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Prendre l’avion sans mettre sa santé en danger

Les conditions physiques particulières qui règnent à bord d’un avion peuvent être à l’origine d’une série de désagréments et même de vrais problèmes de santé. Il est possible de les prévenir par une bonne information préalable.

Si les problèmes médicaux sérieux sont heureusement rares sur les vols de ligne, il s’y produit régulièrement des incidents plus bénins, dont la plupart sont liés aux conditions bien particulières qui règnent en cabine.  » Ces spécificités restent trop peu connues des passagers, qui omettent donc souvent de prendre les mesures de prévention nécessaires « , explique An Van Rompay, médecin aéronautique à la Défense.

Manque d’oxygène

La pression qui règne en cabine, adaptée de manière artificielle, ne correspond par exemple pas du tout à celle qui règne sur le plancher des vaches : à l’altitude où se déplacent les vols de ligne (10.000 à 14.000 mètres), les passagers sont soumis à une pression correspondant à celle d’une altitude de 2400 m.  » L’air en cabine est donc raréfié, ce qui signifie aussi qu’il est plus difficile d’en extraire l’oxygène. Nous avons tendance à compenser inconsciemment ce manque en respirant plus rapidement au cours du vol. En principe, vous ne risquez donc pas de manquer d’air… sauf si vous êtes déjà plus sensible à ce type de problème dans des conditions normales.  »

Une administration d’oxygène à bord est tout à fait possible pour autant que la compagnie aérienne ait pu prendre ses dispositions : chez Brussels Airlines, par exemple, il est nécessaire d’avertir le service de coordination de l’assistance médicale au plus tard 72 heures avant le départ. Si vous souhaitez emmener à bord votre propre concentrateur d’oxygène portable, vous devrez également introduire à l’avance les formulaires requis, complétés par votre médecin traitant.

 » Si vous souffrez d’une maladie respiratoire, cardiaque ou hématologique, pensez donc à consulter votre généraliste avant de réserver un vol, conseille le Dr Van Rompay. Pour évaluer votre aptitude à prendre l’avion, il pourra s’appuyer sur le manuel médical de l’Association Internationale du Transport Aérien, qui reprend notamment une série de délais à respecter ou de valeurs-seuils pour certaines pathologies – le nombre de jours qui devrait idéalement séparer un infarctus cardiaque ou cérébral d’un vol, par exemple, ou le taux d’hémoglobine minimal requis chez un patient anémique. En cas de doute sur votre cas spécifique, votre médecin pourra aussi toujours consulter le service médical de la compagnie.  »

Une pression en montagnes russes

Les variations de pression en cabine aussi peuvent avoir un impact non négligeable sur l’organisme. Au décollage, sa diminution va ainsi provoquer une expansion des gaz – ceux qui se trouvent dans l’intestin, par exemple, vont avoir tendance à prendre plus de place et à s’évacuer sous la forme de flatulences, ce qui peut être passablement gênant pour les patients porteurs d’une stomie ou confrontés à un problème intestinal. C’est également ce phénomène qui explique les plaintes au niveau des oreilles et des sinus : au décollage, l’air contenu dans la cavité de l’oreille moyenne (séparée de l’environnement extérieur par le tympan) gagne en volume et accroît ainsi temporairement la pression à l’intérieur de l’oreille, avant d’être en partie évacué vers la gorge par le biais la trompe d’Eustache. À l’atterrissage, c’est l’inverse : la contraction des gaz présents dans l’oreille moyenne donne lieu à une pression plus faible que celle de l’environnement et crée une sorte d’appel d’air.  » C’est surtout ce dernier qui pose parfois problème, en particulier lorsque les muqueuses sont un peu gonflées suite par exemple à un rhume ou une infection. La pression trop faible qui règne dans l’oreille moyenne aspire alors le tympan vers l’intérieur, avec à la clé des douleurs, des difficultés à entendre et même des vertiges lorsqu’une oreille se débouche mais pas l’autre. Efforcez-vous de les dégager en avalant votre salive, en bâillant ou faisant mine d’expirer bouche fermée et nez pincé.  »

Un mauvais drainage des sinus via les cavités nasales peut également provoquer certains désagréments comme des douleurs au visage ou des céphalées, par exemple, ou encore un larmoiement. Les personnes qui se savent sensibles à ce type de problèmes peuvent les prévenir ou les limiter en utilisant un spray décongestionnant juste avant que l’avion n’entame sa descente.

La maladie des plongeurs

Cette expansion/compression concerne toutefois aussi les gaz présents dans les cavités internes du corps à la suite d’une opération ou d’un accident.  » C’est pour cette raison que les personnes qui ont subi une opération de l’abdomen ou du thorax doivent respecter un certain délai avant de prendre l’avion, explique la spécialiste. Ce moyen de transport est aussi formellement contre-indiqué aux patients victimes d’un pneumothorax (affaissement d’un poumon), où le tissu pulmonaire est comprimé par l’air présent dans la cavité environnante.  »

u0022Si vous souffrez d’une maladie ou avez subi récemment une opération, demandez à votre médecin traitant d’évaluer votre aptitude à prendre l’avion avant de réserver votre billet.u0022

Un délai de 12 à 24 heures (dépendant de la profondeur) devra également être respecté après avoir fait de la plongée.  » Un plongeur est en effet soumis sous l’eau à une pression accrue, qui accroît l’absorption de l’azote gazeux par l’organisme. Lorsqu’il remonte à la surface, cet excédent est ensuite évacué par les poumons en l’espace de quelques heures… S’il monte immédiatement à bord d’un avion, les bulles d’azote risquent de grossir au point de ne plus pouvoir être éliminées par cette voie. Elles se retrouvent alors en circulation dans le sang et les tissus, ce qui peut provoquer toutes sortes de plaintes, dont notamment des douleurs au niveau des membres et des articulations voire un collapsus. Ce dernier se manifeste par un sentiment de malaise, une impression de passer du chaud au froid et une diminution de la conscience. Ces signes de décompression typiques disparaissent heureusement le plus souvent d’eux-mêmes dès que l’avion perd de l’altitude.  »

Caillots

Le temps passé en position assise comporte également certains risques, favorisant notamment la formation de caillots dans les veines profondes des membres inférieurs. Désigné par le terme de thrombose veineuse profonde, ce phénomène provoque des symptômes (douleur dans le mollet, jambe chaude, rouge et gonflée, etc.)… qui n’apparaissent parfois qu’après un certain délai.  » Si vous ressentez des douleurs violentes dans les mollets au cours des 8 semaines qui suivent un vol en avion, il faudra absolument consulter un médecin pour exclure une thrombose. Si un caillot se détache et aboutit dans la circulation sanguine, il risque en effet d’aller boucher un vaisseau. Si ce blocage se produit dans les poumons, on parlera d’embolie pulmonaire, un événement qui peut être mortel en l’absence de traitement.  »

Pour prévenir la formation de caillots, toute personne amenée à voyager en avion aurait intérêt à appliquer ces quelques mesures simples :  » À bord, portez des vêtements amples et des chaussures confortables qui ne serrent pas. Toutes les demi-heures, dérouillez vos pieds en les bougeant alternativement vers le haut (en les repliant vers le tibia) et vers le bas tout en gardant la jambe tendue. Toutes les heures, faites quelques pas dans les couloirs. Veillez également à boire régulièrement des quantités abondantes de boissons non alcoolisées. Le port de bas de contention ou la prise d’un traitement préventif peuvent aussi être indiqués « , explique An Van Rompay.

Les passagers peuvent aussi souffrir de déshydratation, favorisée par l’air très sec qui règne en cabine et le rythme respiratoire accru. Elle peut se manifester par exemple sous forme de sécheresse oculaire, d’irritations cutanées… Il est donc recommandé de boire de l’eau en suffisance.

An Swerts

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