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La pheromone party, ou comment trouver l’âme soeur en la reniflant

Aux Etats-Unis, une nouvelle forme de speed-dating propose de choisir son partenaire à l’odeur. Ces pheromone parties reposent la question de l’importance des odeurs dans nos relations aux autres. Alors, peut-on vraiment trouver son âme soeur en la reniflant ?

Si l’odeur du café aide certains à sortir du lit, une autre peut-elle les y amener ? En bref : peut-on choisir son partenaire en le sentant. C’est en tout cas le postulat sur lequel repose les pheromone parties, un concept importé des Etats-Unis. Le principe est simple : chacun enferme dans un sac plastique un t-shirt dans lequel il a dormi trois nuits. Reste à sentir ceux des autres et à choisir votre cible, en cas d’attraction olfactive irrésistible. Pour les plus timides, pas de panique : il sera toujours possible de recontacter l’élu de votre nez grâce à la page Facebook de l’évènement.

Une nouvelle forme de speed-dating qui repose la question de nos relations aux odeurs. Et, évidemment, celle des phéromones. Si on peut tous affirmer que certaines odeurs nous repoussent, qu’en est-il de l’attirance ? Et, surtout, la réaction à une odeur est-elle simplement biologique, déclenchée par une substance chimique de type phéromone, ou apprise, provoquée par un souvenir ?

Les phéromones, c’est quoi ?

Les phéromones sont des signaux biologiques émis par un membre d’une espèce et réceptionnés par un autre. Ce dernier répond alors au signal phéromonal du premier en modifiant son activité physiologique et comportementale. « Cela peut changer la maturité sexuelle du partenaire et le préparer à la copulation », résume André Holley, professeur émérite spécialiste de l’odorat au Centre des sciences du goût et de l’alimentation. En tout cas, cela fonctionne pour beaucoup d’insectes.

Slate raconte ainsi la technique imparable du ver à soie. La susbstance chimique produite par la glande abdominale de la femelle, le bombykol, rend le mâle totalement soumis à son charme. Et celui-ci suivra son odeur jusqu’à l’accouplement. Pratique (mais un peu effrayant).

Mais impossible, que l’on trouve cela dommage ou non, pour l’espèce humaine d’imiter le ver à soie. « Déjà chez les mammifères, les phéromones ne sont pas unanimement reconnues. Mais chez l’homme, c’est encore plus complexe », souligne André Holley. Aucun organe voméronasal fonctionnel, permettant de réceptionner et de traduire les phéromones, n’a été détecté. « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’organe spécialisé que la fonction n’existe pas », précise néanmoins le spécialiste. Autrement dit, l’homme n’a pas forcément besoin d’un organe à part entière pour être influencé par des signaux du type des phéromones. D’autant que, pour l’espèce humaine, « cela peut très bien passer par le système olfactif ordinaire ». Un système très complexe et qui diffère d’un individu à un autre. Difficile, alors, d’établir un type de signal olfactif auquel tous les humains seraient sensibles.

Les odeurs évoquent des souvenirs

Reste que les odeurs font partie des signaux auxquels sont sensibles les humains dans leur relation aux autres. Comme les signaux visuels ou la voix.

Mais, précise André Holley, « la question de la détermination olfactive des odeurs n’est pas tranchée scientifiquement ». Autrement dit, aime-t-on une odeur uniquement parce qu’on a appris à l’aimer ou certaines ont-elles une propension universelle à avoir un effet positif ou négatif? Rien n’est sûr, même s’il est certain que l’environnement et les expériences jouent un rôle dans notre rapport aux odeurs.

Comme la madeleine fonctionne pour Proust, certaines odeurs nous évoquent des souvenirs, plus ou moins agréables. Associées à de bons souvenirs, elles deviennent agréables. Les enfants trouvent ainsi dans leur doudou un parfum réconfortant. Et cela peut expliquer que vous aimiez dormir avec le t-shirt que votre bien-aimé(e) a porté pendant trois jours. Cela ne veut pas dire qu’il sent bon, simplement que vous avez appris à l’aimer. Une nuance importante pour votre entourage.

Rassurez-vous, il serait quasiment impossible d’établir une relation avec quelqu’un dont on ne supporte pas l’odeur. « Les réactions de répulsion aux odeurs sont fortes et très difficiles à contourner », selon André Holley. En revanche, le spécialiste est « moins convaincu qu’il existe des odeurs irresistibles ». Encore moins d’universelles. Le parfum élixir d’amour sent donc le sapin.

Lucie Soullier, L’Express.fr

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