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La bactérie résistante aux antibiotiques se propage

La bactérie NDM-1 (pour New Delhi métallo-beta-lactamase), particulièrement résistante aux antibiotiques, se répand dans le monde. Après avoir touché plusieurs dizaines de Britanniques, la bactérie a infecté trois Australiens, qui ont voyagé en Inde. Les experts craignent une propagation mondiale.

Selon le professeur Peter Collignon, chef du service des maladies infectieuses à l’Hôpital de Canberra, ces personnes ne représentaient que la « partie émergée de l’iceberg ». « Il doit y en avoir bien plus parce que c’est très difficile de repérer ce gène particulier, à moins de disposer de matériel sophistiqué », a-t-il déclaré.

Cette entérobactérie, productrice d’une enzyme baptisée « New Delhi métallo-beta-lactamase » (NDM-1), a été identifiée pour la première fois en 2009 par Timothy Walsh (université de Cardiff, Royaume-Uni) chez un patient suédois qui avait été hospitalisé en Inde.

Mais, selon une étude publiée cette semaine dans la revue britannique The Lancet Infectious Diseases, des chercheurs l’ont aussi isolée chez 37 patients au Royaume-Uni, dont certains avaient voyagé en Inde ou au Pakistan pour y subir une opération de chirurgie esthétique.

Cette nouvelle enzyme, qui trouve son origine dans le subcontinent indien, annihile l’action de presque tous les antibiotiques. Seule la « colistine », créée dans les années 50 mais extrêmement toxique pour les patients, peut venir à bout de la dite NDM-1.

Un mort en Belgique

En juin dernier, un cas a été détecté à l’hôpital AZ VUB. « Il s’agissait d’un patient diabétique habitant Bruxelles. En voyage au Pakistan, son pays d’origine, il a été victime d’un accident de voiture. Hospitalisé sur place pour une importante plaie à la jambe, il a ensuite été rapatrié en Belgique mais son état était déjà septique », explique Denis Piérard.

Le corps médical a ensuite découvert « une bactérie horriblement résistante ». Malgré l’administration de « colistine », le patient est décédé.

On ne parle pas de problème de santé publique en Belgique, mais le microbiologiste concède tout de même que « mis à part la colistine, nous sommes tout de même limités dans les traitements thérapeutiques ». Cette bactérie peut causer des infections urinaires, abdominales, pulmonaires ou des plaies ouvertes.

Selon le docteur Piérard, l’enzyme ne peut être contractée, actuellement, qu’en milieu hospitalier en Inde ou au Pakistan. Interrogé par la RTBF dans son journal, Youri Glupczynski, microbiologiste à l’UCL, parlait de deux cas détectés en Belgique en 2010.

Pas de mesures supplémentaires

Les hôpitaux belges ne vont pas instaurer de mesures supplémentaires pour lutter cette « superbactérie » qui semble résister à tous les antibiotiques. Le SPF Santé Publique a envoyé récemment une note aux hôpitaux dans laquelle le département appelle à la vigilance et au dépistage actif lors de l’admission des patients à risque. « Cela devrait provisoirement suffire », a déclaré le professeur Herman Goossens de l’UZ Anvers. « Actuellement nous ne pouvons rien faire de plus », a précisé le professeur Goossens. « Nous devons d’abord évaluer le nombre de cas ».

Le Vif.be, avec Belga

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