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« L’infanticide peut être expliqué par des facteurs multiples »

L’infanticide reste « un acte qui peut être expliqué par des facteurs multiples », indique Laurence Regini, psychologue clinicienne. « Il faut être humble et admettre qu’il n’existe pas une seule explication pour un tel fait », estime-t-elle.

Le Dr. Raymond Gueibe, psychiatre et expert auprès des tribunaux, indique que les motivations d’un tel acte peuvent être de natures très différentes. La mère peut ainsi se trouver dans un état psychotique « et être tout-à-fait en dehors de la réalité, en croyant, par exemple, que son enfant est possédé ». Une personne dans cet état n’est plus consciente de la portée de ses actes et peut être déclarée « pénalement irresponsable ».

Dans un autre cas de figure, la mère peut se trouver dans un « état dépressif profond ». « La mort peut dès lors être perçue comme plus agréable que la vie », explique le Dr. Gueibe. « L’auteur voit son acte comme un acte d’amour et pas comme un acte égoïste », ajoute le psychiatre. « C’est une solution extrême, qui intervient quand la personne pense qu’il n’y a plus d’autres possibilités », complète Laurence Regini. « La principale difficulté est de rentrer dans le système de la pensée de la personne ayant commis un infanticide. Ce qui lui paraît logique reste illogique pour le reste du monde. » Ceci est par exemple une des clés de lecture de l’affaire Lhermitte, du nom de cette mère qui avait tué ses cinq enfants à Nivelles en 2007, indique le Dr. Gueibe.

D’autres motifs peuvent encore motiver un infanticide, comme vouloir arrêter les souffrances d’un enfant handicapé ou la volonté de faire du mal à un tiers, par exemple le père de l’enfant, expliquent les spécialistes.

Le célèbre psychanalyste Sigmund Freud avait parlé de l’infanticide comme d’un « fantasme inconscient ». Une lecture que ne partage pas Laurence Regini. « C’est une vision très archaïque même s’il est vrai que, dans de très rares cas, le pouvoir de donner la vie peut aussi être perçu comme celui de la reprendre. »

Les deux spécialistes insistent cependant sur la singularité de chaque cas. « Les raisons d’un tel acte sont à chercher dans l’histoire de chacun, qui est unique », conclut le Dr. Gueibe.

Le Vif.be, avec Belga

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