Les algues : le futur de l'énergie et des technologies. © Camille Lusardi/Belgaimage

Bientôt des batteries nourries aux algues ?

Le Vif

Les algues sont partout. Alors que leur potentiel pour nourrir l’humanité se dessine mieux chaque jour, elles pourraient demain aussi alimenter nos batteries. En effet, si le graphite est aujourd’hui un matériau prisé pour jouer le rôle d’anode (borne négative) dans les batteries lithium-ion, il pourrait être supplanté à l’avenir par une anode biosourcée.

Lors de la dernière conférence de l’American Chemical Society, le docteur Dongjiang Yang de l’université chinoise de Qingdao a révélé que les algues étaient d’excellents précurseurs à la synthèse de nanomatériaux performants dans le stockage de l’énergie. Par l’intermédiaire d’ions cobalt, il a créé des nanofibres de carbone en forme de boîte à oeufs capables de jouer le rôle de l’anode dans les batteries du futur. Et, selon ses propos très enthousiastes, la capacité de cette anode biosourcée (625 milliampères par gramme) serait environ le double de celle des anodes graphites traditionnelles (372 mAh/g).

Toutefois, la professeur Nathalie Job, spécialiste des batteries à l’ULg, tempère.  » Doubler la capacité de l’anode en grafite, ce n’est pas révolutionnaire en soi. Surtout que l’on ne sait pas de quelle façon les chercheurs l’ont mesurée. La valeur de la capacité dépend en effet du voltage auquel ils ont travaillé.  » Or, cette information est manquante.

A noter que si l’on parvenait à développer une anode d’une capacité de 2 000 mAh/g, cela ne servirait pas à grand-chose si la capacité de la cathode (borne positive) continue à stagner à 300 mAh/g : cette dernière est alors limitante. Bien sûr, on peut compenser cette faiblesse en augmentant sa taille, mais au prix d’un poids et d’un encombrement plus élevés. Or, à l’ère de la miniaturisation, ce serait aller à contresens des besoins du marché. Anode et cathode forment un couple qui fonctionne au mieux s’il est équilibré.  » Des recherches sur des matériaux organiques arrivent à de bons résultats pour les cathodes. Leur capacité serait multipliée par 10, explique Nathalie Job. Néanmoins, ces cathodes de polymères rencontrent des problèmes de durée de vie.  »

Car la capacité n’est pas tout. Il faut également que le matériau ne se détériore pas et que la batterie soit capable d’un très grand nombre de cycles de charge et décharge. C’est-à-dire qu’elle puisse, souvent et sur le long terme, léguer une très grande partie de son énergie et en accumuler autant.

Et la difficulté ne s’arrête pas là. En effet, imaginons que les chercheurs parviennent à développer une anode et une cathode de capacité élevée et de longue durée de vie, encore faut-il qu’elles fonctionnent avec les mêmes électrolytes. Or, ce n’est pas le cas actuellement : chaque superélectrode a besoin de baigner dans une substance conductrice de courant qui lui est propre pour fonctionner à son maximum. Dans l’état actuel de la recherche, on n’a donc que des demi- » superpiles « . Dans le monde entier, des scientifiques carburent pour y remédier.

Par Laetitia Theunis.

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