« Qu’est-ce qui est plus important ? Un enfant qui est lui-même ou qui n’est pas harcelé ? »

Doit-on essayer de protéger ses enfants des moqueries ou doit-on à tout prix les laisser être eux même ? Une question qui taraude de nombreux parents en cette rentrée.

Lors de ces dernières vacances en France, elle s’est pour la première fois rendu compte que le léger duvet blond que sa fille avait sur les jambes s’était mué en poils bruns et foncé. Et surtout : on ne pouvait pas les rater. Alors lorsque sa fille lui annonce que pour la rentrée elle souhaite mettre sa petite jupe bleue, la mère n’a plus su quoi faire. Allait-elle la laisser aller à l’école, comme ça, au risque qu’on se moque d’elle ou allait-elle lui glisser un rasoir dans les mains ? Et surtout avait-elle vraiment envie qu’à treize ans sa fille soit déjà confrontée aux conventions sociales qui veulent qu’une femme se doive d’arborer des jambes imberbes ?

C’est un genre de dilemme auquel les parents sont confrontés dans cette époque où la pression sociale se fait de plus en plus forte. Nous souhaitons tous élever un être qui est lui-même, bien et droit dans ses bottes. Donc on apprend à nos enfants qu’il n’est pas grave d’avoir un peu de duvet sous le nez ou d’avoir quelques poils sous les bras. Qu’à 14 ans on peut encore jouer à la Barbie si on le veut. Que ce n’est pas la mort si on retourne à l’école avec quelques kilos en trop ou des vêtements qu’on a faits soi-même.

Mais dans le même temps on souhaite aussi avec ferveur que notre enfant ne soit pas rejeté, ni harcelé et qu’il puisse grandir comme une personne qui a confiance en soi.

Cette dichotomie fait qu’on passe souvent un message en mi-teinte à nos enfants. « Tu peux porter ce pull à capuche avec des oreilles de lapin, mais ne le poste peut-être pas sur Snapchat. » « Ces poils noirs sont normaux, mais peut-être que tu peux utiliser le rasoir de maman ? » « On ne rangerait pas les playmobils quand tes amis viennent ? » « On ne modifierait pas ta coiffure pour que tes cheveux tombent au-dessus de tes oreilles ? »

Toutes des suggestions qui viennent du fait qu’on souhaite plus que tout protéger ses enfants. Et cela commence déjà bien avant la puberté. Mais ce qui rend la chose plus difficile avec les ados, c’est qu’ils sont eux-mêmes perdus.

Juste au moment où ils découvrent qui ils sont, ils sont en panique à l’idée d’être différent des autres. Et ce par peur d’être stigmatisé, exclu ou harcelé. Et non ce n’est pas quelque chose qui a toujours eu lieu, car aujourd’hui la vie sociale des jeunes ados ne s’arrête pas à la porte de la maison familiale. Ils sont jugés jusque dans leur chambre et nous on va encore en rajouter une couche en disant qu’ils feraient mieux de se débarrasser de ces quelques poils ou de cacher des oreilles décollées,  » car, tu sais bien, les autres peuvent parfois être si obtus ».

Peut-être que nous devons les laisser découvrir les dangers de la jungle sociale par eux-mêmes. Après tout, c’est à eux de décider jusqu’à quel point ils veulent s’adapter pour faire partie du lot. Parfois nous irons trop loin et parfois pas assez. C’est en tombant et en se relevant que la plupart vont trouver un équilibre qui leur convient. Que nous reste-t-il à faire en tant que parent ? Veiller sur eux bien sûr. S’assurer d’être là lorsqu’ils tombent. Soigner leurs bobos et agir lorsque les blessures sont trop profondes.

La mère de la jeune fille ne lui a rien dit. Elle n’avait pas le coeur de l’informer si tôt des normes de beauté et autres exigences sociales. De toute façon, le premier septembre, sa fille a mis un jeans, comme sa meilleure amie.

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