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Un programme public de recherche clinique « serait un excellent investissement » pour la Belgique

Le KCE, centre d’expertise des soins de santé, estime dans un nouveau rapport, publié mardi, qu’un programme public d’études pragmatiques dans le secteur de la santé « serait un excellent investissement », à condition de respecter certaines règles de fonctionnement et de sélectionner avec soin les problématiques à examiner.

L’investissement de départ peut contribuer à un système de soins de santé plus efficients et de meilleure qualité, et même à un système plus économique, puisqu’il permettrait aux autorités de choisir les traitements ou pratiques à rembourser au citoyen sur base d’études comparant leurs rapports coût-efficacité de manière indépendante.

Un tel programme existe aux Pays-Bas ou encore en Angleterre, développe le KCE. Il a son utilité « pour permettre de résoudre les questions d’efficacité clinique et de coût-efficacité qui ne seront jamais résolues par les études à but commercial menées par les industries du médicament et des dispositifs médicaux ».

Si les entreprises financent de nombreuses études cliniques médicamenteuses, par exemple, celles-ci ne sont pas dénuées de biais, par exemple dans le choix des patients pris comme « cobayes », prévient le KCE. Il est rare également que l’industrie trouve un intérêt à réaliser une étude comparative directe entre différentes options thérapeutiques existantes pour une même affection.

Certaines options, comme les techniques chirurgicales, les psychothérapies, ou les interventions sur l’hygiène de vie, sont aussi le plus souvent laissées de côté par l’industrie, qui n’a généralement rien à y gagner. C’est là que les autorités publiques pourraient combler un vide et veiller à générer des données pertinentes et objectives sur l’efficacité clinique de différents traitements, indique le KCE. En effet, « savoir qu’un nouveau traitement est efficace est une chose, mais savoir s’il est plus efficace que les autres traitements existants en est une autre », résume le centre.

Celui-ci estime toutefois que, pour que le programme soit efficace, il devrait respecter trois conditions essentielles. La première concerne la sélection des questions de recherche, qui doivent « avoir un impact direct sur les pratiques cliniques et sur l’efficience des soins de santé ».

Dans le choix des thèmes à étudier, il importe d’adopter une rigueur scientifique. Le système anglais d’identification des questions de recherche est pris en exemple par le KCE, car tous les acteurs peuvent soumettre des suggestions et les chercheurs sont « largement consultés tout au long du processus ». Ceux-ci se chargent notamment de faire des études systématiques de littérature, « de manière à éviter de gaspiller des ressources à résoudre des questions dont la réponse existe déjà ».

Pour le KCE, il faudrait en Belgique, vu les budgets limités, privilégier quelques essais qu’on dote d’une enveloppe budgétaire suffisante « plutôt que de vouloir financer un nombre plus élevé de petits essais, dont les résultats pourraient prêter le flanc à la critique ». Il serait possible, au début du programme, de choisir des projets de recherche pouvant générer d’importantes économies, ou dont le coût n’est pas très élevé, les bénéfices étant ensuite réinjectés dans le programme.

Le budget, justement, est estimé par le KCE entre 1 et 10 millions d’euros par essai clinique, « auxquels il faut ajouter les coûts d’une infrastructure fiable c’est-à-dire un réseau d’hôpitaux équipés pour mener des essais cliniques, du personnel compétent (study nurses) et des procédures standardisées ». Le KCE recommande d’aller piocher en partie dans le budget des soins de santé et en partie dans les taxes sur les produits pharmaceutiques pour financer le tout (équipe de management du programme, réseau, essais eux-mêmes), pour une somme finale de minimum de 10 à 15 millions. Le financement et la gestion du programme devraient être confiés à l’Inami, est-il encore précisé.

Le KCE propose dans les faits des débuts plutôt modestes et raisonnables, en comparaison aux systèmes européens existants. Aux Pays-Bas, le programme public d’essais cliniques étudié bénéficie d’un budget annuel de 130 millions d’euros. Côté italien, il est question de 40 millions d’euros par an, ce qui ne couvre pas seulement le programme de recherches mais aussi des activités d’information et de remboursement de produits spécifiques. Les deux autres conditions de réussite pointées par le KCE sont la mise sur pied d’un « réseau de professionnels formés à gérer les essais cliniques » et « la mise en oeuvre des résultats des études dans la pratique quotidienne sur le terrain, via les décisions de remboursement ».

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