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Réponse à dix questions gênantes sur le pénis et la sexualité masculine

Quelle est l’importance réelle de la taille du pénis, peut-on retarder l’éjaculation en pensant à quelque chose de dégoutant et pourquoi le membre masculin est-il parfois aux abonnés absents ? Guy T’Sjoen de l’UZ Gent répond aux questions qu’on n’ose pas se poser sur le pénis.

Quand l’homme rencontre des problèmes avec son membre reproducteur, il hésite souvent à consulter. Pour les problèmes d’érection, on estime, par exemple, qu’un homme attend en moyenne 5 ans avant de pousser la porte d’un cabinet. La plupart du temps à cause du fait qu’ils sont gênés nous dit l’endocrinologue Guy T’Sjoen.

La plupart des hommes abordent la sexualité à l’aide de l’humour, mais n’approfondissent que rarement les problèmes sexuels ou les sentiments plus enfouis. Ce n’est pas pour rien que la plupart des sexologues sont des femmes. Mais cela a aussi un aspect plus pragmatique. Beaucoup d’hommes ne savent pas où se rendre lorsqu’ils sont confrontés à de tels problèmes. Or même si on a tendance à le sous-estimer, les mécanismes sexuels chez les hommes sont aussi complexes que ceux des femmes. Voici 10 questions qui vous permettront de tout savoir sur le zizi.

1. Éjaculer de façon précoce est-ce quelque chose de typique aux jeunes hommes ?

« Non », dit T’Sjoen: « Cela se produit à tout âge, à la soixantaine ou lorsqu’on est jeune, et l’expérience importe peu. Parfois, l’éjaculation précoce peut être induite par une excitation intense. Certains hommes apprennent à mieux se connaître avec le temps: ils sentent plus précisément quand leur excitation monte et arrive à adapter leurs rapports sexuels en fonction. Il y a aussi des hommes qui ont l’habitude de se masturber prestement et avec force parce qu’ils le font en secret. Ils programment leurs corps pour être prêts rapidement même s’ils sont avec leur partenaire et ont plus de temps. Et enfin, il y a des hommes qui jouissent rapidement tout au long de leur vie lors de chaque rapport sexuel. Dans ces cas-là, il existe des médicaments qui peuvent leur venir en aide.

Néanmoins, il n’existe pas de standard autour de ce qu’on considère une éjaculation précoce. « Dans l’étude de Sexpert de UZ Gent et UGent, un homme sur dix dit qu’il éjaculait trop vite. C’est cependant subjectif et chacun des deux partenaires à sa propre idée sur le sujet. Pour l’un c’est après deux minutes et pour d’autres ça peut être dix. Lors de mes consultations, je reçois de nombreux hommes qui éjaculent après une minute – la définition de l’éjaculation précoce selon la Société Internationale de Médecine Sexuelle – et pour qui ce n’est pas un problème. Ils chouchoutent ensuite leur partenaire et recommencent une demi-heure plus tard. Les couples contournent souvent le problème de manière créative.

2. Est-ce que les hommes circoncis sont plus endurants au lit ?

Selon T’Sjoen, il n’y a pas de différence entre un homme circoncis et un autre. « Cependant, les hommes circoncis ont moins de sensibilité dans le pénis. Cela a du sens si vous comparez les parties intimes des hommes et des femmes: elles ont l’air différentes, mais les structures sont en réalité les mêmes. Par exemple, le prépuce de l’homme et les lèvres internes de la femme sont bien assortis: les deux ont une fonction protectrice, l’un pour le gland et l’autre pour le clitoris. Deux parties anatomiques qui en raison de leur sensibilité jouent un rôle majeur lors des rapports sexuels. « Les hommes circoncis ressentent moins avec leur sexe », explique T’Sjoen. « Ils doivent travailler plus dur pour l’orgasme. »

Bien qu’il comprenne le contexte culturel, pour T’Sjoen la circoncision des hommes est tout aussi répréhensible que celle des femmes: « D’un point de vue médical, c’est une intervention complètement inutile qui prive les hommes de plaisir. Des sites Internet et des groupes de soutien confirment que de nombreux hommes circoncis sont mécontents de la chirurgie qu’ils ont subie dans leur enfance. Mais ils en parlent rarement ouvertement. Les autres hommes se gaussent et d’un point de vue légal ils ne peuvent pas faire grand-chose à moins de poursuivre leurs parents qui ont donné leur accord.

3. La nature favorise-t-elle les hommes bien membrés?

La longueur ou l’épaisseur du pénis joue un rôle négligeable dans le plaisir sexuel de la femme. Les femmes peuvent avoir une certaine préférence ou fantasme, mais d’un point vu purement anatomiquement, un petit pénis peut fournir autant de plaisir qu’un grand. Le vagin de la femme est en effet extensible et s’ajuste. Au contraire un trop gros pénis pourrait se révéler beaucoup plus désagréable pour un partenaire. Selon T’Sjoen, toutes les inquiétudes des hommes à ce sujet sont nourries par l’image faussée que donne la pornographie. Ce qu’on voit dans ces films n’est pas la norme. Que du contraire: « Pour les hommes, la moyenne pour un pénis en érection est de quatorze centimètres, ce qui signifie qu’un modèle de onze centimètres est tout aussi classique qu’un de dix-sept. Nous ne parlons d’un petit pénis que quand il a moins de sept centimètres en érection. Les hommes doivent surtout apprendre à être contents avec ce qu’ils ont et, si besoin, de se montrer créatif pour faire plaisir à leur partenaire dit T’Sjoen. « Nous ne faisons plus d’extensions du pénis (en Belgique, elle n’est proposée que par quelques cliniques privées, NDLR). L’intervention qui consiste à rompre le ligament qui relie le pénis à l’os pubien est difficile et douloureuse. Le tout pour un gain purement optique et qui n’est d’au mieux que de deux centimètres. Donc, vous pouvez faire paraître un petit pénis moins petit, mais il n’en deviendra pas gros pour autant. Les personnes concernées ne sont que rarement satisfaites: à leurs yeux, elles restent un homme avec un petit pénis. Cependant, T’Sjoen n’a pas encore connu de rupture pour cause d’un pénis trop petit.

4. Est-il possible de reporter l’orgasme en pensant à quelque chose de dégoûtant ?

Dans ce cas, on se concentre pour empêcher un moment d’extase. C’est gâcher son plaisir. Le sexe se vit dans l’instant et vous ne voulez pas que vos pensées vous emmènent ailleurs. C’est aussi pour cela que je suis plutôt contre les stimuli négatifs comme se pincer fort le pénis ou utiliser un crème qui engourdit. Une crème que vous risquez également de refiler à votre partenaire qui ressentira elle aussi beaucoup moins. Ce que vous pouvez faire, par contre, c’est de varier les sensations et l’intensité en alternant les poses ou les caresses. S’exciter, donner et recevoir de l’attention, se détendre: les sexologues peuvent vous donner beaucoup de conseils.

5. Des éjaculations fréquentes peuvent-elles diminuer les risques de cancer de la prostate ?

« On lit parfois qu’avoir régulièrement des relations sexuelles aide à garder sa prostate en bonne santé, mais il n’y a pas de lien de causalité », répond T’Sjoen. « Le seul lien est peut-être que les hommes qui sont physiquement et émotionnellement en bonne santé ont généralement plus souvent des relations sexuelles. Tout comme un manque d’activité sexuelle peut refléter un problème physique tel que l’obésité ou le diabète ou une inhibition psychologique. En bref: une prostate en pleine forme contribue à une vie sexuelle épanouie, et non l’inverse.

6. Les problèmes d’érections sont-ils inquiétants ?

De nombreux hommes ne les ressentent pas comme un fardeau selon l’étude de Sexpert. Dix pour cent des hommes souffrent de problèmes érectiles, mais moins de la moitié d’entre eux les considèrent comme problématiques. « Ce sont surtout les hommes plus âgés – qui y sont plus sensibles en raison de la baisse progressive du taux de testostérone, de l’obésité ou de l’usage de médicaments- qui se font une raison », explique T’Sjoen. Pourtant, en tant qu’homme, il n’est pas inutile de discuter de ses problèmes érectiles avec son médecin. « L’érection est appelée à juste titre l’antenne du coeur par les collègues, car ce trouble peut trahir d’autres problèmes physiques. Les maladies cardiovasculaires, par exemple, dont les problèmes d’érection sont souvent le premier signe. Après tout, les vaisseaux sanguins étant plus petits et plus étroits dans le pénis ils s’obstruent plus rapidement. En cas de troubles de l’érection, nous testons, en plus du niveau de testostérone, le diabète. Car là aussi cela peut être l’un des signes. Je trouve que les médecins devraient demander systématiquement à leurs patients s’ils ont des problèmes d’érection, car ceux-ci peuvent se révéler très instructifs. « 

Si le matin, vous avez encore des érections, vous pouvez exclure de nombreuses causes physiques, explique T’Sjoen. ‘Vos problèmes d’érection pourraient dès lors avoir des causes psychologiques. Pensez au stress, à une vie de famille où le sexe est entièrement subordonné aux enfants ou à d’autres priorités, il y a aussi la peur de l’échec après quelques ratés. Dans ce dernier cas, Viagra et consorts peuvent aider à rompre le cercle vicieux, même si T’Sjoen plaide pour une approche plus sexologique du problème. En apprenant par exemple aux couples à ne pas se braquer sur la pénétration et à apprendre d’autre manière de se faire plaisir.

7. Est-ce qu’un homme top insistant a trop de testostérone?

« La carence en testostérone, par exemple après un cancer du testicule, affecte le désir sexuel et l’érection », explique T’Sjoen. « Il existe un lien clair à ce sujet. Mais trop de testostérone, cela n’existe pas réellement. Plus de testostérone ne vous donne pas plus envie de sexe. En outre, le corps surveille attentivement les valeurs de testostérone qui sont adaptées à chaque homme. La production de testostérone se produit principalement dans les testicules, et lorsque, comme certains bodybuilders, on s’injecte de la testostérone, ces dernières se réduisent. En bref, la manière dont un homme gère ses pulsions sexuelles n’a rien à voir avec le niveau de testostérone.

8. Un homme a-t-il des problèmes de fertilité ?

La fécondité décline, confirme T’Sjoen: « Selon les mêmes chiffres, la qualité du sperme est passée d’une moyenne de 100 millions de spermatozoïdes par millilitre en 1981 à 47 millions en 2013. Si cette tendance se poursuit, nous serons à 23 millions dans trente ans. Et la limite critique pour concevoir naturellement dans l’année est quinze millions. Que ce déclin a principalement lieu en occident n’a rien d’un hasard. Il est dû à des facteurs environnementaux et à notre mode de vie.

Toutes sortes de substances attaquent notre système hormonal. Par exemple les perturbateurs endocriniens qui polluent l’environnement par l’intermédiaire de l’industrie ou des plastiques mous ou encore les cosmétiques ou les emballages en cartons. Pourtant, selon T’Sjoen, il n’est pas vrai que les hommes rencontrent en masse des problèmes pour se reproduire. « Que vous ayez quarante ou quatre-vingts millions des spermatozoïdes importe peu: c’est vraiment une question de chance et cela n’empêche pas que quatre-vingt-dix pour cent des couples arrivent dans l’année à concevoir naturellement. Si les choses se passent moins bien, l’homme est en cause dans un cas sur deux, la femme l’est pour l’autre moitié. En fait, infertilité n’est pas le bon terme: « Cela implique que plus rien n’est possible. Même les hommes qui ont une fertilité très réduite ont quelques spermatozoïdes exploitables pour rendre une grossesse possible grâce à une FIV. Faites-vous examiner à l’avance par un spermalabo, souligne T’Sjoen: « Cela n’empêche pas la FIV, mais on étudiera les causes de cette baisse de la fécondité. Une varice autour du testicule, une tumeur bénigne de l’hypophyse ou un début de cancer du testicule peuvent alors être repérés et traités. »

9. Est-ce qu’un slip trop serre est vraiment néfaste pour la qualité du sperme?

Il est recommandé que les testicules soient à une température inférieure à notre température corporelle. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que celles-ci pendent en dehors du corps. En raison de ce même réchauffement, il est également déconseillé de transporter votre smartphone dans la poche. « Qui est assis enferme ses testicules dans un pantalon. Or plus il fait chaud, plus les spermatozoïdes meurent.

Nuance importante: cela ne joue que peu pour les hommes ayant une fertilité normale. « Pour eux, un million de spermatozoïdes n’augmenteront pas les chances de grossesse. Mais pour les hommes dont la fécondité est réduite, quelques millions peuvent faire la différence. À ceux-là, nous leur conseillons de porter boxer évasé, d’éteindre le siège chauffant de la voiture, de ne pas prendre un long bain chaud et d’éviter le sauna. Même si le style de vie joue aussi un grand rôle. Par exemple le surpoids, car dans ce cas le corps transforme la testostérone en oestrogènes. Fumer est aussi très mauvais: les non-fumeurs ont environ deux fois plus de sperme que les fumeurs, et si on dépasse les dix cigarettes par jour la qualité du sperme chute de façon spectaculaire.

10. peut-on ralentir la « pénopause » ?

« Il n’y a pas d’équivalent masculin à la ménopause », corrige immédiatement T’Sjoen. « Chez les femmes, c’est une révolution soudaine autour de la cinquantaine: les règles s’arrêtent, elles ne sont plus fertiles et ne fabriquent presque plus d’hormone féminine. Ça ne va pas si vite pour les hommes. Les niveaux de testostérone commencent à chuter d’environ 0,4 à 1,5 pour cent par an autour de la trentaine, mais c’est un processus naturel et lent que la plupart des hommes ne remarquent qu’à peine. Chez les personnes de plus de soixante ans, on constate une baisse significative des niveaux hormonaux que chez 1 ou deux pour cent de la population.

Dans ce cas, un traitement à la testostérone peut corriger les troubles associés tels que la réduction du désir sexuel, la diminution de la force musculaire, la fragilité des os et la dépression. Pour les autres, de tels traitements sont inutiles, voire dangereux, puisqu’il existe des risques associés à de tels traitements chez les hommes atteints de maladies cardiovasculaires ou de problèmes de prostate.

Il est beaucoup plus utile de prêter attention à leur état de santé général: « Les niveaux de testostérone reflètent généralement votre état de santé. Si vous souhaitez rester actif sexuellement pendant votre vieillesse, il est bon d’avoir une alimentation saine et de faire suffisamment d’exercice. De quoi réduire les risques de développer des problèmes de testostérone.

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