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Dangers sanitaires: l’Europe n’écoute pas les signaux d’alerte

Le Vif

Les « signes avant-coureurs » des dangers potentiels des nouvelles technologies, comme les OGM ou les téléphones mobiles, doivent être mieux pris en compte, a plaidé jeudi l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), qui publie un rapport pointant les failles de la régulation sanitaire européenne.

Insecticides, perchloréthylene, bisphenol A, essence plombée… « Tout au long du rapport, nous citons des exemples où il y avait une identification initiale d’un préjudice et où ce préjudice s’est développé » malgré tout, indique Jacqueline McGlade, directrice exécutive de l’AEE. Ce document de 750 pages, « Signaux précoces et leçons tardives », examine comment, dans le passé, des « signes avant-coureurs ont bien souvent été étouffés ou ignorés » lors du développement de nouvelles technologies ou de produits. Avec des coûts non négligeables en termes sanitaires (maladies, mortalité), environnementaux mais aussi financiers, relève l’agence, basée à Copenhague.

« Ecouter les avertissements, agir avec précaution stimulera l’innovation pour nous offrir de meilleures solutions: c’est le retard dans l’action qui aboutit à coûter cher à la société », estime Jacqueline McGlade. Appelant à tirer les leçons de ces « ratés » passés, l’agence « recommande une plus large utilisation du principe de précaution afin de réduire les risques potentiels des technologies et produits chimiques novateurs insuffisamment testés ». Concernant les téléphones mobiles, par exemple, l’agence pointe « l’inertie de l’industrie » pour « prendre en considération les différentes études et prendre en compte la classification du Centre international de recherche sur le cancer (IARC) », instance qui, en 2011, avait classé les champs électromagnétiques émis par les mobiles et les autres appareils comme cancérigène « possible ».

L’AEE affirme ainsi que, sur la dernière décennie, seulement 1% du financement public pour la recherche a porté sur les dangers potentiels des produits développés, dans les domaines des nanotechnologies, de la biotechnologie et des technologies de le la communication. « 99% sur le produit, 1 % sur le risque, cela ne peut pas suffire », estime Mme McGlade. Ce rapport constitue le deuxième volet d’un document publié en 2001.

« Ce que montre ce rapport, c’est que malheureusement on continue et que les enseignements tirés du premier rapport n’ont pas été suivis », a réagi auprès de l’AFP la députée européenne Corinne Lepage. Ce document sort avec « deux ans de retard » a-t-elle constaté, mettant ce retard sur les « pressions probables qui ont du s’exercer sur l’agence ». L’ancienne ministre française de l’Environnement a salué « un rapport remarquable, à un moment où il est de bon ton d’être défiant à l’égard de agences et des institutions européennes ». « Cet excellent rapport montre que l’application du principe de précaution peut être un moteur à l’innovation en Europe », a pour sa part estimé Lisette van Vliet, conseillère principale de l’ONG internationale HEAL (Health and Environment Alliance).

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