La comète Tchouri, photo prise par le robot Philae © BELGAIMAGE/ESA/Rosetta/Philae

Philae a découvert quatre molécules organiques sur Tchouri

Les nouveaux résultats scientifiques de l’exploration inédite de la comète Tchouri révèlent des structures et caractéristiques inattendues, dont la présence de quatre molécules organiques, des briques de la vie, jamais observées auparavant sur ces petits corps célestes.

Ce sont les principales conclusions tirées des mesures et analyses effectuées par les instruments de Philae, le petit atterrisseur, qui pour la première fois dans l’histoire a pu collecter des données directement sur un noyaux cométaire.

« On découvre quasiment tout ce qu’on ignorait avant sur un noyau cométaire », a expliqué Jean-Pierre Bibring, professeur à l’Université Paris-Sud, responsable scientifique de Philae. « Et rien de ce qu’on voit ne correspond réellement à ce qu’on pouvait imaginer d’une comète, depuis sa structure globale et à petite échelle aux propriétés physiques et à sa composition », a-t-il précisé.

Selon lui, cette moisson d’informations va faire progresser la compréhension des comètes, témoins de la genèse du système solaire il y a 4,6 milliards d’années.

Les études ont été publiées jeudi dans la revue américaine Science.

« On est convaincu que Philae va nous faire avancer considérablement sur l’origine de la vie » sur notre planète et aussi sur le fait de savoir si elle est fréquente ou pas dans l’Univers, a jugé le professeur Bibring.

Les quatre molécules détectées sur la comète entrent dans une chaîne d’évolution chimique pouvant aboutir à la formation de briques élémentaires de la vie, précise le scientifique.

Cette découverte a été faite peu après l’arrivée mouvementée de Philae le 12 novembre 2014 -après sa séparation de l’orbiteur Rosetta-, par l’un de ses dix instruments.

Au total seize composés ont pu être identifiés qui se répartissent en six classes de molécules organiques dont des alcools et des amines. Parmi ces molécules, les quatre jamais trouvées jusqu’à présent sur une comète, sont entre autres du méthyle et de l’acétone, des précurseurs de molécules importantes pour la vie comme les sucres et les acides aminés.

Mais la présence de ces derniers composés plus complexes n’a pas pu être identifiée avec cette première analyse, ont indiqué les chercheurs.

Ces observations donnent un aperçu des processus chimiques qui se produisent dans un noyau cométaire et même déjà dans le nuage de poussière qui, en s’effondrant, a donné naissance au système solaire il y a 4,6 milliards d’années, selon ces astronomes.

Dans la mesure où les comètes n’ont pas subi de changement depuis l’émergence du système solaire on peut déduire, de ces observations, que ces composés organiques cométaires étaient déjà agglomérés sous forme de grains de plusieurs millimètres comme sur « Tchouri ». On pensait jusqu’alors que seulement de petites molécules organiques étaient piégées dans la glace des noyaux cométaires.

Ce sont de tels grains qui en se retrouvant dans les océans de la Terre et peut-être sur d’autres planètes et lunes ailleurs dans le système solaire, auraient pu favoriser l’émergence de la vie, estiment les auteurs de ces travaux.

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