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Vincent, victime de la route: « Jouer au foot ou nager n’est plus possible. Attraper des Pokémon par contre »

Vincent a été victime, il y a deux ans, d’un accident de la route. Maintenant que sa revalidation est bouclée, il raconte son histoire. Pas comme une longue litanie sur ce qui peut mal tourner. Il lui préfère un message d’espoir : oui, une vie est possible après un accident. Pas la plus simple, mais une vie quand même.

Il était près de 70. Des anciens patients du centre hospitalier de Pellenberg de l’UZ de Louvain venu avec leur famille pour une journée de retrouvailles. Entre personnes qui, un jour, ont atterri dans un fauteuil roulant.

Lors de son speech de bienvenue, la chef de clinique Carlotte Kiekens annonce qu’il y a de moins en moins de personnes paraplégiques en Belgique. Et que cela est dû à une diminution du nombre d’accidents et à une meilleure politique de sécurité routière. Avant de préciser sobrement que pour les personnes ici présentes le destin en avait voulu autrement.

L’assistante sociale Yane Van Welderen me présente alors Vincent. « Lui voudra bien raconter son histoire », me souffle-t-elle. Pas comme une longue litanie sur ce qui peut mal tourner. Il lui préfère un message d’espoir: oui, une vie est possible après un accident. Pas la plus simple, mais une vie quand même.

« Un choc et la douleur ». Vincent (27 ans) ne se souvient guère plus de l’accident qui le frappe, le 3 octobre, il y a deux ans. « Je reçois un appel de la police : Vincent a eu un accident, mais ce n’est pas grave. Il est encore conscient » raconte Hilde, sa mère. « Sauf que lorsque je le rejoins à l’hôpital, Vincent se plaint de forte douleur au cou. Il me dit aussi qu’il ne sent plus ses jambes. Je suis moi-même infirmière. J’ai directement compris. »

Vincent avait ses deux cervicales brisées et est tombé trois semaines dans le coma. Les vertèbres ont pu être réparées, mais le mal était fait.

« Au début, je pouvais juste bouger la tête. Et rien que ce simple mouvement me faisait extrêmement mal. En fait, tout le monde trouve fantastique que je puisse aujourd’hui utiliser presque normalement mon bras gauche et ma main. Mon bras droit fonctionne plus ou moins. La main, par contre, ne répond plus » dit Vincent. Il sera resté exactement un an et 8 jours à l’hôpital. « C’était long. J’ai vu des patients arriver et surtout partir. Et moi je restais couché là. Les amis sont d’abord venus en nombre, mais plus ensuite. » « Même nous, nous avons perdu des amis » dit Hilde. Elle, elle est restée, comme un roc sur lequel s’accrocher. « Vincent venait de divorcer peu de temps avant son accident. Son fils avait alors quatre ans et il s’en occupait une semaine sur deux. Son accident et sa longue hospitalisation n’ont rien changé. Son fils venait le voir une semaine sur deux, sauf qu’il restait chez nous. »

Rugby en chaise roulante

Dès le départ, Vincent a tout su de son état. « Les informations et le suivi étaient top. Ici, on a une équipe qui nous entoure et cela se sent. Surtout dans les jours difficiles. Il est permis de ne pas se sentir bien. Ils essayent aussi de lancer des défis. De voir ce dont on a envie et ce qui est encore possible. »

Vincent, victime de la route:
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Vincent n’avait aucune envie de réintégrer le domicile parental. « Je voulais être indépendant et m’occuper seul de mon fils. Il est maintenant en première année et nous apprenons ensemble à écrire. Lui de la main droite et moi de la gauche. Et non, on ne peut plus jouer au foot ou aller à la piscine. Jouer au Pokémon par contre… J’ai aussi trouvé un logement adapté et je roule à nouveau en voiture ». Le volleyball, la passion de Vincent, n’est par contre plus possible. « J’ai tout essayé » dit-il en riant. « Aujourd’hui, je pense que j’ai trouvé le sport qui me convient: du rugby en chaise roulante. Et je reste dans le comité de direction de mon club de volley. »

Pour vivre de façon indépendante, les autorités publiques offrent pas mal d’aides. « Ceci dit, la montagne de paperasse administrative qu’il faut surmonter est immense. Mais ce n’est pas le plus contraignant. On peut encore y voir comme un défi. Non, le pire c’est le manque d’accessibilité. On peut avoir tout le soutien financier que l’on veut, encore trop peu de lieux sont accessibles aux personnes en chaise roulante. Par exemple, j’aime sortir, mais, dans les cafés, il n’y a pratiquement pas de toilettes dans lesquels je peux me rendre.

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