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Où se poser sur Mars? Un choix difficile, un risque très étudié

Le Vif

Un sol potentiellement riche, pas trop pentu, à l’abri du vent… Deux sites d’atterrissage sur Mars ont été choisis mercredi pour accueillir le robot mobile européen chargé de rechercher des traces de vie passées sur la planète rouge.

« Après d’intenses discussions, nous avons voté pour les sites Oxia Planum et Mawrth Vallis », a annoncé Frances Westall, directrice de recherche CNRS au Centre de biophysique moléculaire d’Orléans (centre de la France) et une des responsables du comité de sélection du site.

Depuis près de quatre ans, les partenaires de la mission Exomars prévue pour 2020, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’agence spatiale russe Roskosmos, cherchent le lieu idéal pour poser leur robot espion.

Oxia Planum et Mawrth Vallis ont été choisis pour leur intérêt scientifique, « leur environnement qui pourrait contenir des traces de vie passées ».

Pour tenter de débusquer des indices de molécules organiques vieilles d’environ 3,6 milliards d’années, le site doit regorger de matériaux anciens, primitifs.

Les chercheurs ont prouvé que les roches présentes sur les deux sites étaient très anciennes en comptant le nombre de cratères, puisque plus il y en a, plus le sol est ancien.

Les deux zones sont très riches en argile. « On aime l’argile car elle attire la matière organique et la conserve », explique la géologue, membre du consortium MASE (Mars Analogue for Space Exploration). De plus, la présence d’argile indique que de l’eau, indispensable à la vie, a un jour joué un rôle à cet endroit.

Aucun fossile, aucune trace de vie ancienne n’a pu survivre à la surface de la planète rouge en raison des fortes radiations et des températures extrêmes. « Il faut chercher dans des environnements protégés », explique Frédéric Gaboyer spécialiste en microbiologie.

Forages à l’abri du soleil

Pour cela, le robot devra forer le sol à plus de 1,50 mètre, là où les radiations ne passent plus. Il effectuera au total 8 forages pendant sa mission de 6 mois.

Ses instruments devraient ensuite lui permettre d’analyser si ce qu’il a tiré du sol est une trace de vie passée.

Comme on ne sait pas exactement à quoi ressembleront ces traces, qui ne devraient pas mesurer plus d’un micron, l’équipe de Frances Westall cherche à comprendre le processus de fossilisation des micro-organismes.

« En laboratoire, on essaye de se rapprocher des conditions environnementales passées de Mars, en terme de température, de minéraux et d’oxygène et on fossilise les micro-organismes pour pouvoir ensuite pouvoir les détecter sur Mars », explique Frédéric Gaboyer.

La composition du sol n’est pas le seul critère pour choisir où poser un robot « de la taille d’une twingo » sur la planète rouge. Les impératifs techniques sont également très lourds. Vu l’investissement en temps et en argent – le coût du programme d’exploration est estimé à plus de 1,5 milliard d’euros – mieux vaut réussir l’atterrissage.

Pour cela, le site doit se trouver à basse altitude afin que le robot ait le temps d’ouvrir son parachute avant de toucher le sol.

La zone choisie ne doit pas comporter trop de pentes raides ou de rochers pour que les appareils de mesures de distances ne soient pas trompés lors de l’atterrissage et pour que le robot puisse ensuite se déplacer facilement. Il devrait parcourir une dizaine de kilomètres.

« Situés à plusieurs centaines de km l’un de l’autre, les deux sites sont très semblables », note Frances Westall.

Ce qui pourrait les départager au final en 2020? Oxi planum est plus plat donc plus sûr et Mawrth Vallis présente plus de variété dans sa géologie et semble plus prometteur scientifiquement.

« Il y a toujours une sorte de guerre entre ingénieurs et scientifiques car ces derniers veulent aller là où il y a quelque chose d’intéressant et généralement ce n’est pas facile d’y atterrir », s’amuse la géologue.

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