Baleine à bosse © Getty Images/iStockphoto

Dents de baleines: la théorie de Darwin contestée par la science

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Une étude défait la théorie selon laquelle les dents de certains animaux préhistoriques ont été façonnées pour permettre de filtrer l’eau.

Des chercheurs australiens ont découvert de nouveaux éléments qui contestent une théorie populaire de Darwin sur les fanons des baleines, qui agissent comme un filtre pour n’en retenir que de petites proies comme le krill.

Les scientifiques ont effectué la modélisation 3D d’une dent préhistorique creusée dans une roche dans le sud de l’Etat de Victoria (Australie). Ils l’ont ensuite comparée à une modélisation similaire de prédateurs modernes. L’équipe de scientifiques, basée aux Museums Victoria, a constaté que, plutôt que d’être façonnées comme un précurseur de l’alimentation par filtrage, les dents de baleines ancestrales étaient étonnamment pointues. « Leurs dents ont vraiment été conçues et optimisées pour trancher la chair », déclare le Dr Erich Fitzgerald, conservateur principal de la paléontologie des vertébrés, au Guardian. « Les dents de baleine ressemblent davantage aux lames de tranchage des grands chats ou des chiens sauvages. »

La dent étudiée appartenait à une baleine préhistorique de type Janjucetus, une espèce qui coexistait avec les précurseurs des mysticètes (baleines à fanons), il y a environ 25 millions d’années. « Les dents du Janjucetus étaient pratiquement aussi pointues que celles des lions vivant actuellement en Afrique, une découverte qu’on a trouvé surprenante », ajoute Fitzgerald.

Pas une évolution « linéaire »

Ces recherches remettent en question la théorie selon laquelle les dents des baleines préhistoriques étaient façonnées pour pouvoir filtrer l’eau, comme les dents des phoques crabiers, et que la fonction de filtrage a conduit à une évolution linéaire entre les dents et les fanons. C’était en tout cas la théorie qu’exposait Charles Darwin dans son ouvrage « L’Origine des Espèces ». Selon lui, la baleine boréale – qu’il appelait la baleine du Groenland – aurait évolué « par des étapes finement graduées ».

Il s’agissait d’une suggestion hypothétique pour illustrer sa théorie de l’évolution, souligne The Guardian, mais « l’histoire linéaire » de la manière dont les baleines ont développé les fanons a persisté, ajoute Fitzgerald. Mais la nouvelle étude, publiée dans la revue Biology Letters, soutient une autre théorie, selon laquelle les baleines étaient des prédateurs impitoyables, qui ont perdu leurs dents avant qu’elles n’évoluent en fanons. « Ils ont commencé en étant des tueurs. (…) », conclut Fitzgerald.

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