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La fin des ours dans les Pyrénées?

La secrétaire d’État française chargée de l’Écologie, Chantal Jouanno, annonce l’arrêt de l’introduction de l’ours des Pyrénées. Pour François Arcangeli, président de l’association Pays de l’Ours-ADET et maire d’Arbas, c’est une mauvaise idée.

Chantal Jouanno annonce qu’aucun nouveau spécimen d’ours ne sera introduit dans les Pyrénées. Les conditions sont-elles réunies pour une conservation de l’espèce?

Assurément, non. D’après les experts, il faudrait une population d’au minimum 50 ours pour que l’espèce ne risque plus l’extinction. Aujourd’hui, on estime à 19 le nombre d’ours dans le massif pyrénéen. Il y en a peut-être un peu plus, mais certainement pas assez pour une préservation de l’espèce. La secrétaire d’Etat considère que le nombre d’ours va augmenter naturellement pour atteindre ces objectifs. Mais d’ici quelques années, on va réaliser que c’est impossible.

Quant au remplacement de tout ours tué par accident, c’est la moindre des choses, mais c’est insuffisant dès lors que l’on envisage une augmentation de la population.

Qu’en est-il de l’équilibre entre mâles et femelles?

Il paraît évident qu’il n’y a pas assez de femelles. En Béarn par exemple, où il n’y a que trois mâles, comment la population pourrait-elle augmenter? Il faut lâcher des ourses femelles dans cette région ainsi que dans les Pyrénées centrales si on veut sauver l’espèce. L’état actuel de la population pose également un problème de consanguinité.

Quelle stratégie préconisez-vous pour sauver l’ours des Pyrénées?

Dans l’idéal, il faudrait lâcher entre 10 et 15 ours dans le massif pour voir une restauration de la population. Les associations ne préconisent pas de réaliser ces lâchers d’un seul coup. Il faudrait en lâcher un ou deux par an et s’inscrire dans la durée, tout en gardant un oeil vigilant sur le nombre de naissances. La stratégie de la secrétaire d’Etat est moins ambitieuse: elle semble partager cette idée d’un retour à une population viable, mais choisit un chemin plus long. Espérons que cette démarche soit déjà bien acceptée.

Laura Thouny

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