© Getty

Voici comment protéger votre peau du soleil et des insectes

Le Vif

Avec l’été, la peau s’expose… à des agressions bien particulières. Alors, ne laissez pas coups de soleil et piqûres d’insectes gâcher vos vacances !

Le soleil peut faire un bien fou. Non seulement au moral, mais aussi pour certains aspects de notre santé. Par exemple, en favorisant la production de vitamine D. Mais n’en abusez pas, tout de même : en excès, il risque de brûler la peau, d’accélérer son vieillissement et de provoquer l’apparition de tumeurs cutanées. Ces rappels élémentaires doivent être répétés chaque année, et nous ne ferons donc pas exception !

Le rayonnement ultraviolet est d’autant plus intense que l’on s’approche de l’équateur. « Sous les tropiques, utilisez de préférence un facteur de protection d’au moins 30, en particulier si vous appliquez également un répulsif à base de DEET pour éloigner les insectes, car ce type de produit peut réduire l’efficacité de la crème solaire », conseille le Pr Fons Van Gompel, médecin-chef à la clinique du voyageur de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. « Enduisez-vous toutes les deux heures et après chaque baignade, même si le produit est présenté comme ‘water resist’. En outre, souvenez-vous que l’eau rafraîchit, mais ne diminue pas le risque de coup de soleil. Pensez donc à vous mettre régulièrement à l’ombre. Éviter le plein soleil contribuera également à prévenir un problème moins connu mais non moins gênant : dans les régions chaudes et humides, les glandes sudoripares ont davantage tendance à se boucher et à former des boutons de chaleur, une éruption accompagnée de démangeaisons intenses. Ces petites papules rouges se manifestent surtout au niveau des épaules, voire sur l’entièreté du corps chez les enfants. Le prurit peut être soulagé par des douches froides, du talc au menthol si la plaie n’est pas ouverte, ou des lotions apaisantes et rafraîchissantes. »

Apprivoisés, pas sans danger

Mais le soleil n’est pas la seule agression possible. Il y a aussi par exemple les piqûres et morsures d’insectes ou d’animaux, plus fréquentes lorsque la peau est plus exposée. On pense surtout spontanément aux piqûres et morsures d’araignées, serpents et autres scorpions, qui restent pourtant relativement rares. « Les risques associés à des animaux plus sympathiques, tels que les chiens et chats errants ou les animaux sauvages à demi apprivoisés, restent par contre largement sous-estimés, souligne le Pr Van Gompel. Potentiellement mortel pour l’homme, le virus de la rage est encore présent dans bien des pays et les animaux contaminés ne sont pas toujours faciles à reconnaître : ils peuvent tout aussi bien avoir l’air ‘enragés’, qu’apathiques. En cas de morsure, lavez la plaie à l’eau et au savon pendant 15 minutes (le virus est très sensible aux détergents), rincez bien et désinfectez. Consultez ensuite sans tarder un médecin qui décidera s’il est nécessaire de vous administrer des anticorps et un vaccin contre la rage. Si vous prévoyez de faire de la randonnée ou du vélo dans un pays en voie de développement, mieux vaut vous faire vacciner à titre préventif, ce qui vous protégera partiellement contre le virus. »

Les champions des morsures et piqûres en tous genres restent toutefois les insectes, dont le nombre et la diversité semblent pratiquement infinis dans les régions chaudes et humides. Leurs attaques peuvent parfois irriter fortement la peau… mais surtout, ne vous grattez pas pour ne pas provoquer de plaies susceptibles de s’infecter ! « Ces infections sont un autre problème dont on tient trop peu souvent compte, souligne le Pr Van Gompel. Évitez donc de vous gratter, et apaisez les démangeaisons au moyen d’une crème corticoïde fortement dosée. Bien souvent, une seule application suffira. Évitez néanmoins d’utiliser ce type de produit sur le visage et appliquez-le plutôt en fin de journée pour ne pas risquer une réaction photo-allergique si vous exposez votre peau à la lumière et au soleil après application. »

La réaction de la peau aux piqûres d’insectes s’atténue généralement au fil du séjour. Il reste néanmoins important de s’en protéger, car certains sont susceptibles de transmettre des pathogènes.

Maudits moustiques !

L’exemple le mieux connu est sans doute le moustique anophèle, vecteur de la malaria dans de nombreuses régions (sub)tropicales. Il ne pique pratiquement que la nuit. « Chaque année, plusieurs Belges décèdent encore des suites de la malaria parce qu’ils n’ont pas pris (correctement) leurs antimalariques ou que, rassurés pas des symptômes initialement bénins, ils n’ont pas consulté un médecin à temps. Si vous avez de la fièvre au cours de votre séjour ou dans les trois mois qui suivent, faites donc toujours effectuer une prise de sang – et ce même si vous avez pris soigneusement vos médicaments, car ceux-ci n’apportent jamais une protection absolue. » Et sur place, les mesures de protection contre les moustiques doivent être strictement respectées (voir cadre).

Parfois tout aussi redoutables, les moustiques du genre Aedes sont actifs principalement en journée et sont susceptibles, en Amérique du Sud et en Afrique, d’être porteurs du virus de la fièvre jaune. Il n’existe aucun traitement contre cette maladie dont les symptômes rappellent ceux de la grippe et qui peut quelquefois provoquer la mort, mais un vaccin efficace est heureusement disponible. Si vous vous rendez dans une région à risque, vous devrez être en mesure de présenter une preuve de vaccination. « Les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées (par exemple parce qu’elles sont immunodéprimées) devront absolument veiller à se protéger scrupuleusement des moustiques au cours de la journée », souligne le Pr Van Gompel.

La dengue et le chikungunya sont également propagés par des moustiques du genre Aedes. Ces deux infections virales très similaires s’accompagnent généralement de fièvre et de douleurs musculaires violentes (dengue) ou d’inflammations articulaires (chikungunya). Le traitement est strictement symptomatique et la prévention repose entièrement sur les mesures de protection contre les moustiques, vu qu’il n’existe pas encore de vaccin. « La dengue est en pleine expansion dans nombre de zones tropicales, précise le Pr Van Gompel. Quant au chikungunya, il provoque actuellement des épidémies en Inde et en Asie du Sud et du Sud-Est ; il est également présent de façon plus sporadique dans une grande partie de l’Afrique. En 2014, il a même fait son apparition dans les Caraïbes, d’où il risque fort de se propager à l’Amérique latine dans les années à venir. »

Un dernier exemple des ravages provoqués par les moustiques ? « En Asie, les espèces du genre Culex, actives la nuit, sont susceptibles de transmettre l’encéphalite japonaise. Le risque est toutefois limité pour les touristes – sauf s’ils prévoient de séjourner dans les régions rurales, car les porcs constituent un important réservoir viral et les rizières sont de parfaits incubateurs pour les moustiques. Dans ce cas de figure, mieux vaudra donc se faire vacciner. »

Les passionnés de football qui ont l’intention de se rendre au Brésil pour la Coupe du Monde et d’en profiter pour découvrir les campagnes locales feront particulièrement attention aux punaises hématophages du genre Triatoma. « Leur morsure est généralement nocturne et indolore, mais la plaie est facilement contaminée par leurs déjections, qui sont susceptibles de contenir un parasite, explique Fons Van Gompel. Elles peuvent ainsi être responsables de la maladie de Chagas, qui peut provoquer des dommages au niveau du coeur et d’autres organes. Évitez donc de passer la nuit à la belle étoile ou dans des cabanes primitives. Si vous logez dans un hôtel bon marché, dormez sous une moustiquaire, que vous recouvrirez de préférence d’un drap pour vous protéger des déjections de punaises. Vaporisez d’insecticide les cachettes potentielles (derrière les cadres, dans les tiroirs, sous les matelas) et appliquez un répulsif sur les zones exposées de la peau. »

Mouches africaines

La mouche tsé-tsé n’est pas de celles qu’on chasse d’un geste de la main et même les répulsifs ne suffisent pas toujours à éloigner ce gros insecte piqueur africain. Le hic, c’est qu’elle peut être porteuse du parasite responsable, chez l’homme, de la maladie du sommeil. « Heureusement, ce risque est très limité dans les régions touristiques », précise le Pr Van Gompel.
D’autres mouches africaines sont surtout dangereuses à cause de leurs oeufs, qu’elles abandonnent sur le linge mis à sécher. « Détruisez-les en repassant les vêtements avec un fer très chaud pour éviter que les larves ne se nichent dans la peau pour s’y développer. La lésion ressemble à un simple furoncle mais provoque davantage de démangeaisons et présente au centre deux points noirs caractéristiques, qui permettent au parasite de respirer. »

Sous l’épiderme

Les lésions provoquées par la puce-chique peuvent également évoquer un furoncle, qui présente pour sa part un unique point noir en son centre. « L’insecte femelle fécondé peut s’introduire sous la peau du pied ou les ongles des orteils et y rester le temps de se développer, provoquant démangeaisons et douleurs. Il peut néanmoins être assez facilement éliminé en soulevant délicatement la peau au moyen d’une aiguille. N’oubliez pas, ensuite, de bien désinfecter la plaie. »

Certains parasites transmis par les chiens ou les chats peuvent également s’inviter sous notre épiderme. « La boue contaminée par des excréments peut par exemple être une source de contamination par des vers nématodes. Lorsqu’ils s’introduisent accidentellement dans la peau d’un hôte humain, la plupart ne survivent pas. Il arrive néanmoins qu’ils se déplacent sous l’épiderme pendant plusieurs mois, à une vitesse maximale de quelques millimètres par jour, provoquant une irritation cutanée au tracé tortueux et accompagnée de violentes démangeaisons. Les pieds, les mains et les fesses sont les zones les plus fréquemment touchées. Pour limiter le risque d’être victime de cette parasitose tropicale classique, évitez de vous promener pieds nus et asseyez-vous toujours sur un drap de plage. »

Plus près de chez nous…

Rappelons par ailleurs que nul n’est besoin de partir en vacances au bout du monde pour se faire mordre ou piquer par des insectes en tous genres. La mouche espagnole est déjà présente dans le Sud de l’Europe. Écrasé sur la peau, l’insecte libère des substances vésicatoires qui provoquent des lésions rouges et gonflées accompagnées d’une sensation de brûlure et de la formation d’ampoules. « Il conviendra alors de désinfecter la zone touchée avant d’y appliquer une crème contre les brûlures », conseille le Pr Van Gompel.

Les tiques aussi sont présentes chez nous, principalement dans les régions rurales et les zones boisées. Ne vous fiez pas à la protection que peuvent vous assurer les vêtements couvrants et les répulsifs et vérifiez soigneusement l’absence de tiques après chaque promenade dans la nature : le risque qu’elles transmettent à leur victime les pathogènes dont elles seraient éventuellement porteuses est en effet sensiblement moindre lorsqu’elles sont éliminées rapidement. « L’exception qui confirme la règle est le virus responsable de la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE), qui se rencontre principalement en Europe centrale et de l’Est et peut se transmettre dès l’instant de la morsure, précise le Pr Van Gompel. Le risque de contamination est très faible et l’infection elle-même restera généralement bénigne, provoquant tout au plus quelques symptômes grippaux. La méningo-encéphalite proprement dite est extrêmement rare et guérit le plus souvent sans provoquer de lésions permanentes. Néanmoins, les personnes qui font de la randonnée ou du camping dans une zone à risque peuvent envisager de se faire vacciner. »

Si vous envisagez de partir sous les Tropiques, le mieux est de bien se renseigner à l’avance sur le pays, sur les vaccins qu’il exige pour les touristes et sur les moyens de prévention à adopter sur place. Pour les vaccins, certains schémas de vaccination nécessitent plusieurs injections à plusieurs semaines d’intervalle. Mieux vaut donc se renseigner bien à l’avance, pour avoir le temps de respecter les étapes de vaccination… Une visite dans une « Travel Clinic » s’impose donc, avant de passer des vacances idylliques !

Par An Swerts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire