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Faut-il repenser le dépistage du cancer du sein ?

Stagiaire Le Vif

Une étude canadienne relance la polémique autour de la question de l’utilité de la mammographie dans le dépistage du cancer du sein.

En septembre dernier, le Dr Jérôme Viguier, directeur du Pôle santé publique et soins de l’Institut national du cancer (INCa-France) avait estimé que la controverse sur l’utilité de la mammographie était « scientifiquement réglée ». Mais les résultats d’une nouvelle étude relancent le débat. Réalisée sur 90 000 femmes, âgées de 40 à 59 ans, l’étude s’est déroulée sur 25 ans. Celle-ci avait pour but de mesurer l’efficacité du dépistage du cancer par mammographie. Le constat des scientifiques est préoccupant : si les dépistages sont plus nombreux, la mortalité reste la même.

L’étude révèle que les femmes ayant subi chaque année des mammographies n’auraient pas moins de risque de mourir d’un cancer du sein que celles ayant seulement bénéficié d’un examen physique. En effet, sur les 44 925 femmes suivies par mammographie, 500 d’entre elles sont décédées d’un cancer, contre 505 décès sur les 44 910 autres.

Au bout des 25 ans d’observation, les chercheurs ont pu observer que, si plus de tumeurs avaient effectivement été détectées chez les femmes ayant recours à la mammographie, le taux de mortalité des patientes souffrant d’un cancer du sein restait le même. Selon les auteurs de l’étude, ce phénomène s’expliquerait par le « surdiagnostic » des cancers qui concerne le dépistage de certaines tumeurs bénignes qui n’auraient eu qu’un impact minime sur la santé de la patiente.

« Nos résultats rejoignent les vues de certains commentateurs qui estiment que les politiques de dépistage par mammographie devraient être revues », concluent les auteurs canadiens.

Danièle Drolet, vice-présidente de la Fondation contre le cancer du sein au Québec interrogée par le journal canadien « TVA Nouvelle« , réagit : « Ce que l’on ne veut pas, c’est que ce genre d’étude fasse en sorte que les femmes n’y aillent plus parce que là, on sera vraiment en difficulté et les femmes ne seront pas dépistées à temps et cela aura certainement un impact sur leur santé ».

Des spécialistes québécois intiment la prudence quant à l’interprétation de ces résultats. Le docteur André Robidoux, chirurgien spécialisé dans le cancer du sein au CHUM rappellent que pas moins de 8 études, dont la plus récente remonte à 2012, avaient au contraire estimé que le dépistage du cancer du sein par mammographies sauvait des vies malgré un surdiagnostic de près de 20 pour cent des cancers. C’est d’ailleurs suite à ces différentes études que les pays européens avaient mis en place des programmes de dépistage du cancer du sein par mammographie.

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