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Une femme en bonne santé ne pue pas

Des sprays corporels à la myrtille, des protège-slips qui sentent la violette, de la lingerie censée masquer les odeurs. De façon presque inaperçue, une industrie naissante essaye de faire croire aux femmes qu’elles ont besoin de toutes sortes de choses pour ne pas sentir mauvais.

« C’est idiot » dit Ann Peuteman du Knack. « Car à moins que l’on souhaite tenir les animaux sauvages à distance, il n’y a aucune raison pour qu’on ne puisse pas sentir l’être humain »

Un spray rose pour la bouche, deux déodorants, une bouteille de parfum et une bombonne pour désodoriser les vêtements. Voilà tout ce qu’elle a enlevé de son sac lorsqu’elle cherchait son bic. Lorsque je lui demande pourquoi elle trimballe toute cette panoplie parfumée, elle me répond  » pour ne pas puer bien sûr. » À 17 ans à peine, elle est déjà convaincue que son odeur naturelle, si elle n’était pas masquée par toute sorte d’astuces chimiques, est tout bonnement insupportable et qu’il faut la camoufler à n’importe quel prix.

Elle n’est pas la seule.

Alors qu’on fait tout pour apprendre aux jeunes filles à aimer leur corps tel qu’il est, il existe en parallèle, et en toute discrétion, une industrie qui les convainc que leurs pieds, leurs aisselles, leur bouche, leur poitrine et autres parties intimes sentent mauvais. Ou, pire encore, que celles-ci diffusent un très désagréable fumet aux alentours.

C’est ma voisine qui a commencé sur le sujet. Rendue dingue par les publicités sur les protège-slips parfumés, les bandes hygiéniques à l’odeur de fleur, les tampons à l’odeur printanière et les gels intimes qui promettaient une odeur ultra fraîche. « Pourquoi veulent-ils nous faire croire que la femme pue par nature ? » me dit-elle fulminante.

Et c’est vrai que c’est frappant : ce message est partout. Enfin, surtout pour les femmes. Car l’homme peut transpirer et ne pas sentir bon. C’est masculin, viril, attirant. Pour eux, un simple et robuste déodorant dans un flacon noir suffit. Les femmes, par contre, doivent sentir bon, et même sentir de façon charmante. De préférence la violette, la pêche ou le lys sauvage des vallées.

Il n’est désormais plus suffisant de se tartiner les aisselles ou de se vaporiser du parfum derrière les oreilles. Non, chaque femme doit être une fête olfactive des pieds à la tête.

Il y a les sprays corporels. Mais aussi les produits de lessive qui promettent d’éradiquer les odeurs des vêtements et de la lingerie. Il est aussi de bon ton de vaporiser un produit dans les chaussures. Vos pieds sentent-ils encore mauvais ? Essayez donc les chaussettes qui soignent à la fois les varices et les mauvaises odeurs. Des Canadiens ont même développé un soutien-gorge qui possédait une technologie capable de tuer les mauvaises odeurs. Histoire d’éradiquer la fameuse odeur de poitrine, bien sûr.

En ces temps où il est de bon ton de manger bio et où même les divas se séparent de leur maquillage, on n’hésite pas à se vaporiser sur le corps une légion de produits chimiques. Et pas pour tenir à distance les animaux sauvages, mais parce que des bureaux de marketing essayent de nous faire croire que sans ces produits on sentirait mauvais et que, de facto, on ne serait pas attirant. Cette niche commerciale est tout sauf saine pour la santé. Certaines substances que l’on retrouve dans ses tampons et bandes hygiéniques provoquent des allergies et irritations auprès de certaines femmes.

Mais plus que les risques sanitaires, c’est surtout l’inutilité de ces produits qui frappe. Celui qui est en bonne santé et se lave selon les règles de l’art ne sent pas mauvais. La femme, par exemple, sent juste la femme. Et il n’y a rien de mal à cela. Contrairement à ce qu’ils essayent de nous faire croire.

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