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Le virus du sida pour lutter plus efficacement contre le cancer ?

En associant le virus du sida à une protéine, des scientifiques auraient découvert un début de piste pour rendre les traitements contre le cancer plus efficaces. Mais la prudence reste de mise.

Le virus sida pourra-t-il, un jour, avoir des vertus thérapeutiques? Et notamment aider à soigner le cancer? Des chercheurs du Centre national de recherches scientifiques explorent cette piste. Selon leurs travaux, publiés dans la revue américaine PLoS Genetics, le VIH pourrait ouvrir une nouvelle voie pour lutter contre certaines tumeurs.

Pourquoi ce virus en particulier? Les scientifiques se sont intéressés au VIH car c’est le rétrovirus qui se développe et mute le plus rapidement chez l’homme. Lorsqu’il prolifère, le virus crée des protéines mutantes, ce qui rend plus difficile l’action des antirétroviraux.

C’est cette propriété du VIH que les scientifiques ont utilisée pour obtenir une mutation plus efficace d’une protéine nécessaire aux traitements anticancéreux, la déoxycytidine kinase (ou dCK). Cette molécule accentue la sensibilité des cellules tumorales à la Gemcitabine, utilisée dans les traitements contre le cancer. En introduisant la dCK dans le génome du VIH, les chercheurs ont obtenu 76 protéines mutantes. Testée sur des cellules tumorales, l’une d’entre elles s’est avérée plus efficace que la protéine de base. Ainsi, avec des doses moins importantes de Gemcitabine, ils ont obtenu un taux plus élevé de destruction des cellules tumorales.

A terme, cette découverte pourrait permettre de réduire les doses de traitements anticancéreux et ainsi en limiter les effets secondaires. Il s’agit d’injecter la protéine mutante aux malades sans pour autant introduire le virus du sida dans leur organisme. Le VIH n’ayant servi qu’à isoler la molécule il est ainsi désactivé et ne pas transmettre le sida à l’homme.

Cette trouvaille pourrait également servir dans la lutte contre d’autres maladies. Mais il reste encore du chemin à parcourir: les tests ont été faits sur des cellules en culture. La prochaine étape pourrait consister à tester cette dCK modifiée sur des animaux. Mais en tout état de cause, il faudra attendre au moins une dizaine d’années avant que, éventuellement, ce traitement puisse être envisagé chez l’homme.

Par Delphine Proust, L’Express.fr

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