© Capture d'écran / Glittering Blue / Charlie Loyd

Un mystère climatique vieux de 23 millions d’années résolu

Le Vif

Des scientifiques ont découvert des preuves directes qu’une comète se serait écrasée sur la Terre il y a environ 55 millions d’années, une collision qui serait à l’origine d’une période de réchauffement important des températures sur le globe.

Cette découverte, publiée dans le journal Science jeudi, soutient la théorie, souvent controversée, qu’un soudain impact, et non des éruptions volcaniques, aurait déclenché la période de réchauffement appelée « maximum thermique du passage Paléocène-Eocène » (PETM).

« Cela pourrait très bien être le point de départ du PETM », estime ainsi Dennis Kent, coauteur de cette étude et chercheur à l’observatoire terrestre de l’université Columbia. « Il y a eu un réchauffement rapide. Cela suggère d’où ça vient ».

Creusant dans ce qui est aujourd’hui le New Jersey, à l’est des Etats-Unis, M. Kent et ses collègues ont mis au jour de petites billes de verre appelées tectites. De la taille d’un grain de sable, on pense que ces petites sphères se forment lors de l’impact d’un corps céleste avec la Terre, qui projette des matériaux vaporisés se solidifiant au contact de l’air, selon l’étude.

« C’est plus qu’une coïncidence qu’il y ait eu un impact exactement à la même période », souligne encore Morgan Schaller, autre coauteur et géochimiste à l’institut polytechnique Rensselaer. « Si l’impact est lié (au réchauffement de cette période) cela suggère que la libération de carbone a été rapide ».

Les chercheurs estiment que la libération de dioxyde de carbone se serait faite sur 5.000 à 20.000 ans.

D’autres théories avancent qu’une période volcanique intense a conduit au réchauffement de la planète en faisant dégeler des sols renfermant du méthane.

D’autres encore pensent qu’une modification de l’orbite terrestre ou des changements dans les courants marins ont joué un rôle dans cette période de transition entre le Paléocène et l’Eocène. Les températures se sont alors envolées de 5 à 9 degrés Celsius durant environ 200.000 ans.

Pas de cratère trouvé

Cette augmentation des températures a fait disparaître toute la glace de la surface de la Terre et le niveau des mers était bien plus haut qu’aujourd’hui. Certaines créatures ont disparu, d’autres se sont réfugiées vers les pôles.

Cette période PETM pourrait être un avant-goût de ce qui nous attend: les émissions de carbones actuellement « sont beaucoup plus importantes que tout ce qui s’est produit durant le PETM », rappelle un communiqué de l’université Columbia.

« Les conséquences pourraient être encore plus drastiques car beaucoup de formes de vie n’auront pas le temps d’évoluer ou de se déplacer ».

Une étude publiée plus tôt cette année avait trouvé que les émissions de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre, dues à la combustion d’énergies fossiles, envoient dix fois plus de carbone dans l’atmosphère que les forces naturelles ayant provoqué le réchauffement il y a 55 millions d’années.

Concernant la théorie de la comète, les scientifiques n’ont en revanche pas trouvé le cratère né de la collision: « Il peut être juste à côté (de l’endroit où les scientifiques ont creusé, ndlr), ou à l’autre bout de la planète », dit M. Schaller.

Selon Charles Langmuir, chercheur en paléoclimatologie à l’université de Harvard, qui n’a pas participé à ces travaux, les nouvelles preuves d’un impact lors ou près du PETM sont « très fortes ».

Il a cependant souligné que l’étude ne se penche pas sur ce qui a déclenché les émissions de carbone, ni sur combien de temps elles ont duré. Et il n’est pas non plus certain que les petites sphères trouvées par les chercheurs proviennent de l’impact d’une comète massive il y a 55 millions d’années.

Et Gerald Dickens, géologue marin à l’université Rice, estime même de son côté que la nouvelle étude « n’explique pas vraiment grand chose ».

La Terre a été percutée à plusieurs reprises par de gros objets célestes. Un objet extraterrestre qui s’est écrasé sur la péninsule du Yucatan, au Mexique, il y a 66 millions d’années, est ainsi considéré comme ayant provoqué la disparition des dinosaures.

Environ 20 millions d’années après le PETM un autre impact a aussi créé ce qui est aujourd’hui la baie de Chesapeake, près de Washington sur la côte est américaine.

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