© Belga

Le business spatial

Le Vif

Chaque euro investi dans le spatial engendre vingt euros en création de valeur dans l’ensemble de l’économie. Aux Etats-Unis, le business spatial a pris les Européens de court. A une cadence folle.

Ce n’est pas seulement le talent qui a fait briller le délectable jazzman Herbie Hancock. Dans la poche du Watermelon Man à la note bleue, les veinards à qui il l’autorisait pouvaient admirer un petit bout de ciel. Une pépite martienne issue du Sahara. L’une des météorites les plus rares jamais trouvées sur terre. Ce fragment de cosmos de seulement 4 grammes a été vendu aux enchères, le 14 octobre 2012, pour 6 500 dollars, dans les salons très distingués de la Heritage Auctions, à Manhattan.

Ce jour-là, s’est tenue la plus gigantesque vente aux enchères d’objets extraterrestres jamais organisée. Un fragment de lune est parti prendre la poussière chez un particulier pour 330 000 dollars. En tout, plus de 125 météorites (principalement issues de musées) ont fait rêver les acheteurs privés. Le million de dollars a été atteint et cette conquête du superflu a superbement mis en lumière les enjeux phénoménaux du business spatial.

Le lancement de satellites commerciaux, représente, à lui seul, un marché évalué à 190 milliards de dollars. Le secteur privé s’y révèle extrêmement concurrentiel. Ainsi, en 2013, la société SpaceX, du génial entrepreneur américain Elon Musk (qui a inspiré le personnage de Tony Stark, dans le film Iron Man) raflait la mise à Arianeespace. En proposant une facture 30 % plus légère que la société française chargée de commercialiser les systèmes de lancements développés par l’ESA, SpaceX a mis en orbite son premier satellite commercial pour le compte du n°1 mondial du secteur, le luxembourgeois SES.

Les retombées économiques de la conquête spatiale atteignent bien d’autres secteurs. Qui aurait pensé que les isolants en téflon des câbles à l’intérieur du réservoir d’Apollo 13 se retrouveraient un jour dans l’équipement culinaire de tout un chacun ? De l’audiovisuel à l’agriculture, en passant par la météorologie, le transport et la communication, on ne compte plus les domaines qui utilisent des outils développés dans le sillage de l’exploration de l’espace. On estime aujourd’hui que chaque euro investi dans le spatial génère une vingtaine d’euros en création de valeur dans l’ensemble de l’économie.

L’Europe, malgré un budget spatial de 4,433 milliards d’euros en 2015 (contre 17,8 milliards pour la Nasa), n’a pas à rougir de ses performances. Au niveau technologique, elle occupe une place de choix, via ses programmes d’exploration robotique (Mars Express, ExoMars) ou habitée. Pour preuve, le succès de l’ATV, le vaisseau cargo aux couleurs européennes, qui ravitaille la Station spatiale internationale ISS. Quant à Ariane 5, elle pourrait parfaitement transporter des hommes… à la faveur d’un investissement d’un milliard d’euros. Une somme considérable au regard des budgets européens.

En 2012, l’espace occupait 350 000 personnes aux Etats-Unis. En y ajoutant les salariés du privé, ce chiffre grimpe à 2,6 millions. Rien de comparable en Europe : le marché spatial, privé et public confondus, y emploie 40 000 personnes, dont 80 % d’hommes.

Rosanne Mathot

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire