En 6 500 avant Jésus-Christ, le Doggerland disparaît définitivement sous les eaux et la Grande-Bretagne devient une île. © Getty Images/iStockphoto

Belgica : À la conquête de la civilisation perdue du Doggerland

Stagiaire Le Vif

Une équipe d’archéologues et d’experts marins embarqueront sur le Belgica ce mardi 10 avril pour se lancer à la recherche d’une terre immergée et de sa civilisation perdue : le Doggerland. Mais quelle est donc cette zone inondée située en mer du Nord ?

Lors de cette expédition, des équipes de l’Université de Bradfort (Angleterre) rejoignent l’Université de Gand et l’Institut flamand de la Mer (VLIZ) afin de retracer l’histoire de la civilisation aujourd’hui disparue du Doggerland.

Cette recherche se déroule dans le cadre du projet « Lost Frontiers », dans lequel les archéologues doivent cartographier les paysages préhistoriques de la partie de la mer du Nord connue sous le nom de Doggerland. Des échantillons de sédiments seront notamment collectés et les forces géophysiques de la zone seront analysées par les chercheurs. Au final, le but sera d’examiner la présence d’une activité humaine, explique le Musée des sciences naturelles dans un communiqué.

Le navire Belgica prend la mer

C’est à bord du Belgica que les chercheurs embarquent lors de la première phase du projet. « Le A962 Belgica est un navire de recherche du gouvernement belge disposant d’un équipage de la Marine« , explique-t-on sur le site de la Défense. Sa mission principale est d’analyser la faune et flore dans la mer du Nord, grâce à un laboratoire embarqué qui prélève des échantillons biologiques, chimiques et géologiques.

Une équipe d'archéologues et d'experts marins embarqueront sur le Belgica ce mardi 10 avril.
Une équipe d’archéologues et d’experts marins embarqueront sur le Belgica ce mardi 10 avril.© La Défense

Pour le projet « Lost Frontiers », qui durera deux ans, les scientifiques mèneront tout d’abord des recherches géophysiques autour de la Brown Bank pour cartographier la zone. Dans la seconde phase, l’équipe recueillera des échantillons de sédiments pour analyser le paysage, les conditions environnementales et le potentiel d’habitation humaine. Dans le communiqué du musée, le Dr. Tine Missiaen de l’Institut flamand de la Mer explique que « la coopération internationale est indispensable pour démêler cet épisode unique de l’histoire de l’Europe. Seule l’utilisation combinée de nouvelles techniques de pointe nous permettra de cartographier et reconstituer dans le détail les paysages et colonies noyés« .

Le Doggerland, pays englouti

Située entre l’Angleterre, les Pays-Bas et le Danemark, le Doggerland mesurait environ 46 000 km², soit une superficie un peu plus grande que la Belgique (qui fait 30 528 km²), rapporte le National Geographic.

D’après l’Atlantico, le Doggerland était une vaste terre sauvage, couverte de forêts humides, de plaines, de collines, de marais et peuplée d’animaux préhistoriques. Durant la période glaciaire, le niveau de la mer était considérablement plus bas que celui que nous connaissons aujourd’hui (un niveau qui ne cesse aujourd’hui de monter à cause du réchauffement climatique) : il y avait jusqu’à 120m de différence.

Les glaciers fondent peu à peu, la glace recule et les terres émergées suivent le mouvement : en 6 500 avant Jésus-Christ, le Doggerland disparaît définitivement sous les eaux et la Grande-Bretagne devient une île, rapporte encore l’Atlantico. « À une certaine époque, les sommets de gigantesques chênes ont dû émerger morts, au milieu des marais salés. Ce devait être un paysage tout à fait étrange« , explique au National Geographic l’archéologue Martin Bell.

De la vie sur ces terres

La vie sur ces terres est longtemps restée un mystère, bien que l’on soupçonnait déjà que le sud des plaines de la mer du Nord – dans le centre du Doggerland – servait autrefois d’habitat pour des milliers de personnes, ajoute le musée des sciences naturelles de Belgique dans son communiqué.

Il y a de cela quelques années, des pêcheurs ont accidentellement attrapé dans leurs filets des restes de matériaux archéologiques : des pierres traitées, des os et restes humains ont été retrouvés dans la zone autour de la Brown Bank, une crête sableuse de la Doggerland. Cette découverte a soutenu la théorie d’une présence humaine durant plusieurs décennies.

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D’autres études menées par les chercheurs de l’Université de Gand ont également permis d’affiner la recherche puisqu’ils ont trouvé des systèmes fluviaux qui auraient façonné les plaines méridionales de la mer du Nord. Cela pourrait donc indiquer une zone spécifique où se trouvait autrefois un grand lac, dont les berges auraient été un endroit approprié pour une colonie.

Le Dr David Garcia Moreno de l’Université de Gand ne cache pas l’importance d’une telle découverte : « La confirmation de l’emplacement d’une vie préhistorique près de la Brown Bank et la caractérisation du système fluvial associé signifieraient une révolution« .

Chavagne Mailys

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