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Pourquoi il est bon d’être grognon

Le Vif

Avoir mauvais caractère et être pessimiste vous aiderait à gagner plus et à vivre plus longtemps. De quoi redonner le sourire aux plus ronchons dit la BBC.

La pression pour avoir la « positive attitude » n’a jamais été aussi grande. On nous bassine à longueur de journée qu’il faut atteindre le bonheur, le Graal ultime de notre société. La pleine conscience et l’entraînement à l’optimisme sont partout. Même l’armée américaine s’y est mise. Et pourtant la vérité serait tout autre selon la BBC.

L’optimisme et la bonne humeur sont surfaits

Il semble que les grognons soient de meilleurs négociateurs, savent prendre des décisions avec plus de discernement et courent moins de risques de trépasser d’une crise cardiaque. Les cyniques ont pour leur part plus de chances d’avoir un mariage stable, un plus gros salaire et une vie plus longue. Plutôt ironique lorsqu’on sait que c’est parce qu’ils s’attendent justement au contraire.

A contrario, les gens plus positifs sont souvent moins attentifs au danger, se perdent dans les détails et sont à la fois crédules et égoïstes. Ils sont aussi plus susceptibles de baser leur jugement sur des stéréotypes. Ils ont davantage tendance à se vautrer dans le « bingedrinking », manger trop et à avoir une vie sexuelle non protégée.

Un excès d’optimisme pourrait même se révéler démotivant. Car imaginer une vie rêvée empêcherait de tout mettre en oeuvre pour y arriver. Ce n’est en effet pas l’optimisme qui fait qu’on arrête de fumer ou qu’on mange moins. D’où l’intérêt d’un certain pessimisme défensif. Celui qui s’attend au pire peut s’y préparer. La Psychologue Julie Norem du Wellesley College interviewée par la BBC va même plus loin: « seuls les paranoïaques survivent ».

Un constat à contre-courant qui n’est pourtant pas si surprenant lorsqu’on sait que la colère, la tristesse ou encore le pessimisme sont des capacités qui nous ont aidés à survivre et à évoluer.

Le génie des colériques

Autre exemple : les génies visionnaires sont souvent très colériques. Les personnes qui s’emportent facilement ont des idées moins structurées qui leur permettent de trouver des solutions innovantes, voire tordues, qui peuvent en cas de situation critique sauver leur vie. La colère prépare le corps et l’esprit à mobiliser ses ressources. Un boost très utile pour se sortir de situation difficile. Lorsqu’on est en colère, une espèce d’énergie furieuse traverse nos veines durant plusieurs minutes. Notre respiration s’accélère ainsi que notre rythme cardiaque. On prend la teinte délicate d’une tomate. Notre cerveau reçoit un shoot d’adrénaline qui motive et donne du culot. Tout ceci est très utile pour combattre un ennemi, un animal sauvage, ou plus probable, hurler sur un collaborateur. Si ce dernier risque d’avoir du mal à s’en remettre, cette action sera néanmoins salvatrice puisqu’elle devrait rendre votre pression artérielle à la normale. Ne pas exploser de rage aurait au contraire un effet néfaste puisqu’une étude a démontré que ne pas exprimer sa colère menait une haute tension chronique.

La mauvaise humeur est aussi une arme utile dans la négociation. Ne rien lâcher et être agressif fait que l’on défend mieux ses intérêts tout en augmentant notre stature aux yeux des autres. Râler permettrait aussi d’améliorer son langage et sa mémoire. Mais également d’être plus persuasifs et plus sensibles aux indices sociaux. Plus surprenant, cela encouragerait aussi les gens à se traiter de façon plus juste.

La prochaine fois qu’on vous dira d’arrêter de râler, vous répondrez que si vous grognez c’est pour votre bien.

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