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« Mieux vaut un vieux Diesel encrassé qu’un neuf doté du filtre à particules »

Les émanations des moteurs diesel, viennent d’être classées parmi les pires cancérogènes par l’OMS. Les fabricants ont-ils réellement sous-estimé les risques? Le point avec Benjamin Lionnet, journaliste enquête à Auto Plus.

Mortel diesel. Tel pourrait être le nom du dernier rapport de l’OMS, l’organisation mondiale de la santé, sur les émanations des moteurs diesel. Ces particules, désormais classées parmi les pires cancérogènes, seraient responsables de 42.000 décès par an. Le point avec Benjamin Lionnet, journaliste au service enquête d’Auto Plus.

Selon Bruno Guibaud, président d’Europe qualité expertise (EQE), les industriels de l’automobile connaissent les dangers du diesel depuis 1960. Pourquoi ont-ils alors continué de faire sa promotion? Les industriels étaient effectivement au courant de ces risques mais ils ont fait ce qu’ils pouvaient pour répondre aux politiques publiques encourageant l’achat de ce type de voitures, notamment au moyen d’avantages fiscaux. Et c’est bien parce qu’ils ont conscience des impacts sur la santé du diesel que les fabricants investissent beaucoup d’argent pour améliorer ce mécanisme, et donc limiter les risques. C’était, par exemple, le but du pot catalytique et du filtre à particules.

Mais ce n’est pas suffisant pour endiguer les risques sanitaires…

Le filtre à particules pose, en effet, un réel problème. Il ne retient les substances polluantes qu’à partir d’une certaine température qui n’est atteinte que lorsque le véhicule a effectué un nombre important de kilomètres. Mais beaucoup de Diesels ne circulent qu’en ville ou sur des courtes distances. Résultat: les filtres s’encrassent et ne brûlent pas les particules. Pire, le mécanisme du filtre crée d’autres molécules: les micros particules visées par l’OMS, qui sont encore plus nocives. En fin de compte, du point de vue sanitaire, il vaut mieux rouler avec un vieux diesel encrassé qu’avec un neuf doté du filtre.

Quelles nouvelles améliorations peuvent apporter les industriels pour limiter les risques?

Les industriels oeuvrent déjà pour concevoir des petits moteurs, qui consomment et polluent moins, destinés aux voitures citadines. Cette démarche va dans le sens de la limitation des diesels dans les villes.

Propos recueillis par Solène Godin, L’Express

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