L'union étonnante de l'industrie alimentaire et de la robotique. © DR

« Ce soir, on mange du robot » : l’étonnante union entre l’industrie alimentaire et la robotique

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Et si les robots devenaient un nouveau maillon de notre chaîne alimentaire ? On connaissait déjà les robots tueurs, les robots causeurs (chatbots), les robots contenant de l’ADN ou encore les androïdes avec IA (intelligence artificielle). Voici à présent des robots comestibles, curieuses chimères issues de l’union de l’industrie alimentaire et de la robotique.

Entièrement mangeables, principalement constitués d’une substance molle gélatineuse, ces robots, développés par les Suisses de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ouvrent une voie radicalement nouvelle dans la robotique : celle de machines que les gens choisiraient d’avaler volontairement pour leurs performances médicales et qu’ils accepteraient de garder dans leur corps.

Pour les géniteurs de l’engin, ce dernier constitue une aubaine dans des zones privées de médecins : en effet, il suffit au patient de manger le robot, sans assistance médicale et sans avoir besoin de le stériliser. La batterie est également comestible. S’inspirant de l’encre de pieuvre et de son pigment, la mélanine (que l’on retrouve dans nos yeux ou nos cheveux et qui sera donc  » reconnue  » par notre corps), les chercheurs ont fabriqué une batterie non toxique et puissante.

Le travail de l’EPFL n’a rien de fantaisiste. L’idée de base était de s’inspirer des propriétés mécaniques des aliments (rigidité, élasticité, etc.) et de créer un outil qui ne causerait aucun tort à l’être humain en cas d’ingestion définitive, étant entièrement biodégradable. Mais les chercheurs de Lausanne veulent aller plus loin et mélanger les composants de ces robots comestibles à de vrais nutriments ou à des éléments pharmaceutiques capables de doper la digestion.

La palette d’applications est vaste : exploration du corps, soins locaux non intrusifs (cicatriser une plaie interne)… En éthologie aussi, la technologie comestible fait rêver : les bêtes sauvages qui ingurgiteraient un tel robot donneraient des masses d’infos nouvelles et inédites sur leur comportement.

Cette technologie pourrait être mêlée à celle des microrobots origami, inspirés de l’art ancestral japonais du pliage. En effet, ce qui coince, pour l’instant, c’est la miniaturisation. Or, il existe, depuis 2015, des microrobots (moins de 2 cm) étonnants qui s’assemblent eux-mêmes et sont encapsulés dans une gélule que le patient avale. Une fois dans l’estomac, la gélule se dissout et libère le robot origami. Piloté par des champs magnétiques externes, le robot peut, par exemple, attraper un objet malencontreusement avalé par le patient. Une technique mise au point conjointement par des chercheurs du Tokyo Institute of Technology, de l’université de Sheffield et du MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire