Carte blanche

« Une fois pour toutes: le Blue Monday n’existe pas. Par contre, le blues hivernal… »

Le lundi bleu – « Blue Monday » pour les Anglo-Saxons – est comme l’aspartame: voici déjà des années que l’on a démontré qu’il n’a rien d’aussi grave que ce qu’on a pu prétendre par le passé, mais il n’en reste pas moins ancré profondément dans la mémoire collective. C’est là un mythe tenace, qui ne se base sur rien mais qui revient systématiquement sur le tapis chaque année. Et ce, affirme Edelhart Kempeneers, directeur médical chargé des clients nationaux chez Attentia, alors que des troubles bien réels, tels que le blues hivernal, retiennent trop peu l’attention.

Blue Monday, le lundi bleu. Aujourd’hui est soi-disant le jour le plus déprimant de l’année. Un concept qui nous vient du psychologue britannique Cliff Arnall qui, en 2005, a imaginé une formule « scientifique » selon laquelle le troisième lundi du mois de janvier est le jour où les gens se sentent les plus déprimés. Les journées sont plus sombres, les bonnes résolutions ont fait long feu et les prochaines vacances sont encore bien loin. Cela se tient, non?!

Bad science!

Mais voilà, on a entre-temps appris que cette formule, qui combine des paramètres tels que la météo, le temps qui s’est écoulé depuis la Noël et les bonnes résolutions, a été inventée par une agence de relations publiques à la demande d’une agence de voyages. Pour rendre le communiqué de presse plus crédible, les auteurs sont partis à la recherche d’un universitaire qui accepterait d’y accoler son nom, ce que Cliff Arnall a donc fait en échange d’une certaine notoriété et d’une contrepartie financière. Bad science!

La formule ne repose sur rien de concret. De la pseudo-science dans toute sa splendeur. Pourtant, chaque année, on reparle du Lundi Bleu, que ce soit dans les médias ou autour de la machine à café au bureau. C’est là un de ces concepts auxquels les gens semblent tout disposés à prêter foi, un peu à la manière des « vaccins qui provoquent l’autisme » ou de l’aspartame « cancérigène ».

Blues hivernal?

Mettons-y un terme. Que 2018 soit la dernière année au cours de laquelle on accorde de l’attention à ce Blue Monday. Parlons plutôt de choses qui existent bel et bien et qui ont été objectivées par la science, comme par exemple le blues hivernal (le « winter blues »).

Le blues hivernal est étroitement lié à la lumière (du soleil) et à notre rythme biologique. Lors de journées moins ensoleillées, les gens se sentent plus facilement fatigués, apathiques, irritables et moroses. Les gens sont fatigués, mais le sommeil ne les aide en rien. La raison vient du fait qu’en situation de faible luminosité, notre corps produit de la mélatonine. Et de hautes concentrations de cette hormone ont pour effet de nous faire nous sentir fatigués et de dérégler notre horloge biologique.

Il existe heureusement plusieurs remèdes pour combattre le blues hivernal. Les personnes qui en souffrent réagissent très bien à la lumière. Il leur est donc conseillé de sortir pendant la journée et de bouger. Le fait de manger moins de glucides (qui génèrent certes un pic d’énergie, mais suivi d’un contrecoup) et d’avoir des contacts sociaux sont également de bonnes solutions.

Voilà donc un trouble scientifiquement démontré, avec des remèdes scientifiquement démontrés. Tout le contraire du Blue Monday. Toutefois, d’ici quelques mois, le jour le plus heureux de l’année, nous aurons encore droit à une autre invention de Cliff Arnall!

Par Edelhart Kempeneers, directeur médical chargé des clients nationaux chez Attentia

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