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Virus Zika : un test de détection dans le sang disponible en Belgique

François Remy
François Remy Journaliste

Avancée notable pour la qualité du diagnostic des (rares) cas de contamination belges. L’Institut de médecine tropicale d’Anvers a reçu ce jeudi un nouveau procédé décelant dans le sang les anticorps contre le virus Zika. Un test que l’IMT réserve pour l’heure aux femmes enceintes.

En Belgique, les autorités sanitaires parlent de deux cas de Zika, l’un confirmé et l’autre probable. Rien de comparable donc avec l’épidémie en Amérique latine. Certains se demanderont comment diable est-ce possible de l’affirmer si l’Institut de médecine tropicale d’Anvers vient seulement d’obtenir un test de dépistage.

L’IMT avait déjà élaboré en interne un diagnostic par PCR (polymerase chain reaction). Il s’agit d’une méthode classique de biologie moléculaire basée sur l’amplification génique. En dupliquant des centaines de millions de fois la séquence d’ARN connue d’un virus Zika, on détecte sa présence.

Toutefois, cette PCR accuse certaines limites. « Ce test n’est utile qu’endéans une semaine ou deux semaines qui suivent le début des symptômes, respectivement dans le sérum ou les urines. Il devient ensuite négatif et ne peut donc pas exclure une infection récente où le virus serait déjà éliminé. D’où l’importance de mentionner la date de la fièvre sur la demande d’analyse pour l’interprétation », explique le Pr Emmanuel Bottieau, directeur du service de maladies tropicales de l’IMT.

Outil de précision ?

La PCR se veut complémentaire d’une autre technique de diagnostic classique, la détection d’anticorps contre le virus. Pour renforcer le diagnostic, le laboratoire de biologie clinique de l’IMT a donc reçu ce jeudi de tout nouveaux tests commercialisés par Euroimmun depuis le 29 janvier dernier. Cette entreprise biotech allemande a combiné deux techniques pour repérer le Zika dans le sérum sanguin. Pour faire simple, ce test rend visible le virus par la réaction entre antigènes et anticorps.

Cette nouveauté permettrait donc de repérer les cas aigus mais surtout les infections passées dues au virus Zika. Une approche importante pour les diagnostics différentiels de fièvres virales, chikungunya et autres, comparables et véhiculés par le même moustique.

Cependant, les responsables de l’institut anversois veulent s’assurer de réduire au maximum les faux positifs. « Nous devons encore les valider, car il y a des risques de réactions croisées avec le virus de la dengue, le virus du Nil occidental, etc. À ce stade, nous ne pouvons donc pas donner de chiffres précis de sensibilité et spécificité », précise le Pr Bottieau.

Accès réservé

À noter que le laboratoire de l’IMT n’est équipé que d’un petit nombre de ces tests sérologiques. « Le monde entier passe commande en ce moment auprès de la firme les produisant, comme pour les équipements protecteurs lors de la crise Ebola », remet en contexte Emmanuel Bottieau.

À ce stade, les tests resteront d’ailleurs uniquement réservés aux femmes enceintes. Il n’y a pas de traitement spécifique pour un patient diagnostiqué avec Zika. L’infection guérit spontanément, ou la prise en charge se limite à l’administration d’antipyrétiques et d’antidouleurs. Mais les épidémies de Zika au Brésil, Vénézuela, Nicaragua, alimentent une forte présomption de lien entre l’infection intra-utérine et la microcéphalie de nouveaux-nés.

Si de plus amples études sont nécessaires pour comprendre cette relation, le Centre européen de contrôle des maladies recommande aux obstétriciens, pédiatres et neurologues de se tenir extrêmement attentifs aux patients présentant des malformations congénitales du système nerveux central, des microcéphalies ou un syndrome de Guillain-Barré.

Donc, « l’interprétation des résultats du test sera toujours délicate. Si ce diagnostic venait à être posé chez une femme enceinte, la patiente devrait bénéficier bien sûr d’un suivi particulier chez le gynécologue, en équipe pluridisciplinaire. Tout cela doit être discuté lors d’une consultation spécialisée IMT/cliniques du voyage/hôpitaux universitaires », conclut le Pr Emmanuel Bottieau.

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