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Habiter près d’une centrale nucléaire favoriserait la leucémie chez l’enfant

Selon une étude publiée dans l’International Journal of Cancer, les cas de leucémies seraient deux fois plus fréquents chez les enfants vivants à proximité d’une centrale nucléaire. Les scientifiques refusent cependant d’en tirer des conclusions définitives.

C’est de l’avis des chercheurs eux-mêmes une vraie surprise. Une étude de l’ensemble des 2753 cas de leucémies de l’enfant diagnostiqués en France entre 2002 et 2007 montre que la maladie est environ deux fois plus fréquente chez les petits qui vivaient à moins de 5 kilomètres d’une centrale nucléaire lors de leur diagnostic. Une découverte publiée dans l’International Journal of Cancer, une revue scientifique réputée, qui vient confirmer des résultats similaires déjà observés en Allemagne.

En dépit de cette corrélation significative, les auteurs de l’étude, des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, se refusent à tirer des conclusions définitives, et surtout à faire un lien avec les rejets de substances radioactives gazeuses des centrales françaises.

Trouver la « cause » du « signal »

Ils ont tenté d’établir un lien éventuel entre le nombre de leucémies de l’enfant et la dose d’exposition radioactive – associée à ces gaz – estimée sur leur lieu d’habitation, qui ne dépend pas que de la distance, mais aussi de la géographie des sites et des conditions météorologiques locales (notamment les vents dominants). Mais aucune relation entre la dose estimée et le nombre de cas n’a pu être établie.

« Il y a ce qu’on appelle un signal », explique Jacqueline Clavel, de l’Inserm et co-auteur des travaux. « Nous devons en trouver la cause, puisque la radioactivité n’est pas en jeu. La présence de lignes à haute tension à moins de 600 mètres de l’habitation n’intervient pas non plus dans cette augmentation. Il faudra des études beaucoup plus larges, par exemple à l’échelle de la population européenne. »

Parmi les facteurs qui pourraient expliquer l’apparition de leucémies près des centrales nucléaires, les chercheurs évoquent dans leurs travaux « des mélanges de population et l’exposition à des agents physiques, par exemple des radiations naturelles ou artificielles qui ne sont pas prises en compte dans les modèles. »

« Un suivi épidémiologique autour des centrales »

Les études épidémiologiques de ce type sont particulièrement difficiles à mener, compte tenu du faible nombre de cas de leucémies relevé dans un périmètre proche des centrales. De plus, les chercheurs ne connaissent que le lieu du domicile occupé par les enfants au moment du diagnostic de leur maladie. Ils ne connaissent pas l’histoire de chacun d’entre eux, ce qui permettrait de connaître l’exposition réelle à la radioactivité depuis leur naissance. De même, ils ne savent pas où vivaient leurs mères durant la période prénatale, une période qui pourrait jouer un rôle dans l’apparition des leucémies.

Denis Delbecq, L’Express.fr

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