est bien plus probante. Mais aussi nettement plus coûteuse. Or, dans la majeure partie des cas, l’infertilité masculine est due à des problèmes de motilité : les spermatozoïdes, pourtant fertiles, sont incapables de se déplacer jusqu’à l’ovule.

Pour contrer ce problème, des chercheurs de l’institut des nanosciences intégratives de Dresde (IFW), en Allemagne, ont créé un minuscule exosquelette, en forme d’hélice, capable de transporter un spermatozoïde jusqu’à l’ovule. Comme un cargo… Ce nanorobot – un filament microscopique de 50 micromètres de long – s’enroule d’abord autour du flagelle, avant d’emmener le spermatozoïde trop paresseux à proximité de la paroi de l’ovocyte. Une fois arrivée à destination, l’hélice est propulsée en sens inverse. Elle libère le gamète mâle, qui a tout loisir de féconder sa dulcinée.

Révélé dans la revue Nano Letters, le Spermbot – c’est son nom – est fabriqué en polymère, recouvert d’une double couche de nickel et de titane. Ces matériaux permettant d’activer les hélices avec un champ magnétique, le spermatozoïde peut ainsi être téléguidé.

Cette technique est encore loin d’être utilisable cliniquement. Les chercheurs s’étant confinés à tester l’engin sur du sperme de taureau, dans une boîte de Petri. « Nous sommes à un stade très précoce du développement du Spermbot, nous a confié le directeur de l’institut, Oliver Schmidt, et il y a encore une série de défis à relever avant qu’il ne soit utilisé chez l’homme. L’un d’eux, c’est de savoir comment suivre le robot à l’intérieur du corps. À l’heure actuelle, ce n’est pas possible et ça doit encore être exploré fondamentalement. » Injecté directement dans l’organisme, ce micromoteur pourrait alors s’imposer comme alternative à la fécondation in vitro. ˜

Dorian Peck

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