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L’Europe réussira-t-elle à atterrir sur Mars ?

Le Vif

L’Europe spatiale tente mercredi de poser en douceur un atterrisseur sur Mars, un exercice périlleux, treize ans après les mésaventures du petit Beagle 2 qui n’avait jamais réussi à émettre.

Simultanément, la sonde scientifique européano-russe TGO, qui s’est séparée dimanche de l’atterrisseur, doit réussir à se mettre en orbite autour de Mars. Une manoeuvre délicate elle aussi, qui nécessite une grande précision. « Jusqu’à présent tout se passe bien » pour l’atterrisseur et la sonde, a déclaré Michel Denis, directeur des opérations en vol de la mission ExoMars à l’Agence spatiale européenne (ESA).

Depuis les années 1960, plus de la moitié des missions martiennes se sont soldées par un échec. Et jusqu’à présent, seuls les Américains ont réussi à poser sur Mars des engins qui sont parvenus à fonctionner.

Les deux opérations sont contrôlées depuis le Centre européen d’opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne).

La sonde et l’atterrisseur Schiaparelli, qui ont effectué un périple de sept mois avant d’atteindre la planète, forment le premier volet d’ExoMars, mission scientifique européano-russe qui vise à rechercher des indices d’une vie actuelle et passée sur Mars. Elle se déroulera en deux temps (2016 et 2020).

TGO (Trace Gas Orbiter) sera chargée de « renifler » l’atmosphère martienne pour détecter des gaz à l’état de traces comme le méthane qui pourrait indiquer la présence d’une forme de vie microbienne actuelle sur la planète.

Mercredi, vers 13H00 GMT (15h00 heure de Paris), la sonde a commencé sa manoeuvre de freinage qui doit lui permettre d’être capturée par l’attraction de la planète et de s’insérer en orbite. »La manoeuvre de TGO se passe bien pour le moment. Tout est normal », a déclaré Michel Denis.

D’une masse de 577 kg au départ, Schiaparelli est une capsule de 2 m 40 de diamètre. Il devait atterrir à 14H48 GMT (16H48 heure de Paris).

Mais il faudra sans doute plusieurs heures pour savoir si tout s’est bien passé.

Le module « s’est réveillé comme prévu » avant son atterrissage, a tweeté l’ESA. « La confirmation est arrivée grâce au Giant Metrewave Radio Telescope (GMRT) en Inde ».

Une petite ligne pâle est apparue sur un écran de l’ESOC, signe que Schiaparelli émet un signal radio. « C’est comme un petit cheveu sur un écran gris blanc », selon Michel Denis.

Il faut dix minutes pour que le signal de Schiaparelli arrive à la Terre.

C’est la deuxième fois que l’Europe se lance à la conquête de Mars. En 2003, la sonde européenne Mars Express avait largué un mini-atterrisseur Beagle 2, de conception britannique, qui a atterri mais n’a jamais donné signe de vie.

Six minutes de terreur

A 14h42 GMT (16h42 heure de Paris), à 120 km de la surface, Schiaparelli devait entrer dans l’atmosphère martienne à une vitesse de 21.000 km/heure.

Devaient s’écouler ensuite six petites « minutes de terreur » comme les appellent les ingénieurs du spatial. Schiaparelli devait d’abord être freiné par un bouclier thermique puis par un grand parachute. Sur la fin, neuf rétrofusées devaient entrer en action.

Leurs moteurs devaient être coupés tout près du sol.

L’impact final doit être amorti par une structure écrasable protégeant le ventre de l’atterrisseur.

Mais comment savoir si Schiaparelli s’en est sorti ? Le radiotélescope indien sera le premier à tenter de capturer un signal du module environ dix minutes après l’impact.

La sonde européenne Mars Express, toujours en vie, sera aussi à l’écoute d’un signal.

La sonde américaine MRO recueillera des données qui seront envoyées à la Terre plusieurs heures après l’atterrissage.

Schiaparelli doit se poser à l’intérieur d’une ellipse sur la plaine équatoriale de Meridiani Planum, sur laquelle a déjà atterri en 2004 le robot mobile américain Opportunity.

Le module est équipé d’une petite station météo qui mesurera la pression, la température, la vitesse du vent mais aussi les champs électriques à la surface de Mars.

La vie de Schiaparelli sera de courte durée : deux à huit jours environ car il est seulement équipé d’une batterie non rechargeable.

La sonde TGO emporte quatre instruments dont deux conçus par les Russes. Elle commencera sa mission scientifique début 2018.

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