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Les bébés bilingues ne sont pas plus intelligents

Contrairement aux idées reçues, les bébés bilingues ne sont ni plus, ni moins intelligents que les bébés qui n’entendent qu’une langue. C’est la conclusion d’une étude américaine.

Contrairement aux idées reçues, les bébés bilingues sont comme les autres. Les difficultés et les capacités prétendues des enfants bilingues sont souvent fausses, selon plusieurs chercheurs, plaidant pour une nouvelle approche de ces problèmes lors d’une conférence scientifique tenue ce week-end à Vancouver, dans l’ouest du Canada.

Les enfants de familles dans lesquelles on utilise deux langues commencent parfois à parler plus tard que ceux qui n’en entendent qu’une, et leurs parents, inquiets, s’interrogent sur les causes de ce retard. On considère souvent que de tels enfants sont désorientés et par conséquent tardent à parler. Ou les parents s’entendent dire que tout retard apparent n’est qu’illusion parce que les enfants sont de petits génies qui peuvent apprendre facilement et rapidement n’importe quelle langue. « Les deux assertions sont fausses », a soutenu la psychologue américaine Erika Hoff devant la conférence annuelle de l’Association américaine pour l’avancement de la science.

Adopter une nouvelle approche

« Il n’est pas vrai qu’entendre deux langues conduit à la confusion chez l’enfant et réduit sa capacité d’apprendre. Mais il n’est pas vrai non plus que les enfants peuvent apprendre comme par magie deux langues aussi vite qu’une seule », a-t-elle ajouté. Pour le comprendre, les psychologues doivent adopter une approche différente dans leurs recherches et mesurer simultanément le niveau des deux langues chez l’enfant au lieu d’une seule.
Ils arrivent alors le plus souvent à la conclusion que l’addition des deux tests aboutit au même résultat qu’un test chez un enfant monolingue. « Les enfants exposés aux deux langues (…) entendent moins de chacune d’entre elles que ceux qui n’en entendent qu’une, donc cela leur prend plus de temps pour arriver au même niveau d’expérience dans chacune d’entre elles », a précisé Erika Hoff dont les recherches ont porté sur des familles anglo-espagnoles ayant un niveau d’éducation élevé, dans le sud de la Floride.

Deux types de tests existent depuis des décennies: le LDS (Language Development Survey) et le Bilan de développement de la communication de MacArthur Bates. Ils consistent à interroger les parents sur les mots que leurs enfants connaissent et le nombre de leurs combinaisons qu’ils utilisent à l’âge d’environ deux ans.

Identifier les « locuteurs tardifs »

Leslie Rescorla, professeur de psychologie au collège Bryn Mawr en Pennsylvanie, qui avait créé le LDS dans les années 80, a confirmé que ces tests, existant en plusieurs langues, permettent d’identifier les locuteurs tardifs à l’âge de 24 à 30 mois. Pour ce test, les parents reçoivent une liste de 310 mots et doivent indiquer ceux que leur enfant prononce déjà. Un enfant moyen en utilise 150, tandis que les locuteurs tardifs en emploient entre 25 et 50.
L’identification d’un enfant comme locuteur tardif est importante, car elle peut révéler des problèmes d’autisme, d’ouïe ou de développement mental, a souligné Nan Bernstein Ratner, professeur à l’Université du Maryland. Cependant, si des recherches ont révélé que jusqu’à 20% des enfants sont des locuteurs tardifs, beaucoup d’entre eux rattrapent les autres à l’âge de cinq ans, a précisé Nan Bernstein Ratner. « En gros, quatre sur cinq s’en sortiront. »

Mais « il vaut mieux les identifier à deux ans et les suivre plutôt qu’attendre de voir » comment ils évoluent, a dit l’universitaire. Quant aux bébés bilingues, Erika Hoff suggère aux parents d’utiliser des tests dans leurs deux langues plutôt que de s’inquiéter de retards dans l’une d’entre elles. « Vous verrez que les enfants bilingues ressemblent parfaitement aux enfants monolingues. Ils acquièrent leurs connaissances linguistiques exactement au même rythme », assure-t-elle. De quoi calmer les inquiétudes de certains parents.

LeVif.be avec L’Express

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