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Sexe: mystère et frustration de l’orgasme féminin

Le Vif

L’orgasme est désormais un dû. Pourtant nombreuses sont celles qui ne l’ont pas encore, ou mal, croisé. Du coup, beaucoup simulent. Pourquoi ?

Il n’y a pas si longtemps, le plaisir des femmes n’était que peu considéré. L’époque étant toute à la gloire de l’idéal du mâle dominant qui disposait du corps de l’autre sans se soucier de réciprocité. Les temps ont changé, et la femme revendique aujourd’hui le droit à la jouissance. Voire, elle l’exige.

Cet organe secret

Si les moeurs ont évolué, la nature est restée là même. Comprendre : l’homme peut plus difficilement tricher que la femme sur une éventuelle manifestation du désir. Chez les femmes, les organes sexuels sont moins accessibles et surtout souvent méconnus par les femmes elles-mêmes. Au point qu’elles sont nombreuses à ne pas avoir repéré les sources de plaisir dans leur sexualité dit Alexis Rapin psychiatre et sexologue dans Atlantico. Leur jouissance est aussi moins lisible, ce qui la rend plus facile à simuler. Les raisons de cette simulation féminines sont multiples, mais peuvent se résumer comme suit : la femme simule pour être une femme normale (qui selon la norme se doit de jouir), soit pour avoir la paix et fignoler au plus vite une interaction qui ne lui apporte rien.

L’orgasme féminin n’est pas généralisé

Contrairement à ce qui est rabâché régulièrement, l’orgasme féminin n’est pas généralisé. Certaines le découvre sur le tard ou pas du tout. Cette absence de plaisir est souvent due à l’ignorance. À cause de l’éducation ou d’un partenaire peu ouvert. Mais aussi par tabou et manque de curiosité. Il n’est pas rare qu’une femme soit capable de reconnaître le pénis de son partenaire, mais pas sa propre vulve. Tout cela parce qu’elle n’a même jamais pris la peine ou oser la regarder.

Comment peut-on mesurer l’excitation féminine ?

Lors d’une excitation génitale, le vagin va s’allonger et se gonfler comme un ballon. Il va aussi y avoir une lubrification naturelle (à 20 ans, cela met 15 secondes et 3 à 4 minutes quand on est ménopausée). Par ailleurs des IRM ont mis en évidence que certaines zones du cerveau étaient plus actives en cas d’orgasme. On notera au passage que chez les femmes on parle de trois zones qui sont activées alors que chez l’homme, il n’y en a qu’une. Il y a aussi plus de 8.000 terminaisons nerveuses dans le sexe d’une femme. Enfin, l’orgasme vaginal serait déclenché par le « nerf vague » derrière le col et concernerait que 2% des femmes. Et surtout selon Slate : il « vient quand on ne le cherche pas ».

L'origine du Monde.
L’origine du Monde. © Photo: Flickr / Michele M. F

Mais ce ne sont là que des données anatomiques qui ne sont pas forcément les signes d’une relation sexuelle réussie. Cette perception du plaisir et l’excitation sexuelle qui en dépend sont en effet avant tout le résultat d’une alchimie des corps pour Alexis Rapin.

Le désir évolue aussi au fil de la vie. Il est donc « castrant » de se cataloguer définitivement en tant que clitoridienne ou vaginale. Une sexualité trop ciblée, n’obtenir le plaisir que d’une seule façon n’est pas non plus satisfaisante puisqu’elle ferme la porte aux « nouvelles découvertes ». Le plaisir pouvant encore se découvrir sur le tard, à plus de septante ans pour certaines.

La femme renonce, l’homme coupe court

Devant l’impossibilité d’obtenir la jouissance, « la femme renonce et l’homme coupe court » précise encore Alexis Rapin dans Atlantico. Or si les fondamentaux de la sexualité sont innés, une sexualité épanouie s’apprend. Il est en effet possible d’acquérir de la technique, mais aussi de se délivrer de certains préjugés.

Par exemple, ce n’est pas à l’homme de tout faire. La jouissance ne dépend pas que d’un pénis. Elle peut tout à fait être provoquée par la masturbation ou un vibromasseur. Le plaisir s’obtiendrait aussi par un peu d’égoïsme comme le fait de se masturber devant l’autre ou ne pas chercher vaille que vaille à le satisfaire.

Une pratique régulière est également nécessaire, car, comme un instrument de musique, il est important de régulièrement pratiquer pour en jouer avec toutes les nuances. Partir deux fois par semaine pendant 20 minutes à la recherche du point G (un sujet qui fait néanmoins encore l’objet de controverse), et muscler son périnée (le vrai muscle de l’orgasme selon Laure Mourichon, kinésithérapeute et sexologue pour Slate), permettrait d' »entraîner » son plaisir.

Toujours selon Alexis Rapin, une des solutions serait l’érotisme, car « la suggestion est plus porteuse de désir que les points de son anatomie, même si les gestes sont très bien ciblés ».

Tout cela étant dit, la première raison d’une vie sexuelle misérable serait le silence et les non-dits. De quoi pousser à entamer un difficile, mais nécessaire, dialogue avec son partenaire.

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