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Six mythes sexuels erronés

Le Vif

Que peut-on écrire sur le sexe qui n’a pas déjà été écrit ? Plus qu’on ne le croit, tant le Belge a encore des idées fausses sur le désir, le plaisir et la fertilité. Une campagne en Flandre tente de démontrer que certaines idées bien ancrées sont fausses. Le point.

Mythe: Les jeunes ont des relations sexuelles de plus en plus tôt

Fait: l’âge des premières relations sexuelles est stable depuis près de 20 ans. À 17 ans, 50% ont déjà eu une relation sexuelle et à 18 c’est 75%.

Le fait que ces chiffres n’évoluent que peu est probablement dû à une bonne éducation sexuelle. Il ressort que les jeunes qui ont été correctement informés font des choix de façon plus réfléchie et tiennent davantage compte de ce qu’ils veulent ou ne veulent pas. Les parents doivent montrer qu’ils sont ouverts à la discussion, même s’il arrive que les jeunes n’osent pas parler de ces sujets à leurs parents. Car s’il est essentiel que l’éducation sexuelle ne se fasse pas uniquement à l’école, un enseignement adapté peut jouer un rôle crucial. D’autant plus que les amis auxquels certains jeunes se confient ne sont pas toujours de meilleurs conseils.

Mythe: Beaucoup de sexe est le signe d’une bonne relation

Fait: c’est la qualité qui compte

Une fois par semaine, c’est la moyenne en Belgique. Mais que ce soit 1 fois par mois ou trois fois par jours, ce qui compte c’est la qualité des échanges, dit le sexologue Paul Enzlin (KULeuven). « L’âge venant, nous faisons moins l’amour, mais ce n’est pas pour autant que la satisfaction en ce qui concerne notre vie sexuelle diminue. En réalité, il n’y a pas de norme lorsqu’on en vient à la sexualité : tout dépend de nos préférences, des circonstances, de notre partenaire.

Mythe : Le sexe c’est pour les jeunes

Fait: Une grande majorité des plus de 65 ans est encore sexuellement actifs. 35% des femmes ont eu une relation sexuelle durant les six derniers mois et 57% des hommes.

Claudine (71): Nous le faisons moins souvent, mais nous connaissons parfaitement notre corps. Ce qui fait que c’est pratiquement à chaque fois un réel plaisir. Merci à mes cours de yoga et … au viagra.

André (74)

Moi je ne supporte pas les médicaments, mais ce n’est parce que je n’ai pratiquement plus jamais d’orgasme que je n’aime plus faire l’amour. Ce n’est ni mieux, ni moins bien. C’est juste différent.

Louise (65)

J’ai de l’arthrose et mon conjoint à un mauvais dos. Ce n’est donc plus très acrobatique, mais cela ne nous empêche pas de nous caresser durant des heures avant de faire l’amour. C’est possible quand on est pensionné! On s’est même fait un soir surprendre par une jeune couple sur la plage alors qu’il venait faire la même chose que nous. La jeune fille trouvait ça sale. Tout ce que je lui souhaite c’est qu’à 65 ans elle éprouve encore autant de plaisir que nous.

Mythe: Tomber enceinte est une question d’organisation

Fait 1: Le moment de tomber enceinte ne peut être déterminé. Une femme qui fait l’amour durant 1 mois sans protection a entre 15 et 20% de chance de tomber enceinte. Ce chiffre est une moyenne. Cela peut dépendre de l’âge, de la qualité du sperme, de la fertilité de la femme, de conditions médicales… Une grossesse c’est donc un peu une loterie ou un jeu de dés. Cela n’a en fait que peu à voir avec un sens de l’organisation ou du contrôle. On connait tous des gens pour qui s’était bon du premier coup et d’autres qui ont dû patienter des mois. On estime que si 100 couples font l’amour durant un an sans protection, il y en a 85 qui attendront un enfant. Dans les 25% restant, 15 % auront un enfant dans l’année qui suit. Si après un an d’essai, il ne se passe toujours rien, on peut néanmoins commencer à parler de problème de fertilité.

Fait 2: une grossesse peut ne pas être souhaitée. Une femme sur cinq décide à un moment de sa vie de se faire avorter. On utilise particulièrement bien les moyens de contraception en Belgique, dit Carine Vrancken, présidente de Luna, une organisation qui chapeaute des centres d’avortements.

Sauf qu’on estime qu’il y aurait 20.000 avortements par an en Belgique. 13% des grossesses sont donc arrêtée avant terme. Mais ce chiffre n’est pas si élevé si on le compare à d’autres pays. Sur 1000 femmes qui ont entre 15 et 44 ans, il va y avoir 9 avortements. Dans d’autres pays développés, ce chiffre peut monter à 27. Et il n’y a pas de profil type pour opter pour un avortement. Cela peut arriver à n’importe quelle femme à un moment donné de sa vie.

Mythe: le meilleur sexe est le sexe spontané

Fait: le sexe n’est pas toujours une évidence et l’envie ne tombe pas du ciel.

On a tendance à romancer de trop notre vision des rapports sexuels. Une fantaisie où il n’y aurait plus de ventre à bière, personne ne serait fatigué et chaque rapport se solderait par un orgasme coordonné.

Planifier des moments « sexe » est un des conseils des sexologues, mais ce n’est pas forcément vrai. Le désir se construit. Les préliminaires ne sont pas des choses qui se règlent en cinq minutes.

Tous les stimuli que l’on nous assène aujourd’hui ne sont pas très utiles. Cela nous montre ce qui est possible, mais n’a que peu à voir avec la réalité. Cela augmente même la pression. Avant, rien n’était permis et aujourd’hui tout le monde devrait pouvoir manier le fouet. Une fois pour toutes : bien se connaître est le début de sagesse en ce qui concerne le sexe. Il est important de savoir ce que l’on veut et ce que l’on aime et les limites que l’on ne veut pas dépasser. Le sexe n’est pas toujours un feu d’artifice, une relation normale c’est bien aussi. À titre informatif : avoir un orgasme une fois sur quatre ce n’est déjà pas mal du tout ressort-il d’une étude.

Mythe: le sexe est synonyme de pénétration

Fait: une pénétration ne suffit pas pour avoir un orgasme. 90% des hommes ont un orgasme quand ils font l’amour, 47.7% des femmes. Les femmes lesbiennes ont un taux d’orgasme de 80% lorsqu’elles font l’amour avec leur partenaire.

À force de tout miser sur la pénétration, on oublie trop souvent le clitoris. Si l’on veut qu’il y ait une moins grande différence dans le taux d’orgasme, il faut avant tout ne plus se contenter uniquement de la pénétration et élargir le répertoire sexuel.

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