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Premier décollage réussi pour la fusée européenne Vega

La nouvelle petite fusée européenne a décollé avec succès ce lundi du Centre spatial guyanais de Kourou. Vega se positionne sur le marché du lancement des petits satellites d’observation de la Terre, un secteur jusqu’à présent dominé par des missiles russes.

La nouvelle petite fusée européenne Vega a réussi son premier tir lundi depuis le Centre spatial guyanais de Kourou et garantira désormais à l’Union européenne un accès indépendant aux lancements des petits satellites d’observation de la Terre. Succès pour l’Agence spatiale européenne (ESA), cette mission de qualification est aussi une grande satisfaction pour l’Italie, à l’origine du projet Vega et qui assure plus de 60% de son financement, devant la France (25%), pour un montant total de plus d’un milliard d’euros. « Ohé, ohé, ohé, ohé, Vega, Vegaaaaaaaa! », scandaient sur un air de chant footballistique de jeunes ingénieurs de la firme aéronautique italienne Avio, tandis que les membres de l’Agence spatiale italienne ASI présents à Kourou échangeaient accolades et embrassades à chaque étape de ce vol VV01.

A 7H00 heure locale (10H00 GMT), le premier étage P80 de Vega, conçu par l’agence spatiale française CNES, a propulsé la petite fusée de 137 tonnes dans le ciel guyanais. Les deux autres étages à combustible solide Zefiro ont ensuite pris le relais, jusqu’à l’allumage du dernier étage AVUM à propulsion liquide moins de six minutes plus tard. Après avoir atteint une orbite circulaire à 1.450 km d’altitude, l’AVUM a alors libéré successivement les neuf petits satellites embarqués par Vega, sans aucune anomalie.
« Fatto! (c’est fait!) »: la qualification de Vega été saluée en italien par le directeur général de l’ESA, Jean-Jacques Dordain. « Un nouveau membre de la famille des lanceurs est né » après dix années de développement, s’est-il réjoui, concédant avec le sourire que « les proverbes italiens » qui déconseillent de voyager un mardi ou un vendredi « sont bien meilleurs que les superstitions françaises, les miennes en particulier ». Initialement prévu le 9 février, ce premier vol de Vega avait dû être repoussé malgré les réticences avouées de M. Dordain à tirer des fusées le 13 du mois. Capable d’emporter 1,5 tonne en orbite basse (700 km d’altitude), Vega vise le marché des petites charges utiles, principalement des satellites institutionnels d’observation de la Terre. Il a surtout vocation à garantir un accès européen à l’espace sur ce secteur, jusqu’à présent dominé par des missiles stratégiques russes reconvertis, de type Rockot ou Dniepr.

« Vous avez tous parié votre argent sur Vega et vous raflez la mise », a lancé Jean-Yves Le Gall, PDG d’Arianespace, qui exploitera ce petit lanceur pour le compte de l’ESA. Vega vient compléter la gamme des lanceurs opérés depuis Kourou, aux côtés du poids lourd Ariane 5 ECA (jusqu’à 9,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire) et du mythique Soyouz russe (jusqu’à 3 tonnes) qui a déjà deux tirs à son actif depuis la Guyane française. Après l’effondrement de l’URSS, de nombreux missiles militaires ont été convertis en lanceurs de petits satellites à bas prix. Mais les stocks de ces engins vieillissants, dont les derniers ont été construits au début des années 1980, s’épuisent et leur coût de maintenance augmente.

Selon l’ESA et Arianespace, le marché est donc mûr pour un lanceur comme Vega qui devrait à terme offrir des tarifs compétitifs (de 32 à 35 millions d’euros contre 40 millions pour ce premier tir). Vega a placé sur orbite deux petits satellites expérimentaux LARES et ALMASat-1, ainsi que sept minuscules passagers d’un kilo chacun, développés par des étudiants dans le cadre d’un programme européen et parmi lesquels figurent les premiers satellites roumains (Goliat), hongrois (MaSat-1) et polonais (PW-Sat-1).

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