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Trouver la bonne thérapie psychanalytique

Quel psy pour quelle demande? De l’analyse aux séances de développement personnel, les techniques sont nombreuses et complexes. Tour d’horizon des cinq grandes familles.

Plus de 200 formes de psychothérapie, 5 courants principaux, 4 statuts différents… Pas simple de savoir vers qui se tourner dans un monde complexe où se côtoient spécialistes irréprochables et gourous dangereux. De fait, certaines techniques se recoupent et un professionnel peut cumuler plusieurs titres (psychiatre et psychanalyste, psychologue et psychothérapeute, etc.). Pour une même demande, diverses réponses peuvent être apportées. Il existe presque autant de pratiques que de thérapeutes, et ces derniers s’adaptent en permanence à la personnalité du patient. On conçoit donc le vertige qui saisit le néophyte décidant, un jour, d’aller voir ce qu’il appelle juste « un psy »! Pour vous y retrouver, voici, dans les grandes lignes, les cinq catégories de thérapies auxquelles vous serez le plus souvent confronté.

La psychanalyse C’est Freud le premier qui, en 1913, a posé le concept d' »alliance thérapeutique », entendue comme une collaboration fondée sur « la compréhension sympathique, l’affection et l’amitié » du soignant pour le soigné-concept qui, par la suite, sera repris par la quasi-totalité des autres écoles. La psychanalyse repose sur deux notions spécifiques, l’inconscient et le transfert, mis en oeuvre à travers le divan. Pour Freud en effet, notre « moi » se trouve en conflit permanent entre, d’une part, ses pulsions, son instinct (le « ça ») et, de l’autre, la censure, les conditionnements négatifs (le « surmoi »), qui l’empêchent de percevoir consciemment ses désirs. Une séance fructueuse consiste donc moins à tout expliquer qu’à encourager des « associations de pensées libres », explique Sophie Benoit-Lamy, membre de la Société psychanalytique de Paris. De telles associations vont favoriser une prise de conscience d’éléments refoulés dans l’inconscient, de tous ces affects qui, au quotidien, nous conduisent à percevoir les autres selon une grille de lecture déformée. A charge pour le psy de les souligner quand ils surviennent, de sorte que le patient réalise qu’il répète des situations vécues auparavant, et que cette répétition l’empêche d’être pleinement lui-même. La psychanalyse est donc un travail de longue haleine, davantage centré sur l’exploration de soi que sur la résolution de difficultés précises. Mais il existe également des formes plus « légères », appelées « thérapies brèves d’inspiration analytique », qui se déroulent en face à face et ne durent pas nécessairement des années. Principales indications : troubles de la personnalité, dépression, souffrance durable trouvant pour une part ses origines dans l’histoire familiale.

Les thérapies cognitivo- comportementales

Expérimentées aux Etats-Unis dans les années 1950, les thérapies comportementales et cognitivistes (TCC) ne se résument pas à montrer une araignée à quelqu’un qui en a peur ! Certes, au cours de ces séances, le patient peut être mis en présence de l’objet de ses craintes, afin notamment de diminuer le caractère automatique des réactions (évitement, répétition…). Mais l’essentiel réside dans le fait d’affronter l’anxiété qui en résulte. Ainsi le patient devient-il capable de modifier ses préjugés, ses convictions les plus archaïques qui le conduisent souvent à des scénarios de vie répétitifs et à des relations stéréotypées avec les autres. En TCC, le nombre des séances est en général limité (une vingtaine au maximum) et une forte motivation des patients y est exigée. Principales indications:phobies, difficultés relationnelles (couple, famille…) et troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Les thérapies interpersonnelles

Héritières de la psychanalyse américaine et de la psychologie sociale, les thérapies interpersonnelles se penchent sur les relations actuelles du patient avec les autres, et pas sur celles qu’il a pu connaître dans le passé. Elles mettent l’accent sur le rôle de notre civilisation (urbanisation, travail, stress…) dans l’apparition de difficultés psychologiques et présupposent que les perturbations dans les relations humaines sont, à la fois, des causes et des conséquences de la maladie mentale. Dans leur mise en pratique, elles empruntent aussi bien à la psychanalyse (transfert, encouragement à l’expression d’affects douloureux) qu’aux TCC, notamment dans la durée – brève – du travail et dans la reformulation de convictions erronées chez le patient. Elles sont axées, le plus souvent, sur un événement de vie – deuil, conflits, retraite… Principales indications: boulimie et dépression.

Les thérapies humanistes

Entre la psychanalyse, qui ne s’attacherait qu’à une plongée à l’intérieur de soi, et les TCC, qui ne chercheraient qu’à modifier le comportement, voici une troisième voie qui vise à accompagner le patient sur le chemin de la maturité émotionnelle, pour agir « en accord avec soi-même ». Héritage de la philosophie des Lumières, empruntant également à l’approche bouddhiste, les thérapies humanistes postulent que l’être humain progresse dans la vie en réalisant ses besoins l’un après l’autre. Elles s’inspirent de la théorie de la « pyramide de Maslow », qui comporte cinq niveaux, du plus basique (manger, boire, respirer…) au plus élevé (l’accomplissement de soi), en passant par les besoins de sécurité, d’appartenance et d’estime de soi. Les modes de mise en oeuvre de ces psychothérapies sont extrêmement divers:écoute en face à face bienveillante et non directive, travail en groupe avec apprentissage de la sensibilité aux autres, comme dans la gestalt-thérapie. Elles peuvent parfois, hélas, déboucher sur des pratiques sectaires, en particulier pour le cri primal ou le rebirth (voir page suivante). Principales indications:anxiété généralisée et stress post-traumatique.

Les thérapies de développement personnel

Essentiellement utilisées en groupe, y compris dans le domaine professionnel, elles constituent un héritage des précédentes, mais avec une volonté affichée de privilégier les aspects favorables en lieu et place des difficultés existantes. Pragmatiques, affichant une démarche scientifisante, ces thérapies ont débouché sur le concept de psychologie positive, qui s’attache non pas aux contraintes sociales, mais aux aspirations individuelles. Avec, en toile de fond, l’idée que chacun doit trouver sa propre voie, sans nécessairement obéir aux diktats de notre société, qui voudrait que l’on soit performant en tout et tout le temps! Principales indications : troubles anxieux, dépression légère, demandes privilégiant l’approche corporelle.

Vincent Olivier, L’Express.fr

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