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Pi Gruis, l’étoile permettant de prédire ce qu’il va arriver à notre soleil

La surface bouillonnante d’une étoile géante, baptisée Pi Gruis, a été observée pour la première fois par une équipe internationale d’astrophysiciens, dirigée par des chercheurs de l’Institut d’Astronomie et d’Astrophysique de l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

Les résultats de cette « prouesse technique », qui permet notamment d’avoir une idée de ce qu’il arrivera au soleil dans 8 milliards d’années, sont publiés ce mercredi dans la revue scientifique ‘Nature’, annonce l’université bruxelloise.

Concrètement, les chercheurs sont parvenus à observer en détail la surface de l’étoile Pi Gruis, située à une distance de 530 années-lumière de la Terre. A cette fin, ils ont utilisé Pionier, un instrument qui équipe le ‘Very Large Telescope Interferometer ‘(VLTI) de l’Observatoire Européen Austral au Chili.

« L’interférométrie est une technique qui permet de combiner la lumière de 4 télescopes simultanément afin d’obtenir un plus grand pouvoir de résolution angulaire. Construits par la firme belge AMOS, les quatre télescopes auxiliaires du VLTI se déplacent sur des rails, ce qui permet d’atteindre une finesse de détails sur l’étoile selon de multiples axes », explique l’ULB. « Grâce à cette technique, l’équipe de chercheurs a pu reconstruire l’image de la surface de l’étoile. Une prouesse technique qui équivaut à observer des motifs gravés sur une pièce de 1 euro placée à une distance de 230.000 km, soit un peu plus de la moitié de la distance Terre – Lune », ajoute l’université.

Selon cette dernière, l’observation de la surface de Pi Gruis a révélé la présence de gigantesques cellules de convection, dues au flux de chaleur transportée par la matière qui monte de l’intérieur vers la surface de l’étoile, « de la même manière que les bulles formées par l’eau bouillante dans une casserole ».

Les cellules sur la surface de Pi Gruis sont similaires à celles que l’on trouve sur le soleil mais 60.000 fois plus grandes puisqu’elles atteignent 120 millions de km. Cette image de la surface d’une étoile – la plus détaillée obtenue à ce jour – « valide les modèles actuels décrivant les flux de matière dans les couches les plus externes des étoiles dans ces phases ultimes de leur évolution », poursuit l’ULB.

Ces observations apportent surtout des enseignements « sur le futur de notre étoile: le soleil », souligne-t-elle encore. Pi Gruis est en effet une étoile de masse à peine plus élevée que ce dernier, mais qui est arrivée presqu’au terme de son évolution et qui s’étend sur un rayon 330 fois plus grand. « A l’échelle du système solaire, Pi Gruis engloberait l’orbite de la planète Mars. C’est ce qui risque également de se produire pour le soleil dans 8 milliards d’années environ. S’il suit, comme prévu, les traces de Pi Gruis, les 2 millions de cellules de convection qu’il présente actuellement sur sa surface se transformeront en quelques structures géantes comme celles qui viennent d’être découvertes », projettent les chercheurs.

« Cette étude permet de mieux comprendre les phases ‘avancées’ de l’évolution des étoiles, afin de mieux appréhender, entre autres, le temps que ces étoiles passent en phase géante et, de manière ultime, de mieux connaître leur durée de vie totale. Après avoir perdu la plus grande partie de leur masse sous forme de vents – et même d’un ‘super-vent’ final -, il ne reste que le coeur inerte de l’étoile, un coeur de carbone-oxygène, qui ne fournit plus d’énergie et donc se refroidit indéfiniment. C’est ce qu’on appelle une naine blanche. Le soleil finira ainsi », conclut pour sa part Sophie Van Eck, astrophysicienne à l’ULB.

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