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Seuls 5 % des animaux clonés sont une réussite

Le clonage animal pourrait sauver certaines espèces rares, mais le taux de réussite est encore très faible à l’heure actuelle. Le problème ? Une mortalité après naissance élevée, une durée de vie réduite, des anomalies dans le développement de l’animal et une adaptabilité de l’espèce dans l’environnement naturel en constante mutation sont à craindre pour l’avenir.

Tout le monde se souvient de Dolly, la première brebis clonée devenue célèbre dans le monde entier en 1996. Depuis, le clonage animal a fait du chemin. Il est utilisé soit à des fins pharmaceutiques, reproductives ou expérimentales. Aujourd’hui des chercheurs brésiliens tentent de cloner des espèces sauvages menacées pour essayer de les sauver. Isabelle Donnay professeur de physiologie et de biotechnologies animales à l’UCL a répondu à nos questions.

Le Vif.be : Sauver des espèces grâce au clonage, est-ce une solution durable ou un dernier recours ?

Isabelle Donnay : Le clonage doit être utilisé en dernier recours. Il ne présente pas de risque direct pour l’ADN, mais des mutations pathologiques sont à craindre. À l’heure actuelle, les répercussions exactes sur la descendance sont incertaines, mais certains problèmes pourraient effectivement être transmis de génération en génération. Les plus probables sont des maladies métaboliques, des cancers ou des maladies cardio-vasculaires, mais il est trop tôt pour être plus précis . Cependant, les problèmes les plus graves qui conduisent à la mortalité des clones ne sont pas rencontrés dans la descendance.

Peut-il y avoir un impact sur le bienêtre de l’animal cloné ?

Oui si les modifications épigénétiques sont à l’origine d’anomalies qui peuvent entraîner de la mortalité avant ou après la naissance ou des maladies par la suite.

Beaucoup d’expériences sur les espèces courantes ont déjà été réalisées, les résultats sont-ils concluants ? Aux USA et au Canada, on a cloné des taureaux de reproduction (pour avoir une copie au cas où il arriverait quelque chose à l’original) ainsi que des chats et chiens de compagnie (à la demande de leurs maîtres qui voulaient « ressusciter » leur compagnon mort). En Europe, on a cloné toute sorte d’animaux à titre expérimental. Au niveau commercial, on a cloné des chevaux. Cela devait permettre à l’animal à l’origine du clone de continuer par exemple à faire des concours pendant que son clone assurait la reproduction. Cela n’a pas eu un très grand succès.

Les résultats sont donc mitigés…
On a déjà testé à peu près toutes les espèces domestiques avec succès. Parce qu’elles sont accessibles et qu’elles peuvent servir dans certains cas de modèles pour des espèces sauvages . Mais chez les ruminants, le succès est à nuancer : plus de 50 % des clones meurent avant la naissance pour différentes raisons et d’autres décèdent par la suite. Un autre inconvénient du clonage c’est son coût et les besoins qu’il implique. Il faut trouver beaucoup de mères porteuses pour réussir l’opération. Mais les scientifiques font confiance aux cryobanques, qui congèlent les cellules d’animaux domestiques et leurs semences pour une future reproduction et insistent sur l’importance de ce type de procédé pour maintenir la diversité génétique au sein des espèces.

Quelle est la position de la Belgique à ce sujet ?
Le clonage à titre expérimental est autorisé, mais les produits issus des clones ne sont pas autorisés à la commercialisation en Europe. Par contre, le secteur pharmaceutique est autorisé à utiliser le clonage pour fabriquer des médicaments. Il est intéressant pour produire des protéines humaines d’ailleurs difficiles à produire autrement. Pour les hémophiles par exemple, le clonage des chèvres aide à trouver des protéines pour faire coaguler le sang.

Violaine Krebs (stg)

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