© Belga

Le LSD promet des avancées thérapeutiques

Stagiaire Le Vif

Une des premières études réalisées sur le LSD depuis quatre décennies et validée par la FDA (Food and Drug Administration, ou Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) se révèle très prometteuse en matière médicale.

Reprenant la recherche là où la communauté médicale l’avait laissée, dans les années soixante, des scientifiques suisses se sont penchés sur les effets du traitement, médicalement assisté, par LSD sur 12 malades en phase terminale. Les résultats de cette étude, publiés mardi dans le Journal of Nervous and Mental Disease, révèlent qu’un traitement par LSD couplé à une psychothérapie atténuait l’anxiété liée à la peur de la mort chez les malades en fin de vie.

Les participants, qui avaient interrompu leur traitement par anxiolytiques ou antidépresseurs et toute consommation d’alcool 24 heures à l’avance, ont été répartis en deux groupes et ont suivi deux séances préparatoires avant de commencer l’expérience proprement dite. Le premier groupe a reçu 200 microgrammes de LSD tandis que le second n’en a reçu que 20 microgrammes, soit une quantité négligeable. Chaque patient s’est vu administrer deux doses de LSD à quelques semaines d’intervalle tout en étant accompagné de thérapeutes qui l’ont guidé lors de ses expériences hallucinatoires. Aucun effet néfaste prolongé n’a par ailleurs été observé.

Dans le groupe qui avait reçu une infime quantité de la drogue, les individus se sont dits plus angoissés qu’auparavant, contrairement aux patients du deuxième groupe qui ont remarqué de notables effets positifs sur leur anxiété, effets qui perduraient par la suite. Pour les scientifiques, les résultats indiquent que la thérapie par psychédéliques pourrait constituer un véritable traitement médicamenteux.

Bien que d’un point de vue médical, l’action exacte du LSD dans le cerveau reste encore partiellement inexpliquée, on sait que les composants psychoactifs interagissent avec le système réticulé activateur et permettent à certaines pensées et certains sentiments enfouis de refaire surface, et ainsi d’être traités, explique Rick Doblin, fondateur de la Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies (MAPS), qui a en grande partie financé l’étude.

Selon lui, le traitement médicalement assisté par LSD est, d’une certaine manière, une expérience mystique et cathartique, une transcendance du temps et de l’espace qui aide les patients effrayés par la mort à modifier leurs pensées en concentrant leur attention non plus sur le temps qui leur manque, mais sur celui qui leur reste. Il ajoute que, même s’il ne fonctionne pas forcément sur tout le monde, le traitement peut entraîner un profond changement chez le patient, dans son attitude et dans son cerveau.

En 2012, une étude avait par ailleurs révélé que le LSD possédait un effet bénéfique considérable sur le traitement de l’alcoolisme, réduisant l’abus d’alcool chez 59% des patients soumis à l’expérience.

D’autres études sur les psychédéliques sont également en cours, notamment à l’Université Johns-Hopkins, où l’on étudie les effets de la psilocybine (un composé psychédélique que l’on retrouve dans certains champignons hallucinogènes) sur les patients cancéreux ; à l’Université de New York, qui observe les effets des psychédéliques sur la dépression et l’anxiété chez les cancéreux; et à la Harvard Medical School, où ce sont les effets de l’ecstasy sur les malades du cancer en phase terminale qui sont étudiés.

Certains scientifiques espèrent que ces premiers essais cliniques ouvriront la voie vers l’insertion des thérapies par psychédéliques dans le courant dominant de la médecine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire