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L’OMS remet en cause sa gestion de la grippe A

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) admet des erreurs en matière de gestion de pandémie grippale H1N1. Face à la déferlante de critiques, un comité d’experts de 28 pays a été mis en place. Il auditionne depuis hier les responsables de l’institution onusienne.

Comment justifier la vague de panique insufflée par l’OMS au sujet de la grippe A ? Accusée d’avoir exagéré l’impact potentiel de la pandémie, l’Organisation vient d’admettre des failles dans sa gestion épidémique.

A ce jour, la grippe H1N1 a coûté la vie à 17 770 personnes dans 213 pays. Ce chiffre reste bien inférieur à celui d’une grippe saisonnière. Le virus s’étant trouvé moins pernicieux que prévu, l’OMS avoue ne pas avoir communiqué suffisamment sur l’incertitude concernant le degré de gravité viral. « Beaucoup ont interprété cela comme un processus dénué de transparence », rapporte Keiji Fukuda, principal responsable des recherches sur la pandémie à l’OMS.

A vu de ce constat, les 29 experts réunis pendant trois jours à Genève comptent bien aborder de front les problèmes suivants : comment évaluer la virulence des maladies infectieuses ? Comment estimer le nombre potentiel de décès ? Quelles sont les zones géographiques les plus sensibles ?

A l’ouverture du conseil des experts, devant les représentants des 193 pays membres et des Organisations non gouvernementales, la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan a annoncé : « Nous cherchons à tirer les leçons (…) de la façon dont l’OMS et la communauté internationale ont répondu à la pandémie ». De même, elle a espéré aboutir à une évaluation fructueuse : « Nous voulons savoir ce qui a bien fonctionné. Nous voulons savoir ce qui n’a pas marché et, dans l’idéal, pourquoi ? Nous voulons savoir ce qui aurait pu être amélioré et, dans l’idéal, comment ? »

L’état de pandémie mondiale avait été déclaré en juin 2009, suite à l’apparition de la souche de grippe A (H1N1) au Mexique et aux Etats-Unis. Les victimes étaient plutôt jeunes, environ 37 ans de moyenne d’âge, contre 75 ans pour la grippe saisonnière. Selon l’OMS, la situation paraissait inquiétante. Elle s’est finalement révélée beaucoup moins meurtrière qu’annoncée. Un an après l’arrivée du virus, « nous voulons une évaluation franche, critique, transparente, crédible et indépendante de notre performance », a ajouté Margaret Chan.

Des millions de vaccins inutilisés

La collaboration entre l’OMS et le secteur pharmaceutique intrigue. Sous les recommandations de l’OMS, les états ont amassé des doses de vaccins qui n’ont finalement pas servi. Malgré des campagnes de vaccination largement reléguées par les médias, les populations ont rechigné à se faire vacciner. La plupart des pays se retrouvent avec des quantités faramineuses de sérums inusités. Aujourd’hui la polémique enfle autour les liens entre l’OMS et l’industrie pharmaceutique, notamment avec les laboratoires GlaxoSmithKline.

A la suite de ces trois jours, les experts sont priés de faire le point sur cette controverse. Un rapport intérimaire sera transmis à Margaret Chan avant l’assemblée générale de l’OMS en mai. Les conclusions finales sont attendues pour janvier 2011.

Sarah Bourhis, avec Belga

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