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Mission Rosetta: « Nous avons bon espoir que Philae se réveille »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Philae, le petit robot qui est entré dans l’histoire spatiale en se posant sur une comète à plus de 500 millions de kilomètres de la Terre, s’est assoupi faute d’énergie samedi peu après minuit, entrant dans une longue phase d’hibernation. Doit-on y voir là un échec d’une mission débutée il y a plus de 20 ans et qui aura coûté 1,4 milliard d’euros ? Certainement pas.

Le dernier signe de vie de Philae a été reçu dans la nuit du samedi 15 novembre alors qu’il venait de transmettre les données d’un forage réalisé sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, a annoncé à l’AFP le responsable scientifique de l’atterrisseur, Jean-Pierre Bibring.

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Philae se réveillera peut-être cet été si ses batteries se rechargent lorsque la comète approchera du Soleil. « Nous avons bon espoir, mais pas à court terme, car il y a trop peu de lumière pour le moment« , a expliqué Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta au CNES (Centre national d’études spatiales) à Toulouse. Philae, qui s’est posé à l’ombre entre des rochers a d’abord fonctionné avec une pile d’une durée de vie de 60 heures, mais ses batteries solaires qui devaient prendre le relais n’ont pas reçu assez de lumière pour lui permettre de rester actif.

Certains scientifiques font déjà le bilan de cette mission historique dont les prémisses remontent à il y a 20 ans. Le projet qui a déjà coûté 1,4 milliard d’euros n’est certainement pas vu comme un échec, même si l’activité du robot, qui aurait pu durer jusqu’en mars en cas de bon ensoleillement, a été écourtée.

« Oui, cela aurait été mieux si Philae avait encore pu travailler quelques mois« , concède avec une pointe de déception au journal De Morgen Sven De Rijke, professeur en astronomie à l’université de Gand, ajoutant « mais d’un point de vue scientifique, c’est un succès. » Car pour le même prix, au lieu de se poser doucement mercredi en fin d’après-midi sur la comète 67P, le robot aurait très bien pu disparaitre dans l’espace après avoir été largué par la sonde européenne Rosetta.

« Les résultats de Philae sont extraordinaires »

« Nous sommes en train de boire du champagne, car cette mission est un succès« , avait déclaré vendredi Gaudon. Et c’est vrai que même après 3 jours, « les résultats de Philae sont extraordinaires« , selon Marc Pircher, le directeur du CNES à Toulouse. « 80% du travail du robot a été fait« , avait-il assuré avant que le robot ne se remette à envoyer un dernier flot de données en fin de soirée. Philae a travaillé d’arrache-pied. Ses dix instruments ont été activés afin de radiographier l’intérieur de la comète, étudier son magnétisme, faire des images du sol, analyser les molécules complexes dégagées par la surface.

La mission Rosetta est un travail de très longue haleine débuté il y a plus de 20 ans. La sonde européenne a commencé son voyage dans l’espace il y a plus de 10 ans, pour atteindre la comète 67P, de son petit nom Tchouri. Le professeur De Rijke explique au Morgen : « L’ESA a dû travailler avec des technologies des années 90, qui ont passé 10 ans dans l’espace. Que ce genre de « vieux » matériel puisse se poser sur un petit bout perdu dans l’univers est, en soi, fantastique. Même sans cela, la mission Rosetta est un succès. C’est en effet la première fois dans l’histoire spatiale qu’une sonde a réussi à tourner autour d’une comète. Et les 1,4 milliard d’euros estimé pour l’entièreté de la mission ne représentent en fait pas grand-chose à côté des budgets astronomiques d’autres projets scientifiques. » De Rijcke ajoute : « En plus, il s’agit là de questions scientifiques très pertinentes pour lesquelles nous allons peut-être avoir des réponses : comment s’est créé le système solaire ? Comment l’eau est-elle arrivée sur Terre, d’un point de vue scientifique, ce sont de grandes sources d’information« .

Que Philae se réveille ou pas de sa léthargie, la mission Rosetta est loin d’être terminée. La sonde, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km dans l’espace, poursuivra son escorte de « Tchouri » au moins jusqu’au 13 août. C’est à cette date que la comète passera au plus près de l’astre.

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