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Promenades thérapeutiques: « Comme on bouge physiquement, les pensées se mettent en mouvement plus facilement « 

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

Pour l’instant, ils sont encore un phénomène à part parmi les psychologues: les thérapeutes de promenade. Cependant, il y en a de plus en plus et ils sont convaincus du bien-fondé de leur approche. « Les patients ne sont plus obligés de me regarder tout le temps dans les yeux et je deviens davantage compagnon que thérapeute. »

Les promenades sont tendance: il y a les réunions-promenades, les concerts-promenades, les méditations-promenades. Et il y a les promenades thérapeutiques, même si les psychologues sont encore peu nombreux à les proposer. Elien Pauwels a sauté le pas : « Lors de mes études de psychologie, j’ai fait un trekking en Suède et j’ai réalisé que je souhaitais combiner ce genre d’expérience dans la nature à un travail thérapeutique. J’ai suivi un stage à l’ASBL NATURE qui propose l’apprentissage expérientiel et l’éducation par l’aventure pour les jeunes. Munie de cette expérience, j’ai commencé ma pratique. La moitié de mes entretiens a lieu à l’intérieur, mais je sors souvent. »

Comme il n’y a pas de directives fixes, les psychologues doivent interpréter eux-mêmes le concept de promenade thérapeutique. « C’est évidemment avant tout à prendre au sens littéral », raconte Pauwels. « Une étude révèle que notre cerveau fonctionne différemment et souvent plus rapidement. Et qu’on est plus enclin à réaliser ce qu’on a décidé en marchant. Mais à côté de cela, je me sers aussi de la nature pour mettre des processus en mouvement. La rivière, par exemple, est une belle métaphore de la vie, les branches et les pierres permettent d’expliquer certaines choses, les embranchements de parler de certains choix, etc. »

La psychologue Lynn Van Hoof cherche également des exercices concrets pendant les promenades thérapeutiques. « Si c’est possible et que le patient en a envie, on peut monter dans un arbre, ou même faire du kayak. Cependant, je remarque que pour beaucoup de patients, il suffit d’être dehors. C’est une plus-value importante d’être en mouvement à la fois mentalement et physiquement : l’un renforce l’autre. Quand on reste à l’intérieur, les pensées tournent parfois en rond. En plus, beaucoup de patients, et surtout les jeunes, se sentent plus en sécurité en promenade thérapeutique. Ils ne sont pas obligés de me regarder tout le temps dans les yeux, et pour eux je suis davantage un compagnon qu’un thérapeute, c’est moins formel. »

Autres promeneurs

Les deux psychologues sont régulièrement contactées par des personnes en quête de promenades thérapeutiques. « Et les réactions sont presque toujours positives », raconte Pauwels. « Je constate que les promenades thérapeutiques fonctionnent très bien pour les personnes atteintes de burnout ou de stress, parce qu’elles sont assorties de détente physique. » Il y a toutefois quelques inconvénients à prendre en compte. « En Belgique, le temps est évidemment incertain », dit Pauwels en riant. « Pour certains la pluie ne pose pas de problème, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. En outre, nous vivons dans un petit pays : les risques de rencontrer quelqu’un qu’on connaît sont réels. Mais la plupart des clients ne sont pas gênés par cette éventualité. »

Van Hoof a aussi déjà vécu ce genre de situations. « Hier encore, je me promenais avec un patient dans le parc. Quand il y a des gens qui passent à un moment où l’on parle de choses très intimes, il faut évidemment faire une pause, ce qui peut être ennuyeux. Mais d’autre part, cela permet d’en parler, même si j’essaie évidemment de trouver des endroits calmes. »

La psychologue y voit également un avantage important pour elle, comme thérapeute. « Je constate que je retiens mieux les conversations à l’extérieur, même si évidemment je ne peux rien noter. Comme je peux lier certains thèmes à certains environnements – un bel arbre, une rivière – je peux mieux les enregistrer. À l’intérieur, c’est moins évident, car évidemment mon espace de thérapie ne change pas. »

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