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Quand les antibiotiques deviennent un danger pour la santé publique

Stagiaire Le Vif

Le géant de la restauration rapide McDonald’s a annoncé mercredi qu’il ne vendrait plus de poulet élevé aux antibiotiques. Ces derniers, quasi omniprésents dans notre alimentation, causeraient plus de 23.000 décès par an rien qu’aux États-Unis. Explications.

Pour des raisons dites « éthiques », la chaîne McDonald’s a promis le 4 mars dernier que d’ici deux ans, elle supprimerait de ses menus tous les morceaux de poulets concernés par l’élevage aux antibiotiques. Une réaction qui fait suite aux révélations de plusieurs organisations de santé sur l’influence néfaste des antibiotiques contenus dans la viande sur la santé des consommateurs.

23.000 morts chaque année

Une étude réalisée par le Centers for Disease Control and Prevention révèle ainsi que les antibiotiques, utilisés dans les élevages pour faire grossir l’animal plus vite, seraient à l’origine de plus de 23.000 morts chaque année au pays de l’Oncle Sam. Et pour cause: ces molécules données aux poulets seraient les mêmes que celles utilisées pour soigner les humains. Or, plus ces derniers en ingèrent régulièrement, moins le corps y réagira le moment échéant.

Le Conseil National du Poulet (National Chicken Council) prend la chose très au sérieux, et se défend comme il peut. Dans une déclaration, il a assuré que la majorité des antibiotiques donnés aux bêtes n’étaient pas les mêmes que ceux utilisés pour soigner les humains. Toujours est-il qu’un rapport de la Food and Drug Administration a prouvé que ce phénomène avait tendance à augmenter. Entre 2009 et 2012, le nombre d’antibiotiques utilisés par les humains et avalés par les poulets a augmenté de 16 points de pourcentage.

Autre résultat accablant: en 2013, 2 millions d’Américains seraient tombés malades des suites d’une infection résistante aux antibiotiques, selon le Centers for Disease Control and Prevention.

Raisons « éthiques » ou « marketing » ?

Il semble pourtant bien difficile de croire en la sincérité de la démarche du géant du fast-food. En 2003, celui-ci avait déjà promis du poulet sans antibiotique… Sans grand résultat. Plus qu’une soudaine prise de conscience sanitaire, la chaîne se sert donc de cet argument comme un véritable coup marketing. Une technique comme une autre pour rattraper ses ventes, stagnantes depuis octobre 2013 aux États-Unis.

McDonald’s n’est pas la seule chaîne à tenter de redorer son blason avec cette image plus « healthy » (saine). Plus encore, ce serait devenu un véritable business. Les sigles « antibiotic-free » (« sans antibiotiques ») se sont multipliés ces dernières années dans les restaurants américains… Souvent accompagnés d’une petite hausse de prix, justifiée par l’amélioration qualitative des mets proposés.

On peut d’ailleurs s’attendre à voir dans les prochains jours une série de réactions en chaîne. La dernière fois que McDonald’s avait tenu de telles déclarations, selon le New York Times, « cinq autres entreprises de fast-food ont fait des annonces similaires en six mois« .

D’autres ont tout simplement devancé Ronald et ses bouclettes rouges. C’est le cas de grands groupes du secteur agro-alimentaire. Perdue, Tyson Foods et Chick-fil-A ont, depuis septembre, supprimé les antibiotiques d’une partie, voire de la totalité, de leur chaîne de production.

Reste à s’attaquer au problème du boeuf, lui aussi controversé pour la présence de ces molécules. McDonald’s avait promis de ‘purifier’ la composition de ses steaks, mais selon Louise M. Slaughter, une femme politique très concernée par la cause alimentaire, ces efforts laisseraient à désirer. Elle parle même au New York Times d’un « échec à introduire des restrictions significatives« .

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