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Prédire la mort avec une prise de sang

Stagiaire Le Vif

Selon une étude, le mélange de quatre biomarqueurs montre une probabilité élevée de mort dans les 5 ans à venir.

Voudriez-vous savoir quand vous allez mourir ? Cela semble impossible à moins d’être condamné à mort par la justice ou atteint d’une maladie incurable. Pourtant, une étude d’Europe du Nord publiée dans la revue PLoS Medecine le 25 février montre qu’une simple prise de sang pourrait annoncer la mort proche d’un individu. Bien qu’on préfère en général fuir cette question qui nous ramène à notre condition de mortels, cette découverte s’avère être une bonne nouvelle puisqu’elle permettrait de sauver des vies.

C’est une équipe de chercheurs estoniens qui a fait cette découverte troublante en décidant d’étudier, par résonance magnétique nucléaire (RMN) (une technique laboratoire), la concentration de 106 biomarqueurs dans le sang et la corrélation de ces données avec le devenir des individus testés.

Pour mieux comprendre, un biomarqueur est une molécule biologique présente dans le sang, les liquides organiques ou les tissus, qui peut avertir d’un processus inhabituel, d’un organe qui ne fonctionne plus ou d’une pathologie. Les chercheurs ont analysé les échantillons sanguins de 9.842 personnes âgées de 18 à 103 ans. Ils ont aussi examiné les dossiers médicaux de ces personnes et constaté que 508 personnes étaient mortes cinq ans après le prélèvement sanguin, majoritairement de problèmes cardiaques et de cancers.

Un cocktail de mauvais augure

Les scientifiques ont alors découvert qu’un cocktail de quatre biomarqueurs semblait prédire le risque de mourir à court terme, et ce, même si les « cobayes » avaient l’air en bonne santé. Les personnes présentant le taux le plus élevé de ces quatre biomarqueurs risquaient 19 fois plus de mourir dans les cinq années suivant le test que celles avec le taux le plus faible.

Des découvertes incroyables

Les résultats paraissant tout à fait extraordinaires, l’équipe de chercheurs a voulu en avoir le coeur net et a demandé à des scientifiques finlandais de reproduire l’étude. Malgré un scepticisme général, les Finlandais se sont exécutés en réalisant un prélèvement sanguin sur 7.503 personnes et en les suivant pendant cinq ans. Les résultats furent identiques : le mélange des quatre biomarqueurs montrait également une fragilité non détectée que des individus apparemment en bonne santé ignoraient avoir.

L’enjeu est de taille puisque les auteurs de l’étude affirment que ce type de test pourrait à l’avenir permettre de déceler une pathologie sous-jacente grave chez des personnes qui ne présentent aucun symptôme, de les soigner et dès lors, d’augmenter leurs chances de survie. Cependant, même si les tests permettront d’établir une défaillance chez un individu, ils ne permettent pas à présent de prédire la nature de la maladie future.

Par ailleurs, ces « tests de mort » ne rentreront pas tout de suite en vigueur. D’autres confirmations sont nécessaires, car les deux groupes d’individus étudiés proviennent d’Europe du Nord et sont dès lors assez similaires. Les tests doivent être reproduits dans d’autres pays et dans des groupes ethniques diversifiés.

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