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Le jogging contre la dépression: « Levez-vous, allez vous promener et écoutez le vent »

Une nouvelle étude révèle que la pleine conscience (mindfulness) ou le yoga peuvent contribuer à lutter contre la dépression. Le jogging exercerait également un effet favorable.

L’Université de Gand et l’Université Columbia ne sont pas les seules à étudier l’impact de la pleine conscience sur les dépressions et les tentatives de suicide. Au printemps 2015, la revue médicale The Lancet a publié une grande étude qui démontre que le mindfullness peut être tout aussi important pour ne pas retomber dans une dépression que d’avaler des antidépresseurs. Un suivi de la même équipe paru un an plus tard dans JAMA Psychiatry, affirmait que la pleine conscience réduisait d’un quart les risques de rechute auprès des nombreux patients incapables de prendre leurs médicaments consciencieusement.

Une série d’études très récentes, parues notamment dans Psychiatry Research, concluent que la pleine conscience et les thérapies comparables exercent un effet significatif sur la quantité d’hormones de stress et de déclencheurs d’inflammation qui circulent dans le corps. Généralement, on note aussi un effet bénéfique sur les substances chimiques qui favorisent un bon fonctionnement du cerveau, certainement pour les gens en bonne santé, mais dont la dépression est la conséquence de déceptions personnelles.

« Il y a autant de facteurs biologiques que psychologiques en jeu », déclare le kinésithérapeute Davy Vancampfort de la KULeuven à qui l’on doit de retentissantes méta-analyses réalisées avec des collègues britanniques et australiens. L’étude est basée sur les données de millions de patients. Leurs résultats viennent contredire des études faites à plus petite échelle il y a cinq ans. Celles-ci concluaient que l’exercice n’avait pas d’effets notables dans la lutte contre la dépression.

« Ces dernières années, cette vision a évolué sous la pression des nouveaux résultats », raconte Vancampfort. « Jusqu’il y a peu, on partait du principe que l’exercice exerçait un effet positif sur les dépressions légères ou modérées. Aujourd’hui, on sait qu’il est également utile pour les dépressions lourdes. Il y a évidemment des effets biologiques en jeu. L’exercice influence les taux de molécules informatives telles que la sérotonine et la dopamine dans le cerveau. Il donne également un boost auxdits facteurs neurotrophes qui favorisent une bonne irrigation sanguine et un complément de cellules cérébrales. »

Maîtriser son corps

Faire de l’exercice entraîne également d’importantes conséquences psychologiques. « Nous devons convaincre les gens de bouger au moins 30 minutes trois à cinq fois par semaine pour accélérer leur rythme cardiaque et leur respiration », déclare Vancampfort. « C’est possible en faisant une bonne promenade, du jogging ou du vélo. Ensuite, nous devons leur apprendre à focaliser sur les changements dans leur corps, et les avantages qu’ils en retirent : la baisse du niveau de stress et le sentiment accru de détente. L’exercice en tant que tel ne suffit pas, il faut également se concentrer : la concentration empêche de ruminer et de se faire un sang d’encre. Contrairement aux médicaments, l’exercice favorise une certaine forme de maîtrise de soi : on retrouve le contrôle sur ce qui se passe dans son corps, ce qui peut également s’avérer utile. »

Il est important de ne pas se surmener, met en garde Vancampfort: « Chacun doit chercher l’équilibre entre ses capacités physiques et ce qui est souhaitable. Pour les personnes qui souffrent d’une grave dépression, il peut déjà être bénéfique de sortir régulièrement de leur lit et de faire quelque chose dans le jardin ou le ménage. La prochaine étape, c’est un programme d’exercice. Même écouter le vent ou les oiseaux en se promenant peut déjà apaiser. Cependant, il est primordial de continuer assez longtemps. Notre étude montre que l’exercice supervisé par un thérapeute est plus efficace que quand le patient agit seul. Une autre étude a démontré qu’un programme d’exercice soutenu de douze mois exerce un effet positif encore neuf mois plus tard sur les gens qui souffrent d’une dépression sévère. »

Le yoga aussi peut apaiser les symptômes dépressifs, parce que les gens apprennent à « sentir » ce qui se passe dans leur corps. La même chose vaut pour la pleine conscience, même si Vancampfort soulève une objection : « Comparée aux exercices de courte durée, la pleine conscience exige un effort plus important de la part du patient, avec des sessions quotidiennes d’au moins 45 minutes. C’est plus contraignant, et je pense que tous les patients n’auront pas la force mentale de persévérer. »

La majorité des gens dépressifs ne cherchent pas d’aide professionnelle, ou alors trop tard. Et seule la moitié d’entre eux guérissent. Il vaut donc mieux prévenir que guérir. L’automne dernier, « Preventive Medicine » a publié une étude à laquelle Vancampfort a participé. Qu’est-ce qu’elle révèle ? L’exercice régulier aide également à prévenir les dépressions. Les personnes qui bougeaient le moins couraient 75% de risques en plus d’avoir une dépression que celles s’activaient le plus. L’exercice est donc bon pour la santé physique et pour notre bien-être spirituel.

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