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SIDA : les antirétroviraux limitent la contamination

La plus grande étude jamais menée dans le monde montre que la prise d’un traitement réduit de 96% les risques de transmission au sien d’un couple.

Les médecins s’en doutaient, les épidémiologistes l’avaient constaté, les experts attendaient encore une confirmation officielle et, désormais, la chose est scientifiquement avérée: le fait de traiter une personne séropositive réduit considérablement les risques, pour son ou sa partenaire, d’être contaminée.

Plus précisément, une tri-thérapie est efficace à 96% dans les couples séro-discordants (où l’un des deux est séropositif et l’autre, séronégatif) et ce, à plusieurs années de distance. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida ont en effet lancé un essai en 2005 sur plus de 1700 couples dans neufs pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et aux Etats-Unis. Les résultats ont été si spectaculaires que cet essai, qui devait se poursuivre jusqu’en 2015, a été arrêté quatre ans plus tôt! » Cette percée scientifique change considérablement la donne. Elle place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires « , observe d’ailleurs Michel Sidibé, directeur exécutif du programme Onusida.

Bien sûr, le risque n’est pas nul puisqu’il reste 4% de contamination chez ces couples séro-discordants. Bien sûr aussi, dans de nombreux pays dans le monde, il n’est pas possible d’accéder à de tels traitements, essentiellement pour des raisons de coût. Bien sûr enfin,  » le traitement comme prévention est une des composantes de la prévention, mais il ne peut pas être utilisé comme seule prévention « , rappelle justement à l’AFP Françoise Barré-Sinoussi, chercheuse à l’Institut Pasteur et prix Nobel de médecine.

Il n’empêche. Dans la mesure où seule la moitié des 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde connaissent effectivement leur statut sérologique, cet essai d’une ampleur jamais atteinte constitue un signe fort: il faut, et c’est encore plus vrai dans les pays développés où les tri-thérapies sont disponibles, se faire dépister régulièrement, en particulier si l’on s’est trouvé dans une situation potentiellement à risques.

« Le traitement est important comme traitement et aussi comme prévention mais encore une fois ce n’est pas du 100%, précise Françoise Barré-Sinoussi. Mon message c’est « Continuez à vous prévenir par les moyens classiques, et essayez surtout de ne pas être infecté. » On ne saurait mieux dire.

Par Vincent Olivier, L’Express.fr

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