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A la recherche de l’origine des Incas, grâce à la génétique

Le Vif

Quelque 200 Péruviens et Boliviens détiennent en eux la clé des origines des Incas: c’est l’intuition de chercheurs du Pérou, du Brésil et de Bolivie qui veulent retracer l’histoire de ce peuple grâce à la génétique.

L’objectif de cette première « étude génétique sur la famille impériale inca »? Vérifier s’il existe ou non un seul patriarche commun à l’origine de cette civilisation, expliquent à l’AFP les chercheurs péruviens Ricardo Fujita et José Sandoval, de l’Université San Martin de Porres.

« Notre travail, c’est comme faire un test de paternité. Pas entre père et fils mais entre des peuples », souligne Ricardo Fujita.

Pour cela, les chercheurs ont effectué des prélèvements ADN sur 12 familles de la région de Cuzco « car il y a un contexte historique de généalogie, il existe des documents indiquant que depuis 1570 ces familles sont de la lignée des Incas », précise-t-il.

L’idée est notamment de démêler les deux légendes souvent rapportées pour expliquer la naissance du peuple inca: l’une l’attribue au couple formé par Manco Capac et Mama Ocllo, sorti du lac Titicaca, dans la région de Puno, où l’on parle l’aymara; l’autre identifie comme premiers incas les frères Ayar, descendus de la montagne de Pacaritambo dans la région de Cuzco, où l’on parle le quechua.

Des prélèvements ADN ont donc aussi été réalisés chez des habitants du lac Titicaca et du mont Pacaritambo.

« Nous les avons comparés avec notre base généalogique de plus de 3.000 personnes pour reconstruire l’arbre généalogique de tous les individus », indique M. Fujita. « Au final, nous avons réduit cette base à près de 200 personnes partageant des similitudes génétiques proches de la noblesse inca ».

A partir de la capitale Cuzco, l’Inca (qui signifie roi en quechua) contrôlait un empire de 2 millions de km2, Tahuantinsuyo, qui s’étendait de l’ouest de l’Argentine, jusqu’au sud de l’actuelle Colombie. Il a régné pendant deux siècles, jusqu’à l’invasion espagnole en 1532.

Deux lignées

Après avoir fasciné par sa culture, son organisation ou encore sa maîtrise de l’ingénierie, c’est désormais par le profil génétique de ses descendants que ce peuple intéresse les scientifiques.

L’étude, démarrée il y a trois ans, a donné ses premiers résultats en avril, publiés par la revue spécialisée Molecular Genetics and Genomics: en comparant l’ADN de plus de 3.000 habitants du Pérou, de Bolivie et d’Equateur, ils ont déjà réussi à prouver que les deux légendes autour de la naissance du peuple inca sont sans doute liées.

« La conclusion à laquelle nous sommes parvenus est que la noblesse du Tahuantinsuyo descend de deux lignées, l’une dans la région du lac Titicaca, l’autre vers la montagne de Pacaritambo. Cela confirme les légendes fondatrices, qui pourraient n’être qu’une », explique José Sandoval.

Car, « probablement, de la région de Puno est partie une première migration, qui s’est établie à Pacaritambo pour quelques décennies avant de se dirigée à Cuzco et de fonder le Tahuantinsuyo ».

Sur les 200 habitants identifiés comme descendants de la noblesse inca, 18 personnes, réparties entre le sud de la région de Cuzco, celle de Puno et le nord de la Bolivie, affichent un patrimoine génétique étroitement lié.

« Cela nous montre que les ancêtres des Incas sont venus du lac Titicaca et ont fait escale à Pacaritambo », souligne M. Fujita.

Mais le travail des chercheurs ne s’arrête pas là: désormais, il s’agit de déterminer avec exactitude l’origine de ce peuple.

« Pour cela, il est nécessaire de prendre de l’ADN de vestiges comme des momies, répertoriées dans des récits ou des documents officiels comme fils ou petits-fils d’incas, pour former le panorama le plus complet de l’origine de la civilisation préhispanique la plus importante », indique M. Fujita.

La tâche promet d’être compliquée car les conquistadors espagnols, à leur arrivée en 1532, ont imposé la destruction de nombreuses momies incas. Les scientifiques cherchent donc où ont été enterrées leurs descendants les plus directs, pour remonter le fil de l’histoire.

AFP

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