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GB: un coin reculé des Highlands avant-poste de la conquête spatiale

Le Vif

Qu’importe le Brexit: dans le comté de Caithness et Sutherland au fin fond des Highlands écossaises, on s’intéresse davantage aux fusées ultra-modernes qui en décolleront bientôt pour porter des satellites dans l’espace.

Le premier spatioport du pays sera bâti dans cette contrée reculée de la côte britannique et pourrait être opérationnel d’ici à peine trois ans, après une décision du gouvernement dévoilée cette semaine au salon de l’aéronautique de Farnborough dans la banlieue de Londres.

L’Agence spatiale du Royaume-Uni a décerné 2,5 millions de livres sterling (2,8 millions d’euros) de subvention pour aider à la construction d’un spatioport à lancement vertical à Sutherland qui devrait ouvrir en 2021.

L’annonce a ravivé les espoirs d’une industrie aérospatiale craignant les effets de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne et a réjoui une Écosse europhile, dont les votes favorables au maintien dans le bloc continental n’avaient pas suffi à inverser la tendance pro-Brexit enregistrée en Angleterre et au Pays de Galles au référendum de 2016.

Les lanceurs, créés par le géant américain Lockheed Martin et la start-up Orbex, feront 17 mètres de haut et permettront de faire décoller des fusées qui ne prendront que huit minutes à atteindre l’orbite terrestre.

« Nous sommes ravis d’avoir été sélectionnés », jubile Roy Kirk, responsable de Caithness et Sutherland pour Highlands and Islands Entreprise (HIE), une agence de développement qui travaille pour le gouvernement régional écossais, dans une interview avec AFP à Farnborough. « L’économie locale va en bénéficier ».

Le spatioport emploiera environ 40 personnes après trois ans d’exploitation, mais la chaîne d’approvisionnement qui l’entourera engendrera quelque 400 emplois.

Les satellites envisagés serviront à la navigation, aux prévisions météo, aux télécommunications et aux transactions financières, en plus de leurs rôles dans les secteurs énergétique et de la défense.

L’installation à Sutherland coûtera environ 17,3 millions de livres à construire, dont 10 millions viendront de HIE. Le spatioport sera idéalement situé pour lancer des fusées porteuses de satellites au dessus du Pôle Nord.

Économie locale en orbite

Le gouvernement britannique cherche à soutenir l’industrie aérospatiale après que son rôle au sein des projets spatiaux européens – dont l’emblématique Galileo – ait été remis en question par le Brexit.

L’économie spatiale est un des secteurs qui croît le plus rapidement au Royaume-Uni et génère plus de 13 milliards de livres de chiffre d’affaires annuel.

« Nos ambitions vis-à-vis du secteur de l’espace sont les mêmes qu’avant le Brexit », assure à l’AFP Graham Turnock, chef de l’Agence spatiale britannique, en marge du salon de Farnborough. « Nous visons toujours les 10% du marché spatial mondial d’ici 2030. Nous sommes confiants que nous pouvons faire cela. »

M. Turnock a aussi cherché à éloigner toute crainte que le Brexit, prévu pour 2019, ferait du mal à l’industrie. « Nous avons dit que nous voudrions certainement continuer à participer aux programmes Galileo et Copernicus, mais il faut deux parties pour pouvoir avoir cette discussion », ajoute M. Turnock qui aimerait davantage de souplesse de la part de Bruxelles.

Le ministre des Transports britannique Chris Gayling est d’ailleurs venu à Farnborough pour promouvoir l’investissement dans le marché spatial.

« Après avoir été pionniers du développement des petits satellites pendant plusieurs années, la construction de nos propres spatioports va nous permettre d’offrir à nos clients un emplacement unique pour trouver ce dont ils ont besoin, au Royaume-Uni », a dit M. Grayling à des délégués. « Une offre complète de services, de la conception à la construction, jusqu’au lancement. »

Pour Martin Barstow, professeur en astrophysique et sciences spatiales à l’Université de Leicester, « l’impact principal du Brexit en ce moment est l’incertitude » mais il y voit aussi « quelques conséquences positives » pour l’industrie, citant les investissements du gouvernement pour le spatioport de Sutherland ou le Space Park de Leicester – un centre industriel mondial prévu pour 2020 dans cette ville du centre de l’Angleterre.

« Le gouvernement doit tout d’un coup se focaliser sur la stratégie industrielle et doit investir dans ces régions assez rapidement. »

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