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Sera-t-il possible de guérir tous les cancers d’ici 10 ans ?

Muriel Lefevre

Le professeur Lardon, spécialisé dans les cancers, a de bonnes et de mauvaises nouvelles. Si l’on ne change rien, de plus en plus de gens auront un cancer. Voilà pour la mauvaise. Maintenant la bonne: il sera de plus en plus facile d’en guérir.

Les cancers sont la deuxième cause de mortalité dans le monde. En Belgique, on estime que 2 familles sur trois y sont confrontées un jour. Et qu’une femme sur trois et un hommes sur quatre y sera confronté avant ses 75 ans.

Avant, les médecins pensaient que le cancer était une cible sur laquelle on tirait à boulets rouges. Aujourd’hui, pour rester dans la même image guerrière, ce serait plutôt à des snipers d’éliminer de façon très précise les cellules cancéreuses. Le professeur Lardon nous explique en quoi cela consiste.

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Le cancer est une maladie des cellules. On estime que notre corps est composé de 40 mille milliards de cellules. Surprenant lorsqu’on sait qu’à la base nous sommes issus d’une seule cellule, un ovule fécondé. Les cellules dans notre corps ne vivent cependant pas très longtemps. Par exemple, les cellules de globules rouges vivent en moyenne 100 jours. Du coup, chaque seconde, notre corps produit 2.5 millions de nouvelles cellules de globules rouges. Ou 100.000 cellules de notre poumon ou de notre estomac. Et si on attend trois mois, on a de « tout nouveaux » intestins puisque toutes les cellules auront été remplacées.

Cela n’a donc rien de surprenant qu’il arrive que cela ne se passe pas comme prévu. Si des facteurs extérieurs, par exemple la fumée de cigarette, viennent perturber le mécanisme de régénération cellulaire, il arrive qu’une cellule fille ne se comporte pas de manière normale et meure rapidement ou ne se reproduise pas. Elle peut aussi se comporter de façon beaucoup plus agressive et se diviser beaucoup plus rapidement qu’une autre cellule. Cela devient alors ce qu’on appelle une cellule cancéreuse. Qui va se regrouper sous forme d’un petit tas. Un petit tas que l’on doit enlever ou traiter sous peine qu’il se disperse dans tout le corps.

La façon traditionnelle, qui consiste à opérer pour ponctionner ces cellules, est encore la principale technique utilisée aujourd’hui pour lutter contre le cancer. Mais ne faire que ça n’est pas suffisant. Car il y a des cellules qui se promènent dans le corps ou encore celles qui sont cachées. Il fallait donc trouver une thérapie qui s’attèle également à ces aspects-là.

Étrangement, un des évènements qui a permis de faire avancer la médecine est la Deuxième Guerre mondiale et l’usage du gaz moutarde. À l’époque, on se rend compte que les militaires qui avaient été touchés avaient une forme d’anémie et que leur production de sang était perturbée. La scission de leurs cellules était ralentie. Du coup, certains se sont dit que l’on pouvait aussi utiliser cela pour ralentir la production d’autres cellules. Ce furent les débuts de la chimiothérapie. Problème : ces chimios ont de gros effets secondaires puisqu’elle touche aussi les autres cellules qui se régénèrent rapidement comme dans l’intestin ou le dans le sang. Ce qui explique les nausées, l’affaiblissement des patients ou la perte de cheveux. Une troisième technique l’on utilise est la radiothérapie découverte par Marie Curie.

Aujourd’hui, ces trois armes sont utilisées pour combattre le cancer avec un taux de réussite de près de 60%. Les 40% restant peuvent être traité, mais pas soigné.

C’est déjà bien, mais pas suffisant. Or ces trois techniques sont arrivées au maximum de leurs capacités. Si on veut réduire le taux d’échec, il faut trouver d’autres et nouveaux moyens. Un nouveau champ des possibles s’est ouvert grâce au fait que l’on en sait aujourd’hui beaucoup plus sur les cellules cancéreuses. Un domaine qui a fait d’énormes progrès ces 10 dernières années. Par exemple, on sait aujourd’hui que sur sa face extérieure, la cellule comporte toute sorte de récepteurs pour être stimulée. Les cellules cancéreuses ont ceci de particulier qu’elles ont beaucoup plus de récepteurs pour pouvoir se développer beaucoup plus vite.

Les nouveaux traitements vont désactiver ses récepteurs grâce à des anticorps. Mais les chercheurs ont même été plus loin. Ils se sont rendu compte qu’à l’intérieur de la cellule, il y avait plusieurs étapes entre le stimulus extérieur qui poussait la cellule à croître et la croissance effective. Grâce à des traitements moléculaires , tellement petits qu’ils peuvent s’introduire à l’intérieur de la cellule, ils vont venir bloquer les différentes étapes. C’est ce qu’on appelle des inhibiteurs.

Il existe enfin ce qu’on appelle les immunothérapies. Nous savons que nos systèmes de défense luttent activement contre un cancer sans pour autant y parvenir. Dans ce nouveau traitement, on prélève des cellules du système immunitaire par le biais d’une simple prise de sang. En laboratoire, on va entraîner ces cellules à lutter contre des cellules cancéreuses. Tels des petits soldats, elles seront ensuite réinjectées dans le corps. Ces cellules drillées au combat seront beaucoup plus efficaces pour lutter contre le cancer. Ces trois techniques sont ce qu’on appelle la vaccination des tumeurs.

Si ces techniques sont déjà en soi une évolution notable, on nous promet pour les années à venir des traitements aux effets encore plus spectaculaires.

On a découvert ces dernières années que les cellules avaient un système de défense propre. Un système qui pouvait être enclenché, mais qui la plupart du temps ne l’était pas pour éviter de détruire le corps. On s’est aussi rendu compte que lorsqu’une cellule se rapproche d’une bactérie, elle le remarque et enclenche son système de défense qui va s’attaquer à la bactérie. Elle fait de même lorsqu’elle croise une cellule cancéreuse. Sauf que celle-ci va être capable de désactiver le système de défense de la cellule qui va, du coup, la laisser proliférer tranquillement. Des chercheurs ont cependant découvert un traitement qui va venir réactiver ce système de défense et empêcher que la cellule cancéreuse le désactive à nouveau.

Comme le précise le professeur, ce ne sont là que quelques exemples, car la recherche évalue a pas de géant et de nombreux chercheurs ne cessent de mettre au point des façons révolutionnaires de venir à bout de cancer. Au point qu’il n’est plus illusoire de pouvoir un jour se passer de chimiothérapie voire de venir à bout du cancer.

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