Une nouvelle déferlante de maladies serait prête à s’abattre sur l’humanité

Muriel Lefevre

À l’horizon, un tsunami se prépare pour engloutir le monde. Il ne s’agira pas d’eau, mais bien de maladies. C’est la conclusion des experts médicaux au sortir de la journée mondiale du cancer à Genève.

« Les maladies non transmissibles (MNT) que sont le cancer, les maladies cardiaques, le diabète ou les infections chroniques des voies respiratoires sont devenues les principales causes de mortalité dans le monde » a déclaré Jeffrey Sturchio du bureau de consultance Rabin durant une conférence de fédération pharmaceutique internationale (IFPMA).

« Chaque année, 36 millions de personnes meurent suite à des MNT : 80% de ces gens sont originaires de pays à bas ou moyens revenus. Ce chiffre va encore progresser de 17 % dans les années à venir et même de 25% en Afrique » prévient-il. En comparaison, la tuberculose et la malaria causent de 1 à 2 millions de morts chaque année.

La lutte contre le cancer n’est pas une priorité

« Et si les MNT gagnent du terrain, les pays en développement n’ont toujours pas gagné le combat contre les maladies infectieuses. Ce qui fait qu’ils sont doublement touchés » précise Sturchio. Pour Cary Adams de l’Union for International Cancer Control « en 2010, le SIDA était responsable de 3.5 % des morts dans le monde, la malaria 1.5 %, le cancer 12,6 % et les maladies cardiovasculaires 14 % ».

Ces statistiques devraient faire prendre conscience aux gouvernements à travers le monde qu’il est urgent de mettre les MNT en tête de leur agenda. En Afrique subsaharienne, le SIDA est responsable 13,3 % des morts, la malaria pour 6,7 % et le cancer pour 4,5 % . Ces résultats expliquent pourquoi la lutte contre le cancer n’est pas une priorité en Afrique. Néanmoins, pour Adams, « le problème se fera de plus en plus aigu dans les années qui viennent et on va se retrouver face à un véritable tsunami de MNT qu’il est urgent d’endiguer dès à présent ».

Un plan d’action

Pour tenter d’endiguer ce tsunami, les quatre plus grandes organisations de santé se sont réunies en une alliance contre les MNT. Avec un réseau de plus de 2.000 ONG présentes dans plus de 170 pays, elle tente de relancer le débat public sur ces maladies. Adams, le président de cette alliance, avoue qu’il n’est pas toujours facile d’orienter les ONG vers un but commun, car l’alliance est à la recherche d’un consensus et est dans ce but aussi en pourparlers avec le privé.

« Nous souhaitons entamer cette démarche sans pour autant trahir notre indépendance et notre intégrité. Tout ce que nous avançons a toujours une légitimité scientifique ». Ce coup de projecteur sur les MNT commence déjà à porter ses fruits. Il y a cinq ans ces maladies étaient pratiquement absentes de l’agenda politique. Aujourd’hui les États-Unis se sont attaqués au problème et ont développé une politique qui devrait faire baisser de 25 % les morts par MNT pour 2025.

Les 20 dernières années, beaucoup d’efforts ont été faits pour lutter contre le SIDA. Il est peu probable que de tels budgets seront dégagés pour les MNT. Pour cela il faudrait que les centaines d’hôpitaux Subsaharien pour les malades du SIDA puissent aussi être mis à disposition des patients atteints de MNT. Si ces patients se rendent dans ces cliniques, ils pourraient aussi être testés sur d’autres maladies ce qui représenterait une réelle avancée. « Le défi est de taille dans cette région » dit encore Margaret Kruk de l’université Columbia. « Les cinquante dernières années, l’attention s’est surtout portée sur les tueurs habituels comme les maladies infectieuses ou les morts liées à la transmission mère-enfant . Ces priorités doivent être revues ».

(IPS) / Trad ML

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